Editorial No 17

 

 COMMUNIQUE (17/12/2015):

 

Que vous soyez ĂŞtes lecteurs occasionnels ou assidus de Greg’s Whisky Guide, soyez en remerciĂ©s. Vous avez sans doute remarquĂ© que depuis quelque temps, plus aucune note de dĂ©gustation dĂ©taillĂ©e n’était postĂ©e, ou tout au plus quelques notes succintes dans le dernier Ă©ditorial en date. Je veux vous dire aujourd’hui combien j’ai de la peine Ă  vous en donner la raison principale, au-delĂ  des problèmes techniques persistants et qui vont nĂ©cessiter une refonte complète du site sous peu. En effet, depuis l’étĂ© dernier, je suis atteint d’une forme Ă©volutive et partielle d’anosmie que l’on nomme dysosmie (c’est plus compliquĂ© que cela, alors je rĂ©sume), en bref, une perception altĂ©rĂ©e des odeurs et aussi du goĂ»t.

De cause encore indĂ©terminĂ©e, mĂŞme si attribuĂ©e par un des mĂ©decins vus cette Ă©tĂ© « probablement Ă  un virus Â», je pensais que le problème allait se rĂ©soudre avec le temps depuis l’étĂ© dernier ou elle est apparue, mais il n’en est rien. Il y a eu un lĂ©ger mieux en septembre/octobre dernier, c’est pourquoi j’ai pu « couvrir Â» (mĂŞme si le reportage n’est pas encore en ligne, dĂ©solĂ© !) deux salons dont le « Whisky Live Paris 2015 Â» (reportage que je mettrais en ligne dès que possible, mĂŞme incomplet), mais depuis il y a eu certaine rĂ©gression, et mĂŞme une amplification du phĂ©nomène sous forme d’une parosmie spĂ©cialement associĂ©e aux whiskies (modification par le patient d’une odeur habituellement agrĂ©able en une odeur dĂ©sagrĂ©able : odeur d’eaux usĂ©es, voire mĂŞme d’excrĂ©ments). C'est quasiment systĂ©matique, mais curieusement certains whiskies hauts de gamme et de caractère y Ă©chappent, alors que d’autres non. Je vais devoir faire une olfactomĂ©trie et suivant le diagnostic, voir avec un spĂ©cialiste quelle solution y a-t-il, et si la perte de capacitĂ©s et temporaire ou dĂ©finitive.

Cela remet donc en cause bien Ă©videmment mon aptitude Ă  juger d’un whisky et Ă  Ă©crire sur celui-ci, hĂ©las, mais aussi, par exemple Ă  juger de la dangerositĂ© ou non d’une odeur au quotidien. Cette pathologie affecte aussi mon moral, clairement, mais parmi les conseils mĂ©dicaux donnĂ©s, il y a le non abandon de la dĂ©gustation, notamment pour entretenir ma bibliothèque d’arĂ´mes et de saveurs, qui autrement risquerait de se perdre, et aussi, je vous rassure, parce qu’heureusement il subsiste quelque chose de mes capacitĂ©s, au goĂ»t notamment. J’espère vraiment que ces capacitĂ©s vont revenir Ă  leur plein niveau bientĂ´t, sans quoi il est possible que ce site n’ait plus de justification Ă  mes yeux, du moins sous cette forme. Je vous tiendrais au courant de l’évolution de ce problème.

J’ai conscience qu’au regard de l’actualitĂ© assez dure de ces dernières semaines, ce souci personnel apparaisse comme fort dĂ©risoire, c'est certain, mais c’est aussi ma rĂ©alité… Je pensais jusqu'ici que l’étape du goĂ»t Ă©tait l’essentiel de la dĂ©gustation, mĂŞme si je prĂ´nais la vertu d’un « nosing Â» bien fait dans les règles, et que je pouvais passer de longs moments avec le nez de certains whiskies, mais je rĂ©alise aujourd’hui combien est frustrante la suppression quasi-systĂ©matique de cette Ă©tape pour moi actuellement. J’en ai fait part de manière privĂ©e Ă  quelques interlocuteurs professionnels (qui sont pour certains devenus des amis) et je les remercie ici Ă  cette occasion de leurs encouragements…Vos samples ne sont pas perdus, je les dĂ©gusterais et chroniquerais dès que j'irais mieux, merci de votre comprĂ©hension.

L’EDITORIAL N°18 sortira malgré tout d’ici la fin du mois. Il sera forcément un peu différent…J’espère malgré tout qu’il vous plaira. Merci de votre fidélité et à bientôt…

 

 

 PRESS RELEASE (ENGLISH summary/translation) - 17/12/15:

 

As a current or occasional Greg’s Whisky Guide website reader, you may have noticed I didn’t post tasting notes or long reports for a long time, with a few exceptions, and there are two reasons for that, the least being (at the moment) that the current style/version of the website’s template is out of date and will need a complete refurbishment soon. Yes, alas the main reason is the fact I was diagnosed a form of anosmia last summer (a disease that causes more or less alterations of my perceptions of aromas & flavors, not only in whisky, but a lot about it), that I thought was declining during the autumn (that’s why I could attend Whisky Live Paris 2015 show & some other tastings events, and write about it*), but I was wrong. It isn’t gone yet, it's even massive about whiskies especially (and of course wine) and is subject to variations (sometimes it seems I’m recovering my ability to nose & taste, especially with some high end and stereotypical whiskies, but the day after all seems lost) and very disturbing over time and affects my moral. I will soon have to pass different tests in a specialized hospital and see how to cure this disease, but I have no idea of how & when (and even if there are not some definitive losses) I can overcome this at the moment.

That is why I don’t feel comfortable with writing about whisky and especially tasting notes. *The ones I did for Whisky Live Paris 2015 are still valid in a way, and I will publish some of those a.s.a.p., but after that I don’t know what will happen for me and the website existence. I promise to keep you posted.

I know recent events in France and abroad where much more severe than this personal problem I’m sharing with you here, but this is my reality at the moment. I also want to thank here all the people that reacted positively to my private messages for their support, especially people from the whisky industry or ”artisanry” I’ve been in contact with…For those you provided me samples, thanks again, and don't worry, they will be tasted & reviewed asap, as they deserve the best conditions, so thanks in advance for your comprehension.

Despite all that has been said, I will release before the end of December my N°18 EDITORIAL. It should be different this time, obviously, but I hope you will like it. Thanks for your fidelity & see you soon…

 

 

***

 

 

 

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EDITORIAL No 17 : « ET SI ON DEGUSTAIT FRANÇAIS ? » :

 

(How about tasting French whiskies?)

 

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 "Fluctuat nec mergitur"

 

 

Première Edition/1st Edition: 25/10/2015

Mise Ă  jour/Update: 06/11/2015

 

INTRODUCTION :

(Foreword) 

 

Pour cet Ă©ditorial (au passage, c’est le deuxième anniversaire de ce site internet, Ă  quelques semaines près…eh oui, dĂ©jĂ  !-cela pourrait ĂŞtre un Bourbon, mais pas encore un whisky…), j’ai voulu faire les choses un peu diffĂ©remment :

Pas de nouveautĂ©s ou de nouvelles du monde du whisky (sauf exceptions), non, une fois n'est pas coutume, celles-ci vont ĂŞtre intĂ©grĂ©es dans mon compte-rendu Ă  venir de mes visites au salon Whisky Live Paris 2015 & Salon Club-Expert Dugas 2015*, mais je vous propose plutĂ´t une interview de Robin Entreinger, rĂ©alisateur d’un film documentaire intitulĂ© « Le Tour de France des whiskies Â», ce qui me permet, au passage, de faire le point sur le sujet avec lui, puis d’apporter une brève conclusion sur un sujet sur lequel, bien Ă©videmment, je serais amenĂ© Ă  revenir.

 

* En attendant, vous trouverez  ci-dessous le lien vers plusieurs reportages sur des dĂ©gustations rĂ©centes...

 

 

 A prĂ©sent disponible sur le site  (available on the website right now) :

 

 -Reportage sur la Masterclass BENROMACH chez Nicolas Julhès

 -Reportage sur la Masterclass KAVALAN chez Nicolas Julhès

-Reportage sur la dégustation ANCNOC, BALBLAIR, OLD PULTENEY chez Vin & Whisky

 

Voir ici pour les 3 reportages (for tasting notes click here) :

Reportage/Notes

 

 

ENGLISH SUMMARY :

For this new Editorial, I have decided to do things differently (well, but before saying anything else, let’s recall it’s now the second anniversary of this website…yes, already ! It means this could be a Bourbon, but not a Scotch Whisky yet…). No news (with a few exceptions) or new bottlings announced here this time, because they will be included in my reports about Whisky Live Paris 2015 & Salon Club-Expert Dugas 2015* (the two biggest annual spirits show in Paris so far) coming soon, but you will rather find an interview of Robin Entreinger, director of a documentary about French whiskies called « Le Tour de France des whiskies Â» (or that one could call « A Journey into French Terroirs of Whisky Â»). This interview will lend me to have my say about the French scene & dialog with him, and, of course to bring a short conclusion about a topic about I will for sure be writing again in the future.

 

* Before these upcoming reports, here are some others about various masterclasses and tastings : 

click here

 

As always, you can get an approximative translation of my full EDITORIAL by using « Google Translate Â», or for another one, please click here below… : Translator

 

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Dernière minute : Déclaration publique (relayée sur Twitter):

 

Greg's Whisky Guide, le site internet sans langue de bois, soutient la sociĂ©tĂ© Compass Box Whisky Company (& toute autre sociĂ©tĂ©, distillerie ou nĂ©gociant qui ferait le mĂŞme choix) dans leur politique de transparence envers le consommateur. En tant que consommateur de whisky, Ă©crivain du whisky, "bloggueur" de whisky, je ne peux accepter la rĂ©cente dĂ©cision de la S.W.A. (Scotch Whisky Association) d'interdire la mention de l'âge le plus important entrant dans la composition des deux dernières crĂ©ations de la sociĂ©tĂ© ("This is not a luxury whisky" & "Flaming Heart 5th Release"), voire d'autres informations importantes (prĂ©sentes sur des flyers et sur le site web) sous prĂ©texte des règles de la S.W.A. Devant cette menace de poursuites, Compass Box a du retirer ces mentions. Je pense qu'Ă  la condition ou les distilleries qui ont vendu Ă  Compass Box les fĂ»ts pour crĂ©er ces whiskies l'ont autorisĂ© Ă  mentionner leur âge, l'on ne devrait pas cacher au consommateur ces informations susceptibles de les aider Ă  savoir ce qu'ils achètent ou pourraient vouloir acheter. 

A une époque ou les prix des whiskies ne cessent de monter, il est plus qu'utile de savoir pour quoi on paie, et c'est tout à l'honneur de Compass Box de donner au public l'accès à ces informations. Depuis le premier jour ou j'ai fait connaissance avec le travail de John Glaser, j'ai été impressionné par les choix culottés que celui-ci a fait et par sa capacité à expliquer au public avec pédagogie chacune de ses créations, créations, qui, excusez du peu, sont aujourd'hui pour beaucoup parmi les whiskies les plus acclamés et recherchés au monde. Ce choix de transparence n'est pas celui de toutes les sociétés productrices de whisky, loin s'en faut, et je ne vois pas quel but la S.W.A. poursuit, hormis, en quelque sorte, tromper le consommateur sur le contenu des whiskies en faisant un mensonge par omission. Enfin, je dirais que ce serait tout à son honneur que celle-ci accepte, en définitive, d'assouplir ses règles, afin de laisser entrer dans celles-ci davantage de modernité, de soutien à un travail exigeant et à la transparence, ce par égard pour ce qu'est le Whisky....

 GrĂ©goire Sarafian, le 29 octobre 2015

 

 

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"This is not a Luxury Information to learn about its true content... I said !"

 

 

Public statement (ENGLISH Original Text), also published on Twitter :

 

"GregsWhiskyGuide (French no doublespeak use whisky website) supports Compass Box whisky company (& all the other companies that could wish to do the same) in their transparency policy towards the consumer. As a consumer, a whisky writer & whisky blogger, I can’t accept SWA's decision to forbid, on the web & flyer information (about John Glaser's latest new limited editions bottlings "This is not a luxury whisky" & Flaming Heart") the age statement, the type of casks, the distillery names-if they agreed to let it know of course & other information (mentioned in flyers & on the website) that could help the consumer to know what they are buying or to know what they possibly could buy.

As whisky prices continue to increase, it's more than useful to know what you've paid for, and that's what John Glaser does. One has to give them credit for that. From day one, I've been impressed by the choices that John Glaser did & his ability to always explain to people what he was doing while creating some of the most now sought after world wide -and, excuse me, most awarded- crafted whiskies. Not all whisky companies do that and I don't see what purpose this SWA's decision follows except to cheat the consumer in a way. It will be SWA's honor to eventually open up its rules and let modernity, (support for) hard work for quality & transparency blossom, for Whisky's sake...."


 Pour en savoir plus, voir le lien suivant:

(to learn more, please follow the link below):

 

Article de The Spirits Business (30/10/15)

 

 

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EN BREF (Addendum du 06/11/2015):

 

Le 04 Novembre dernier se tenait, dans les salons du restaurant Les Noces de Jeannette à Paris, le salon privé "SPIRIT" 2015, organisé par l'association "Les Bibliothèques Gourmandes", en partenariat avec la librairie La Boîte à Lettres (d'Asnières-sur-Seine), un salon très convivial qui propose des dégustations de vins, fromages, pains & divers spiritueux, mais attribue aussi chaque année plusieurs prix à des écrivains s'étant illustrés dans la gastronomie. J'aurais l'occasion de revenir sur ce salon ou j'ai pu découvrir les excellents Cognacs des maisons Pierre LECAT, du Domaine ROY, ainsi que les Bas-Armagnacs de qualité (dont certains sont à titrage fort intéressant, presque des bruts de fût !) de chez TARIQUET, mais aussi les Calvados très fins de la maison MORIN (ah, ce 25 ans!), mais je tenais d'ores et déjà à vous signaler l'ouvrage qui a obtenu le Grand Prix, à savoir le "Guide Hachette des Whiskies" de Martine Nouet, récemment publié en France et en français. Un guide touffu et pointu de 384 pages qui balaie nombre de questions importantes, et propose pas moins de 500 notes de dégustation (dont 80 coups de coeur), notes par ailleurs toutes assorties d'une référence d'association culinaire (il y a aussi un chapitre sur le sujet, sur lequel Martine Nouet est experte), ainsi que nombre de conseils utiles, le tout de manière accessible. Rappelons que Martine est la seule personne (et la seule femme) de France a avoir obtenu le prestigieux titre de "Master of the Quaich" de la part des professionnels du whisky écossais, la plus haute distinction...Un guide dont je vais approfondir la lecture, mais que je peux déjà conseiller aux néophytes, et même aussi à ceux qui ont davantage d'expérience.

 

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Votre serviteur avec Martine Nouet au salon "Spirit" 2015, le 04 novembre dernier. Photo: © Grégoire Sarafian

 

 

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INTERVIEW de Robin ENTREINGER (rĂ©alisateur du film documentaire « Le Tour de France des Whiskies Â») :

 

(Interview of Robin ENTREINGER, director of « Le Tour de France des Whiskies Â» documentary)

 

 

 

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L"affiche du film, avec l'aimable autorisation de Robin Entreinger.

 

 

Le public amateur du whisky connaĂ®t probablement Robin Entreinger par son premier film sur le sujet que fut « Le Monde du Whisky : 1/ Islay Â» (un court mĂ©trage de 22’05), rĂ©alisĂ© en 2013 et auquel ont succĂ©dĂ© plus rĂ©cemment deux autres volets, le deuxième sur les micro-distilleries de whiskey d’Oregon et le troisième sur des distilleries du Luxembourg. Robin Entreinger, qui est Ă©galement un rĂ©alisateur de films de fiction et gĂ©rant d’une petite sociĂ©tĂ© de production nommĂ©e « Seven Light Â», nous revient cette annĂ©e avec « Le Tour de France des Whiskies Â», son premier long mĂ©trage documentaire consacrĂ© au whisky. Ayant Ă  cĹ“ur d’aider Ă  faire dĂ©couvrir Ă  autrui le patrimoine whisky du pays, et par ailleurs ayant moi-mĂŞme modestement soutenu cette initiative (le film fut en effet totalement financĂ© par KissKissBankBank, une plateforme de financement participatif), il m’a paru opportun d’interviewer l’auteur de ce film, ce Ă©galement pour approfondir certaines questions et rĂ©pondre Ă  d’autres que je me suis posĂ© au visionnage du film, un film qui est d’ailleurs diffusĂ© gratuitement sur youtube.com depuis le 17 Octobre : Lien ici vers le fim (click here to watch the movie)

 

 

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Portrait de Robin Entreinger, avec son aimable autorisation.

 

 

1/ Bonjour Robin et tout d’abord mes fĂ©licitations pour l’aboutissement de ce projet qui n’apparaissait pas Ă©vident au dĂ©part et plutĂ´t titanesque. Au final, c’est un joli survol en 1h40 de la production française de whisky, survol qui si j’ai bien compris sera suivi d’épisodes plus dĂ©taillĂ©s ou l’on reviendra sur chaque distillerie ?

Bonjour GrĂ©goire. Oui, en effet, dans quelques semaines je commencerai Ă  publier des Ă©pisodes d'environ 15 minutes sur chacune des distilleries que nous avons visitĂ©es durant notre pĂ©riple. Pour mon long-mĂ©trage, je n'ai pu consacrer qu'environ 4 minutes de vidĂ©o pour chaque distillerie. Le film montre ainsi toute la richesse du monde du whisky en France. Mais il y a tant Ă  montrer... C'est pourquoi je proposerai ces Ă©pisodes, pour ceux qui dĂ©sirent en savoir plus sur une distillerie en particulier, ou sur toutes pour les plus avides de dĂ©couverte !

 

2/ Tu es l’auteur de plusieurs documentaires sur le whisky, et notamment de celui sur Islay (qui en est Ă  plus de 8300 vues sur youtube.com-ce qui pour un sujet aussi pointu dans un pays davantage de tradition vinicole est dĂ©jĂ  pas mal), film qui t’a fait connaĂ®tre du public amateur de whisky, alors comment est nĂ©e cette idĂ©e de revenir vers la France et vers notre production de whisky ?

En effet, le petit film sur Islay, que nous avons tourné en 2013 de façon totalement indépendante lors de notre voyage au Feis Ile 2013, cumule en fait près de 18000 vues, si l'on tient compte de la version en langue anglaise. C'était totalement inattendu. Après avoir tourné l'épisode en Oregon en 2014, cette fois tout seul – sans Valentin-, Valentin et moi avons décidé de nous lancer dans une série de reportages sur le whisky à travers le monde, en ciblant à chaque fois un secteur géographique précis. Nous nous sommes dit que la France méritait un épisode... Que l'on imaginait d'environ 40 minutes, au tout départ du projet... Nous ne savions pas, à l'époque, qu'il y avait tant de distilleries de whisky en France.

 

3/ Philippe JugĂ©, journaliste et notamment Ă©crivain du whisky, longtemps un acteur important de la revue Whisky Magazine & Fine Spirits France (mais toujours collaborateur) et rĂ©cemment organisateur d’un salon, « France Quintessence Â», entièrement consacrĂ© aux spiritueux français, a collaborĂ© Ă  ce film, et, Ă  l’occasion d’une interview ponctuant certains moments clĂ©s du film, replace le whisky français dans son contexte autant historique qu’économique. Comment s’est passĂ©e cette collaboration ?

Philippe m'a contactĂ© après que l'on ait mis le projet en ligne sur la plateforme de financement participatif kisskissbankbank. Nous nous sommes trouvĂ© sur Internet, puis il m'a appelĂ© au tĂ©lĂ©phone et notre première conversation Ă  durĂ©e 2 heures ! Il m'a dit que mon projet Ă©tait très intĂ©ressant, mais qu'il manquait des distilleries dans mon projet de voyage. Il m'a Ă©clairĂ© très prĂ©cisĂ©ment sur l'Ă©tat du whisky en France, et Ă  collaborĂ© Ă  mettre en place notre itinĂ©raire. Il a Ă©galement contactĂ© les distilleries pour les informer de notre projet de film, les incitant ainsi Ă  nous recevoir et Ă  participer au film. Il a Ă©galement fait en sorte que notre financement arrive au bout... En gros, sans l'aide de Philippe JugĂ©, nous n'aurions pas pu faire ce film, en tout cas pas dans ces conditions.

 

4/ Le film a Ă©tĂ© annoncĂ© au dĂ©part comme produit par l’initiative du financement participatif autour de la plateforme « KissKissBankBank Â», mais Ă  l’arrivĂ©e, Ă  la lecture du gĂ©nĂ©rique, l’on comprend que trois distilleries françaises figurant dans le film (WARENGHEM, GRALLET-DUPIC ET Domaine MAVELA) ont elles-mĂŞmes co-produit le film. Comment cela s’est il fait (Ă  quelle Ă©tape de la production) et cela n’a-t-il pas posĂ© des questions de conflit d’intĂ©rĂŞt ?

Lorsque vous participez Ă  un financement participatif, vous avez droit Ă  des rĂ©tributions. DVD, affiche, livre... Et Ă  partir d'un certain montant dĂ©fini, votre nom apparaĂ®t au gĂ©nĂ©rique de dĂ©but... VoilĂ  ce qu'il s'est passĂ© pour ces trois distilleries. C'est tout simplement une histoire de montant, et de rĂ©tribution liĂ©e au financement participatif. Il n'y a pas eu de conflit d’intĂ©rĂŞt, chaque distillerie a reçu les mĂŞmes faveurs, vous pouvez compter les minutes dans le film ! Il n'Ă©tait pas pensable pour moi de marquer un certain favoritisme, et je prĂ©cise aussi que ces distilleries ne m'ont jamais rien demandĂ© d'autres que de faire un bon film. Contrat que j'espère avoir rempli.

 

 

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La distillerie Warenghem (plus connue du public sous le nom de son single-malt Armorik), la plus ancienne distillerie de whisky de France.

 

 

5/ De mĂŞme, plusieurs distilleries françaises dont certaines de renom international comme GLANN AR MOR ne figurent pas dans ce film par ailleurs plutĂ´t exhaustif (l’on y voit des responsables de pas moins de 25 distilleries prĂ©senter leur travail Ă  leur interlocuteur -Robin Ă©tant hors champ la plupart du temps car derrière la camĂ©ra, c’est Valentin Bonhomme qui est devant la camĂ©ra et joue tantĂ´t les candides, tantĂ´t les Ă©rudits, toujours curieux et ouvert…). Peux-tu expliquer pourquoi finalement il manque au moins 3 distilleries au tableau (GLANN AR MOR, GUILLON, KAERILIS, etc…), et combien il y en a-t-il au total en France qui produisent du whisky, d’après tes observations ? (36 environ, je crois ?)

Certaines distilleries manquent Ă  l'appel. La raison en est qu'elles n'ont pas souhaitĂ© ĂŞtre dans le film, tout simplement... Personnellement, j'aurais bien sĂ»r aimĂ© avoir tout le monde, mais je dois respecter le vĹ“u de ceux qui n'ont pas souhaitĂ© faire partie de cette aventure. Il y a eu aussi un rendez-vous manquĂ©. Dommage. D'après mes observations, 35 distilleries fabriquent du whisky en France, dont 25 en ont en vente ! Les autres en prĂ©parent... Il va y avoir beaucoup de chose Ă  dĂ©couvrir dans les annĂ©es Ă  venir !

 

6/ Donc si je comprends bien le rĂ©cent conflit opposant plusieurs distilleries bretonnes (et au-delĂ  en rĂ©alitĂ©) entre elles et certaines Ă  l’organisme dĂ©finissant les appellations protĂ©gĂ©es ou contrĂ´lĂ©es (voir sujet Ă©voquĂ© sur le site ici: http://www.gregswhiskyguide.com/actualites/le-monde-du-whisky.html) n’aurait pas eu d’incidence sur le film ?

Absolument.

 

7/ Au-delĂ  de ça, comment les distilleries qui ont acceptĂ© de faire partie du film ont-elles reçu ton projet ? Qu’as-tu senti qu’elles en attendaient ? Car si les articles et les billets sur la presse en ligne peuvent parfois couvrir le sujet, il faut bien avouer que c’est rare que l’on consacre autant de temps Ă  ce sujet en France, non ?

Nous avons été très bien reçus par toutes les distilleries présentes dans le film. Tout le monde était très content de participer à ce film collectif sur le whisky français, au sens large. Chacun était fier de présenter sa distillerie, son ou ses alambics, son chai, etc. Nous avons passé des moments incroyables, privilégiés. Valentin et moi n'oublierons jamais ce tournage.

 

8/ En regardant le film, j’ai Ă©tĂ© un peu perdu au dĂ©but par le parti pris audacieux mais risquĂ© de sĂ©quencer les visites de distillerie par thème (d’abord la culture des cĂ©rĂ©ales, puis le brassage, la fermentation, la distillation, etc…) plutĂ´t que de prĂ©senter les distilleries les unes après les autres, j’entends par lĂ  du dĂ©but Ă  la fin du processus. Je dis cela surtout car le film fait souvent se succĂ©der plusieurs distilleries sur une courte pĂ©riode, parfois près d’une minute par distillerie. Puis j’ai compris que tu avais envie de laisser le spectateur voir la diversitĂ© d’approches du whisky par la « juxtaposition Â» des procĂ©dĂ©s des diffĂ©rentes distilleries. Est-ce que je me trompe ? Comment cette idĂ©e  t’es venue?

Je voulais, au dĂ©part, prĂ©senter les distilleries dans le sens du voyage, donc dans l'ordre chronologique de visite. Puis, en parlant du montage avec Valentin dans la voiture (nous avons passĂ© beaucoup de temps dans la voiture, comme tu peux l'imaginer, avec 6000 km parcourus !), nous nous sommes dit que monter le film dans l'ordre chronologique n'Ă©tait pas très intĂ©ressant, pas du tout dynamique, et surtout très redondant. L'idĂ©e de monter dans l'ordre de fabrication du whisky est donc nĂ©e pendant le voyage, après quelques jours de tournage. Puis elle est apparue comme une Ă©vidence, et je suis aujourd'hui certain que nous avons fait le bon choix. Nous avons ainsi pu garder le meilleur passage de chaque distillerie. Mais il reste de très bons moments Ă  dĂ©couvrir dans les Ă©pisodes Ă  venir, bien Ă©videmment.

 

9/ J’ai trouvĂ© très pertinent le prĂ©ambule au film (sans le dĂ©voiler, c’est quelque chose que j’aime bien faire moi-mĂŞme quand je fais dĂ©couvrir des whiskies, de certains pays en particulier). Comment t’es venue cette idĂ©e de le placer en ouverture ? Et qui est Bruno Riner, est-ce le nom du dĂ©gustateur ?

Merci ! J'adore aussi l'ouverture du film, grâce Ă  Bruno. Bruno Riner est un comĂ©dien lyonnais avec lequel je travaille depuis de nombreuses annĂ©es. Il a jouĂ© dans un de mes films, Eta Carina. Pour cette scène, il a du apprendre le texte par cĹ“ur, car il n'est pas du tout un spĂ©cialiste du whisky Ă  la base ! Mais coachĂ© par Valentin et moi, il a rĂ©ussi Ă  se glisser dans la peau d'un expert, de manière très convaincante !

 

 

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 Robin Entreinger (Ă  gauche), SĂ©bastien Castan (au centre) et Valentin Bonhomme, le guide du film (Ă  droite), pour un petit moment de dĂ©tente, durant le tournage. Merci Ă  Robin pour ce selfie, publiĂ© avec son aimable autorisation.

 

 

10/ Le choix de rĂ©alisation (la manière de filmer, je veux dire) semble assez sobre et fait la part belle Ă  la succession de plans-sĂ©quences courts de visites explicatives des distilleries proprement dites, plutĂ´t qu’à une approche esthĂ©tique, intuitive ou contemplative, ce Ă  une ou deux exceptions près, je pense notamment Ă  une sĂ©quence dans la spectaculaire salle des alambics de chez Didier Vendramin (non, chers lecteurs, je ne vous donnerai pas le nom de la distillerie, il faut voir le film), avec l’interlude prĂ©alable que j’ai trouvĂ© vĂ©ritablement splendide (images, musique…tout devient hors du temps, magique, quelque part entre le « Metropolis Â» de Fritz Lang et le Nautilus des « 20000 Lieux sous les mers Â» de Richard Fleischer, toutes proportions gardĂ©es, Ă©videmment). Comment as-tu fait ces choix stylistiques ? Tu devais ĂŞtre tiraillĂ© entre montrer de belles images et donner un maximum d’informations Ă  l’écran, non ? Comment as-tu rĂ©solu ce dilemme ?

Cette sĂ©quence d'introduction est unique dans le film, elle est nĂ©e au montage. Je voulais crĂ©er une petite respiration dans le montage, lorsque l'on enchaĂ®ne les visites sur le chapitre de la distillation ; et l'idĂ©e de faire une sĂ©quence un peu contemplative Ă©tait parfaitement adaptĂ©e aux images que j'avais pu faire Ă  Wambrechies. Cette distillerie Ă©tant très ancienne, je me suis rĂ©galĂ© Ă  faire ces images esthĂ©tiques. La musique de mon ami Lucas Iannuzzi, Ă  la base composĂ©e pour mon dernier long, Dreamland, Ă©tait parfaitement adaptĂ©e Ă  cette petite sĂ©quence. Cela ressemble Ă  ce que je fais parfois dans mes films de fictions... J'aime les sĂ©quences contemplatives, musicale. Il y en a dans pratiquement tous mes films.

 

11/ Pour rentrer maintenant dans le vif du sujet, en regardant le film, j’ai Ă©tĂ© frappĂ© par la multitude de solutions trouvĂ©es par les distilleries pour produire du whisky « Ă  la française Â», que ce soit en famille ou entre amis ou bien entre associĂ©s, et notamment par la diversitĂ© de formes des alambics (mais aussi le travail des cĂ©rĂ©ales, du brassage, de la fermentation, le type de fĂ»ts et de chais, de forme de bouteilles aussi, de logo). Est-ce qu’au dĂ©part tu t’attendais Ă  une telle variĂ©tĂ© ?

Absolument pas. Nous avons dĂ©couvert de nouveaux procĂ©dĂ©s chaque jour de tournage. Il n'y a pas deux distilleries en France qui se ressemblent. Chacune a sa petite spĂ©cificitĂ©, que ce soit dans la forme de l'alambic, mais aussi son utilisation, ou des choses plus prĂ©cises comme le moment des « coupes Â» du cĹ“ur de chauffe, le nombre de passe... Il y a mĂŞme une distillerie en France qui passe 5 fois ! On trouve aussi des diffĂ©rences importantes dans le mĂ©lange ou choix de cĂ©rĂ©ale initial, la mĂ©thode de fabrication de la bière... Bref, la piste est longue, et chaque whisky français est donc unique. Nous travaillons actuellement sur un livre sur les distilleries de whisky en France, on y trouvera des notes de dĂ©gustations, vous verrez Ă  quel point la palette gustative est immense...

 

12/ Nombre de ces distilleries utilisent des alambics qui n’ont jamais au dĂ©part Ă©tĂ© destinĂ©s Ă  produire du whisky, mais plutĂ´t des eaux-de-vie de fruits (alambics Ă  colonne), voire du Cognac (alambics charentais, Ă  repasse), qui se rapproche dĂ©jĂ  davantage du whisky. Il semble qu’un engouement (ou parfois des nĂ©cessitĂ©s familiales, comme on le voit dans un cas dans le film) est nĂ© dans les annĂ©es 1990, comme le laisse entendre Philippe, puis Ă  nouveau au milieu des annĂ©es 2000, suite au succès notamment des 3 premières distilleries bretonnes (dans l’ordre historique Warenghem, puis La Distillerie des Menhirs, puis Glann Ar Mor), qu’en penses-tu ?

On trouve davantage d'alambics Ă  colonne que d'alambics de type charentais en France. Il existe aussi des « hybrides Â», qui mĂŞlent alambic traditionnel avec colonne de rectification, le tout dans une mĂŞme installation. D'une manière gĂ©nĂ©rale, la plupart des distilleries de whisky françaises fabriquaient avant soit des eaux-de-vie, soit de la bière. Rares sont celles qui ont commencĂ© directement par le whisky (et parfois d'autres boissons distillĂ©es). On peut aujourd'hui dire que le whisky français a (en gros) 20 ans ; et qu'il est en rĂ©el essor depuis une dizaine d'annĂ©e. On liste aujourd'hui 36 distilleries de whisky en France, mais il est plus que certain que ce chiffre va beaucoup augmenter dans les annĂ©es Ă  venir.

 

 

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 La distillerie des Menhirs, qui fabrique le whisky Eddu Ă  base de blĂ© noir (sarrasin), ou une autre approche du whisky.

 

 

13/ J’ai constatĂ© que nombre de ces distilleries faisaient Ă©galement d’autres types d’alcools, et utilisaient en fait un procĂ©dĂ© de distillation Ă  colonne* (mĂŞme si le fait d’ajouter des plateaux modifie la donne) de type Holstein (allemands) plutĂ´t qu’à repasse, ce qui influe, quoiqu’on en dise, sur le rĂ©sultat final. Ceci, entre autres choses, pourrait expliquer Ă  mon avis le style très particulier de certains distillats et parfois une certaine austĂ©ritĂ© (que certains compensent en utilisant du blĂ© ou un mĂ©lange de cĂ©rĂ©ales plus proche d’un blended-whisky ou d’un Bourbon). Vois-tu par exemple une diffĂ©rence importante entre le distillat d’une distillerie traditionnelle comme Warenghem (avec alambic Ă  repasse typiquement pour single-malts de style Ă©cossais) et celui de la distillerie du Castor (avec alambic Ă  colonne, plutĂ´t destinĂ© aux whiskies de grain) ?

* = L’auteur tient Ă  prĂ©ciser Ă  ce stade que cette remarque n’est nullement destinĂ©e Ă  dĂ©nigrer tout ce qui sort d’un alambic Ă  colonne, l’auteur apprĂ©ciant Ă©galement les blended-whiskies, les blended-grains et les single-grains, sans parler des Bourbons et Wheat whiskies….mais juste qu’il prĂ©fère les alambics Ă  repasse (ou Pot Stills) pour produire des single-malts. Qu’on se le dise…Bien sĂ»r, il n’y a pas que les single-malts dans la vie, et c’est plus compliquĂ© que cela ! (comme par exemple lorsque la distillerie galloise Penderyn combine Ă  la fois un Pot Still très particulier et un système de rĂ©ception du distillat Ă  colonne spĂ©ciale, faite sur mesure).

C'est une question difficile... Comme le dit Gilbert Holl dans le film, on peut arriver à un très bon résultat avec des alambics à colonne, à partir du moment où on fait les choses lentement (par exemple avec une chauffe très lente en base de colonne). Je ne peux pas clairement affirmer que les whiskies fabriqués dans des alambics charentais sont meilleurs que ceux faits en colonne. Peut-être se rapprochent-ils plus du whisky écossais, et donc de l'idée que le public se fait d'un whisky. On peut être dérouté en goûtant un whisky fait dans une colonne, mais je ne pense pas que l'alambic soit l'unique objet influençant le résultat final de ce qu'on trouve dans la bouteille. Comme tu le dis, il y a le choix de l'orge ou du mélange de céréales initial, puis il y a aussi, de manière absolument incontestable, l'influence importante du choix du ou des fûts de vieillissement, et le nombre d'années pendant lesquelles le whisky va vieillir. Nous avons goûté des choses incroyables à Bercloux, alors que le whisky est fait dans une colonne et n'a que quelques mois, voire semaines de vieillissement...

 

14/ Certaines distilleries françaises soucieuses donner un vĂ©ritable cachet local, de « terroir Â» Ă  leur whisky, plutĂ´t que de tenter de reproduire le style Ă©cossais, sont allĂ©es très loin dans la modification de la recette classique du single-malt Ă©cossais, jusqu’à ajouter des ingrĂ©dients extĂ©rieurs, Ă  une Ă©tape ou Ă  une autre du procĂ©dĂ© de fabrication (y compris par des affinages ou Ă©levages systĂ©matiques en fĂ»ts de vin). Qu’en penses-tu ? Y a-t-il, sans citer nĂ©cessairement de noms, des moments de ton pĂ©riple oĂą tu n’as pas trouvĂ© certains produits « too much Â», qu’on ne reconnaissait plus le distillat ?

Je trouve important que le goĂ»t du distillat initial soit prĂ©sent dans le whisky que l'on dĂ©guste. J'aime les goĂ»ts cĂ©rĂ©aliers plus que les whiskes fruitĂ©s. Il faut faire très attention au choix du fĂ»t, sous peine de dĂ©naturer totalement le « new made spirit Â» initial. Ceci Ă©tant dit, il ne me vient pas Ă  l'esprit un exemple de whisky français totalement « too much Â», comme tu dis. Par contre, certaines distilleries ont clairement de la marge pour faire progresser la qualitĂ© de leur whisky... On ne maĂ®trise pas forcement toutes les Ă©tapes de la fabrication, et on peut avoir, dans cette chaĂ®ne, un point faible. Mais le whisky français est encore jeune, et on ne peut qu’aller vers le meilleur !

 

15/ Sans vouloir te pousser Ă  prendre parti non plus, s’il te fallait citer 5 whiskies ou distillats jeunes qui ont vraiment marquĂ© ton voyage, d’abord seraient-ce les mĂŞmes que pour Valentin et sinon peux-tu les citer, histoire de donner envie Ă  nos lecteurs de dĂ©guster ces whiskies ?

Oh... que c'est dur de faire une sĂ©lection ! Personnellement, je dirais Flavis du domaine des hautes Glaces ; TourbĂ© Collection de Rozelieures, Warenghem Armorik Porto, Terrocita de Castan et Uberach Ten years after. Cette liste a Ă©tĂ© dĂ©licate Ă  Ă©tablir, car j'aime Ă©videmment plein d'autres rĂ©fĂ©rences. Il s'agit ici, Ă©videmment, de mon goĂ»t personnel, et l'on sait très bien que cela peut ĂŞtre totalement diffĂ©rent selon les individus. Tous les whiskies français sont bons Ă  dĂ©couvrir, croyez moi. Valentin vient de m'envoyer sa liste par sms : Uberach Casque Bleu, Premium de chez Lehmann, Flavis des Hautes Glaces, Lac'Holl de Gilbert Holl et Glann Ar Mor. Tu vois, chacun ses prĂ©fĂ©rences, chacun son top 5.

 

16/ Au terme de ce voyage, et avec le recul que tu as peut ĂŞtre dĂ©sormais maintenant que le film est sorti, que t’a apportĂ© cette expĂ©rience ?

Ce voyage a Ă©tĂ© absolument magique, une expĂ©rience inoubliable. Evidemment, il nous a permis, Ă  Valentin et moi, de dĂ©velopper et consolider notre connaissance en domaine de whisky. Mais cela n'est rien par rapport au cĂ´tĂ© humain de la chose. Nous avons rencontrĂ© des gens incroyables, que je vais probablement continuer de croiser au fil du temps et qui sont ancrĂ© en moi de manière très importante ; et il en est de mĂŞme pour Valentin. J'ai hâte de revoir ces personnes au prochain salon Quintessence, car je sais que la majoritĂ© y sera prĂ©sente. Je pense aller rendre visite Ă  chacun rĂ©gulièrement, pour suivre la progression de la gamme, et faire d'autres tournages quand l'occasion se prĂ©sentera... Qui sait, nous pourrions refaire ce voyage en 2020, et voir ce qui aura changĂ© en 5 ans ?! Cela me semble en fait une excellente idĂ©e.

 

 

distillerie_nicolas_julhs_alambics 

L'alambic (de type Holstein modifié) de la toute nouvelle distillerie Nicolas Julhès, à Paris.

 

 

17/ De mĂŞme, quel avenir vois-tu pour le whisky français après toutes ces visites et dĂ©gustations ?

Sincèrement, un bel avenir, c'est certain. Il faut simplement que les consommateurs de whisky en France apprennent à découvrir les whiskies français. Là, c'est à nous de jouer. Par nous, j'entends la presse, les médias, les blogs, les sites Internet. Les cavistes doivent aussi être curieux, et proposer à leur client quelques whiskies français, de la région par exemple. Mais pas seulement. Il faut aussi de la diversité. Aujourd'hui, seulement quelques distilleries profitent d'une distribution nationale relativement importante. Il faut que cette offre se diversifie, et les consommateurs iront alors naturellement vers le whisky made in France.

 

18/ Enfin, qu’aurais-tu Ă  dire aux lecteurs de GregsWhiskyGuide qui ne connaĂ®traient pas encore les whiskies français et hĂ©siteraient encore Ă  les dĂ©guster ?

N'hĂ©sitez plus, allez-y les yeux fermĂ©s ! Le whisky français a 20 ans, ce qui est très jeune ; mais le pays offre d'ores et dĂ©jĂ  une diversitĂ© incroyable de whiskies très diffĂ©rents, et chacun trouvera ce qui lui correspond. Commencez peut-ĂŞtre par goĂ»ter le whisky de la distillerie la plus proche de chez vous – il y en a forcement une ; puis allez voir plus loin petit Ă  petit... vous ne serez pas déçu !

 

Un grand merci Ă  toi pour cette interview et encore bravo pour le film !

 

 

***

 

 

Conclusion : Une première Ă  saluer que ce film documentaire Ă  vocation exhaustive. Je regrette d’ailleurs vraiment que certaines distilleries n’aient pas jouĂ© le jeu, car elles avaient tout Ă  y gagner Ă  mon sens. C’est leur choix. C’est la qualitĂ© qui parle, au final, et le public jugera.

Il me faut prĂ©ciser aussi qu’étant donnĂ© l’ampleur de la tâche, je comprends parfaitement que Robin n’aie pas souhaitĂ© inclure dans ce projet les nĂ©gociants français qui embouteillent principalement des whiskies Ă©cossais, mĂŞme lorsqu’ils leur font subir une deuxième maturation dans des fĂ»ts de chĂŞne français, qu’ils aient contenu du vin français ou pas, d’ailleurs. Ainsi, des maisons tout Ă  fait respectables et bien connues des cavistes français comme Jean BOYER ou encore Michel COUVREUR sont des acteurs prĂ©sents sur le marchĂ© français depuis plus d’une dĂ©cennie. Les citer ici, pour ceux qui ne les connaĂ®traient pas encore est suffisant pour susciter la curiositĂ©. Robin me rappelait l’autre jour qu’en fait le film mentionne deux nĂ©gociants, la sociĂ©tĂ© alsacienne AWA (qui met un point d’honneur Ă  faire des affinages ou Ă©levages dans des fĂ»ts ayant contenu des vins alsaciens, et utilise le malt de chez la distillerie HEPP), et la sociĂ©tĂ© ROOF RYE, qui utilise des fĂ»ts provenant de chez WARENGHEM), mais il y en a d’autres, presque une dizaine, si l’on en croit l’excellent site sur les whiskies français que je recommande Ă  nouveau Ă  cette occasion : France Whisky

 

Addendum: Lorsque j’ai commencĂ© le site web, il y a deux ans, j’ai reportĂ© des notes dĂ©jĂ  un peu anciennes concernant le whisky français, et qui dĂ©nombraient environ 10 distilleries de whisky. L’on voit bien depuis une pĂ©riode plus rĂ©cente qu’on en est loin, que le whisky français est aujourd’hui en plein boom, avec quasiment chaque annĂ©e depuis 2010 une nouvelle distillerie, formant jusqu’à plus de 30 distilleries rĂ©parties de plus en plus aux quatre coins (et au centre !) du territoire. Le phĂ©nomène (venu des Etats-Unis, il faut bien le dire) des micro-brasseries, puis des micro-distilleries n’y est pas pour rien, Ă  mon sens, ni non plus, l’engouement du public pour des projets plus respectueux de l’écologie. Aussi, comme le rappelle fort justement Philippe JugĂ© dans le film, le public français est un des plus exigeants par rapport au whisky (sans doute un hĂ©ritage liĂ© Ă  celui du vin et de sa dĂ©gustation ?), et une partie au moins des producteurs de whisky français l’a compris et tente de proposer une offre de plus en plus pointue. Cette recherche de la qualitĂ© et ce dynamisme nouveau, c’est tout ce que l’on peut souhaiter au whisky français…

Enfin, pour ceux qui veulent en savoir plus sur ce qui est déjà sur le site concernant le whisky français, en attendant de remettre à jour ma page sur le sujet "FRANCE" (et donc passer de 10 à 36 distilleries!), vous pouvez vous faire un avis sur les whiskies de deux distilleries françaises (présentation, historique, notes de dégustation):

Distillerie WARENGHEM (Single-malt Armorik, blended-whiskies Breizh Whisky, Whisky Breton)

Distillerie GLANN AR MOR (Single-malts Glann Ar Mor & Kornog)

 

 

 

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