FRANCE
Brève présentation :
Article achevé (même si à compléter) mais illustrations encore en cours, merci de votre patience !
1/ Les différents types de whiskies français
2/ Les principales régions du whisky français
3/ Petit panorama historique du whisky français
Trois versions du single-malt ARMORIK et la version blended-whisky "de luxe" de la distillerie WARENGHEM, pionnier du whisky français
(Photo © Grégoire Sarafian).
1/Les différents types de Whiskies français :
Les BLENDS (ou BLENDED WHISKIES):
Assemblages de nombreux whiskies de malt en petite quantité avec un ou plusieurs whiskies de grain en plus grande quantité. Comportent entre 25 et 40 % de single-malt, parfois plus. Ils sont presque toujours réduits par adjonction d’eau à 40 ou 43 % d’alcool par volume. Beaucoup sont conçus de manière à pouvoir supporter le choc thermique de l’adjonction de glaçons. Cependant, contrairement à leurs confrères écossais, ils ne sont pas réalisés en quantité industrielle et sont d’une qualité généralement moins variable et ont, me semble t’il, plus de typicité (et de caractère régional) que leurs concurrents écossais. Les plus fins (et les plus riches en malt) des Blended-whiskies français peuvent concurrencer sans problème leurs rivaux écossais, voire même certains single-malts par leur finesse et leur complexité.
Les BLENDED-MALTS (parfois dénommés PURE-MALTS):
Assemblage de quelques whiskies de type single-malt, mais sans ajout de whisky de grain. Ils sont presque toujours réduits par adjonction d’eau à 40 ou 43 % d’alcool par volume. Il en existe très peu de spécifiquement français, certaines sociétés de négoce embouteillant des blended-malts anonymes (souvent écossais) pour le marché français. La qualité est là , en revanche, souvent.
Les SINGLE-MALTS:
Comme leurs homologues écossais, il s’agit de whiskies provenant d’une seule distillerie, et constitués de nombreux fûts d’années différentes (si la bouteille porte une mention d’âge, ce sera celui du plus jeune entrant dans la composition-alors millésimé, ou non), ou d’un assemblage de fûts de la même année (il est alors millésimé) ou d’un petit nombre de fûts (small batch) ou d’un seul fût (single-cask). Ils sont généralement réduits par adjonction d’eau à 40 ou 43 % d’alcool par volume, par l’évaporation avec les années ou non réduits (cask strength, ou en français brut de fût). En revanche, ce qui diffère quelque peu des whiskies écossais, c’est qu’il existe très peu de vieux fûts de whiskies français, et très peu de whiskies français avec un compte d’âge, qui d’ailleurs souvent n’excède pas 10 ou 12 ans. N’oublions pas que la France, récente dans le domaine de la production du whisky (alors qu’elle est plus que centenaire pour la production de Cognac, par exemple) produit du whisky de manière continue et commercialisée non confidentiellement que depuis environ 20 ans. Le « retard » à rattraper sur les principaux pays producteurs de l’époque (Ecosse, Irlande, Etats-Unis, Canada, Japon) ainsi que la volonté de se démarquer d’eux « aromatiquement parlant » ont fait que ces whiskies sont souvent davantage typés qu’on ne s’y attendrait, pour le meilleur, mais aussi parfois pour le pire. A chacun d’apprécier. Au positif, ils tirent le meilleur parti de leur région (ingrédients, vieillissement, etc…) et n’ont pas besoin d’être aussi âgés que les whiskies écossais pour leur faire concurrence, comme on le verra plus loin.
Les SINGLE-GRAINS, et autres WHISKIES (de BLE, etc…):
Whiskies provenant d’une seule distillerie, mais de grain (blé, maÏs, avoine, seigle, etc…) à 85 % et d’orge non malté. Type de whisky plus neutre en goût ayant surtout servi à alimenter les assemblages des blends. Plus personne de documenté n’a désormais de doute sur les qualités des vieux single-grains écossais, souvent proches des bourbons, mais aussi des irlandais. En France, en revanche, ce type de whisky n’est pas ou peu produit. Ce qui s’en rapproche le plus sur le papier, c’est par exemple un whisky nommé EDDU, élaboré à partir de blé noir (ou sarrasin) par la Distillerie des Menhirs.
2/Les principales régions du whisky français:
ALSACE:
- Distillerie BERTRAND (créée en 1874 à Uberach)
(Single-malt « UBERACH »- créé en 2006)
-Distillerie GILBERT HOLL (créée circa 1981 à Ribeauvillé)
(Un premier whisky, le LAC HOLL, dit « Pure-Malt », lancé en 2004)
* ELSASS WHISKY
*- Distillerie MEYER (Produit du whisky français depuis 2007 à Saint-Pierre Bois)
(un Blend et un single-malt MEYER’S)
AUVERGNE (région du Bourbonnais):
-Distillerie de Monsieur Balthazar (créée à Hérisson, en 2003)
(Straight Bourbon « HEDGEHOG »)
BRETAGNE:
-Distillerie WARENGHEM (Créée en 1900, à Lannion)
(Plusieurs Blends dont le premier blend français en 1987 « Whisky Breton », et le premier single-malt français « Armorik » en 1998, aujourd’hui disponible en de nombreuses versions)
-Distillerie des MENHIRS (Créée en 1921 à Plomelin)
(Whisky EDDU à base de blé noir et un blend, le GREY ROCK)
-Distillerie GLANN AR MOR (Créée en 1999 à Pleubian)
(un single-malt, en versions tourbées ou non tourbées, parfois avec affinage)
& * société CELTIC WHISKY COMPAGNIE
(assemblages de whiskies écossais & irlandais essentiellement, également distributeur
de whiskies de négoce d’Ecosse)
-Distillerie KAERILIS (Produit du whisky français depuis 2011 à Palais, Belle-Ile en Mer)
(Après avoir fait vieillir et affiner des whiskies écossais sur place, elle élabore depuis 2011 son propre whisky
qui sera de type single-malt)
BOURGOGNE:
*Whiskies de négoce de Michel COUVREUR
(assemblages de whiskies écossais essentiellement)
CHAMPAGNE:
- Distillerie GUILLON (créée en 1997, à Louvois)
(Blend et single-malts, dont une version tourbée-nombreux affinages)
CORSE:
- Distillerie MAVELA (alliée à la brasserie Pietra)
(Blended whisky « Altore » et Pure-malt « P & M », avec affinage ou levures parfumées à la châtaigne)
HAUTES-ALPES:
-Distillerie Domaine des Hautes Glaces (créée en 2009 à Saint-Jean D’Hérans)
(Single-malt bientôt disponible-New make produit pour la première fois en 2011, disponible en plusieurs
versions, avec maturations multiples)
LORRAINE:
- Distillerie GRALLET-DUPIC (créée en 1890, à Rozelieures)
(Single-malt GLEN ROZELIEURES, dont une version en fûts de Sherry)
NORD-PAS DE CALAIS:
-Distillerie CLAEYSSENS (créée en 1817 à Wambrechies)
(Single-malt en plusieurs versions)
NORMANDIE:
-Brasserie* & Distillerie NORTHMAEN (créée en 997*
Ă La Chapelle Saint-Ouen,vers Rouen)
(whisky “THOR BOYO”-sans précision de type)
3/Petit panorama historique du whisky français:
La réputation de nombre de whiskies non produits dans les cinq principaux pays qui dominent le marché (ECOSSE, IRLANDE, USA, CANADA, JAPON) étant plutôt mauvaise auprès des connaisseurs, l’on serait tenté dans un premier temps à la prudence, dans un pays plus connu pour la qualité de ses vins bien sûr, mais aussi pour ses autres spiritueux, dont le COGNAC et l’ARMAGNAC, relativement proches du créneau commercial et gustatif du whisky mais bel et bien concurrents, d’où le dénigrement systématique de nombre de producteurs et cavistes-distributeurs de ces alcools, tant pour ce qui concerne les malts écossais, et plus encore pour les whiskies français.
Cependant, parmi les outsiders les plus sérieux produisant des whiskies susceptibles d’élargir l’offre, il faudra bien reconnaître aujourd’hui que la France, grâce à , d’une part des produits originaux plus ou moins passés par le « goût français »(dans le moins intéressant des cas), et d’autre part grâce à l’association entre le meilleur de l’Ecosse et le meilleur de la France (dans le plus heureux des cas) se trouve bien être, contre certaines idées reçues, un pays producteur de whisky de plus en plus significatif, et ce par la richesse de ses régions, dont celle initiatrice, puis fer de lance depuis deux décennies surtout, de la Bretagne, en plein essor ces dernières années …
La France, en effet, après les premières distilleries bretonnes, pionnières à la fin des années 1980 avec en tête et en véritable éclaireur la distillerie WARENGHEM, (créée en 1900 par Léon WARENGHEM, mais d’abord pour fabriquer des liqueurs) et son blend « WHISKY BRETON » (premier whisky français distillé en alambic à repasse, et vieilli en France, c’est un blend à base de 25 % de malt de 5 ans d’âge et 75 % de blé de 4 ans d’âge), commercialisé pour la première fois en 1987, sous l’impulsion de Gilles LEIZOUR, son directeur, puis en 1998, c’est au tour de leur premier single-malt « ARMORIK ».
La France voit donc renaître un certain regain d’activité en termes de production de whisky sur son sol, concentré surtout en Bretagne, confirmé par la suite par la création de La Distillerie des Menhirs, à Plomelin, fondée en 1921, et qui lance en 2002 son premier whisky, à base de blé noir (l’EDDU Silver). Il fut suivi d’un blend, le « GREY-ROCK » (en 2003, avec 30 % de blé noir), et d’un autre EDDU, le « GOLD » (7 ans d’âge, lancé en 2006 et titrant 43 % d’alcool).
Puis apparaît ensuite la distillerie GLANN AR MOR, la « dernière née » des distilleries françaises, en 2005, mais qui produit depuis 1999, et dont le projet à plus de 9 ans déjà . Elle appartient à la société de négoce Celtic Whisky Compagnie, une entreprise dynamique et déjà primée sur le plan international. On trouve donc là , avec la Bretagne, une région de prédilection (plusieurs de ces distilleries utilisant l’eau de mer, donc justifiant le qualificatif de terroir, malgré les ravages d’une surexploitation agricole et chimique de presque toute cette région).Le premier single-malt de cette distillerie voit enfin le jour en 2009, avec les premiers fûts de 3 ans d’âge embouteillés.
La distillerie KAERILIS, située sur Belle-Ile en mer, elle, après avoir tenté l’expérience de faire vieillir (souvent avec un affinage) en France du distillat écossais, tente l’aventure de créér un single-malt local.
Il serait injuste toutefois de passer sous silence d’autres régions de France productrices comme la Champagne (distillerie GUILLON), le Nord-Est (avec la distillerie WAMBRECHIES), la Corse (blend-whisky ALTORE, et blendeded-malts « P & M », élaborés par la distillerie MAVELA en collaboration avec la brasserie PIETRA). La distillerie Bertrand, en Alsace, est également une des dernières distilleries en date à proposer un whisky français, l’ « UBERACH Alsace whisky » qui titre à 43,8 %…(2006).
De nombreux projets d’ouverture de distilleries * ou de sociétés de négoce de whiskies semblent être prêts à voir le jour en France, et en particulier en Bretagne, mais pas seulement, alors gageons que nombre d’entre elles réussiront, en tout cas c’est ce que nous leur souhaitons, afin d’élargir encore l’offre dans notre pays marqué notamment par la civilisation celte, ce que l’on a parfois tendance à oublier…
*Dernière minute (16/10/2016): Parmi celles produisant plus récemment, signalons entre autres, la distillerie de Monsieur Balthazar (qui produit un Straight Bourbon whiskey nommé HEDGEHOG, à 65 % de maïs, le reste composé d’orge et de seigle) à Hérisson, dans le Bourbonnais, en Auvergne, ou encore Northmaen, en Normandie qui élabore (avec un nom évocateur et risqué) un whisky nommé « THORBOYO » !
Peut être un peu plus sérieusement (je plaisante !), un nouveau venu, le Domaine des HAUTES GLACES, né de la rencontre d’un ingénieur agronome et d’un œnologue, mais aussi de la collaboration avec une famille d’agriculteurs « bio » (qui les fournissent en céréales), va-t-il nous prouver qu’une vraie « qualité française » peut s’imposer avec le temps, non sans originalité en ce qui les concerne…? Nous verrons (ils proposent depuis un "Rye" whiskey sous le nom de "Vulson Whiye Rhino Rye", titrant 41 %).
Philippe Jugé, journaliste du whisky et depuis peu secrétaire général de la Fédération du Whisky de France, qui rassemble les producteurs et embouteilleurs de whisky de France, dénombrait à la mi-2016 plus de 40 distilleries françaises susceptibles de produire du whisky dont 32 distilleries en activité....
Pour plus de précisions sur le sujet, je vous renvoie aux liens vers les sites webs plus specialises, comme celui de France Whisky notamment...