ECOSSE

PrĂ©sentation  des WHISKIES ECOSSAIS:

 

Mise Ă  jour du sujet & illustrations  le : 28/12/2013

 

 

1/ Les différents types de whiskies

2/ Les régions du whisky écossais

 

 

1/Les différents types de Whiskies:

 

Par convention, les whiskies se classent en plusieurs familles principales qui se retrouvent dans la plupart des pays, catégories que nous allons examiner ci-dessous. Cependant, d'une part les règles qui régissent la production de whiskies ne sont pas les mêmes suivant les pays et de l'autre, certains pays ont non seulement des règles spécifiques de production, mais aussi des types de whiskies spécifiques, parfois même pour une région en particulier. Pour l'Ecosse, je renvoie aussi aux articles des rubriques "Histoire du Whisky" et "La Fabrication".

 


Les BLENDED WHISKIES (ex-BLENDS):

 

Il s'agit d'assemblages de nombreux whiskies de malt (de 15 Ă  plus de 60 single-malts) en petite quantitĂ© avec un ou plusieurs whiskies de grain en plus grande quantitĂ©, ils sont âgĂ©s en gĂ©nĂ©ral de 3 Ă  5 ans. Conçus au XIX ème siècle en grande partie pour des raisons commerciales, dont la consommation de masse de whisky plus facile d’accès que les single-malts et de moindre coĂ»t, leur typicitĂ© est en gĂ©nĂ©ral fortement attĂ©nuĂ©e par rapport Ă  des single-malts. Ils comportent entre 25 et 40 % de single-malt, parfois plus. Ils deviennent « DE LUXE Â» lorsqu’ils sont âgĂ©s de 5 ans et plus (mais de manière gĂ©nĂ©rale cela concerne plutĂ´t les blends de 12 ans et plus). Les blended whiskies sont presque toujours rĂ©duits par adjonction d’eau Ă  40 ou 43 % d’alcool par volume.

Beaucoup sont conçus de manière à pouvoir supporter le choc thermique de l’adjonction de glaçons. Ils sont réalisés en grande quantité et selon des normes très spécifiques avec un cahier des charges rigoureux et avec une qualité très variable selon les marques, du pire au meilleur, et souvent avec le seul additif autorisé, j’ai nommé l’essence de caramel (E150) un colorant qui donne une robe ambrée, mais aussi qui lisse, voire affadit le goût. Par ailleurs, même s'il ne s'agit que d'une hypothèse, certains d'entre eux laissent en bouche une impression de sucrosité tellement forte qu'elle laisse supposer qu'il pourrait y avoir adjonction de saccharose, comme pour certains Cognacs et Rhums. Pour faire une comparaison avec les vins, on peut parler dans ce cas de vins de table...

Les plus fins (et souvent les plus âgĂ©s) des Blends peuvent en revanche concurrencer certains single-malts par leur finesse et leur complexitĂ©. Ils peuvent aussi parfois (certes assez rarement) prĂ©senter les mĂŞmes caractĂ©ristiques exigentes que les meilleurs single-malts (non filtration Ă  froid, non coloration, titrage optimal vers 45 ou 46 %, etc..). Par contre, pour ceux-lĂ , des glaçons les « tueraient Â» Ă  coup sĂ»r….Se mĂ©fier par ailleurs des mentions sur l’étiquette du type « Rare Reserve Â», car lorsqu’il s’agit de produits fabriquĂ©s en quantitĂ©s industrielles (jusqu’à plusieurs millions de bouteilles par an), on ne peut raisonnablement pas parler de raretĂ©. Ce phĂ©nomène commence hĂ©las Ă  toucher Ă©galement les single-malts depuis quelque temps…

 

 

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Une sélection de blended-whiskies de qualité provenant d'assembleurs officiels de longue date, ici parfois dans des versions stoppées

(comme le Gold Label avec mention d'âge), ou éditions limitées comme le GRANT'S Sherry Cask.- Photo: © Grégoire Sarafian).

 

 

Les BLENDED-MALTS (ex-PURE-MALTS, ou VATTED-MALTS):

 

Il s'agit d'assemblages allant de quelques whiskies de type single-malt Ă  un nombre souvent plus Ă©levĂ© de whiskies, mais sans ajout de whisky de grain. Ils sont presque toujours rĂ©duits par adjonction d’eau Ă  40 ou 43 % d’alcool par volume, mais peuvent titrer davantage. Ils sont soit Ă©laborĂ©s par les grandes sociĂ©tĂ©s qui crĂ©ent les blended whiskies, soit par des nĂ©gociants ou crĂ©ateurs plus ou moins indĂ©pendants. Beaucoup sont très fins, Ă  mi-chemin entre un vieux single-malt et un blend de luxe. Il y a des assemblages aussi insipides que certains blends, mais il y a heureusement aussi de vĂ©ritables chefs d’œuvre, issus parfois de l’accord de deux ou trois single-malts seulement. Attention, source de confusion supplĂ©mentaire, la mention « Pure Malt Â», Ă  l’origine, dĂ©signait les single-malts.La mention "Vatted-Malts" (chère Ă  l'assembleur John Glaser), elle Ă©tait sans doute la plus adĂ©quate, insistant sur le caractère "mariĂ©" des whiskies, afin d'assurer l'homogĂ©neĂŻtĂ© de l'ensemble avec le temps, non par les additifs...

 

 

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Un groupe de blended-malts de qualité, dont une version aujourd'hui stoppée, le "Green Label" de Johnnie Walker (Photo : © Grégoire Sarafian).

 

 

Les SINGLE-MALTS:

 

Il s'agit de whiskies provenant d’une seule distillerie, et constituĂ©s soit de nombreux fĂ»ts d’annĂ©es diffĂ©rentes (si la bouteille porte une mention d’âge, ce sera celui du plus jeune entrant dans la composition), soit d’un assemblage de fĂ»ts de la mĂŞme annĂ©e (il est alors millĂ©simĂ©, ou « vintage, en anglais), et l’annĂ©e indiquĂ©e sera d’abord celle de l’annĂ©e de distillation), soit de l'assemblage d'un petit nombre de fĂ»ts (« small batch Â»), soit enfin en provenance d’un seul fĂ»t (« single-cask Â»). Hormis les single-malts en Ă©ditions limitĂ©es, plutĂ´t destinĂ©es aux connaisseurs et collectionneurs, ou Ă  caractère confidentiel ou "posthume" (provenant de stocks de distilleries aujourd'hui fermĂ©es) la plupart de ces whiskies sont donc, contrairement Ă  une idĂ©e reçue, Ă©galement des assemblages.

Après la 2 ème distillation, les single-malts sont gĂ©nĂ©ralement rĂ©duits par adjonction d’eau d’abord Ă  63,5 % d’alcool par volume, pour la mise en fĂ»t de maturation, puis une deuxième fois pour la mise en bouteille, après vieillissement, Ă  40 ou 43 % (voire jusqu'Ă  46 ou 50 %) sauf certains whiskies Ă  rĂ©server plutĂ´t aux connaisseurs. Dans ce dernier cas, ces whiskies ne sont pas ou peu rĂ©duits (« cask strength Â», en anglais, qui se traduit en français par « brut de fĂ»t Â»). Ils sont, Ă  peu de choses près, tel qu’ils le sont lorsque l’on ouvre un fĂ»t dans un chai. La rĂ©duction d’alcool est aussi le rĂ©sultat de l’évaporation naturelle d’annĂ©e en annĂ©e, nommĂ©e « la part des anges Â», part qui peut aller jusqu’à une baisse de 2 Ă  3 % par an. Le temps de maturation en fĂ»ts est variable, 3 ans est l’âge lĂ©gal minimum pour le scotch whisky, 8,10 ou 12 souvent l’âge de la plus jeune version commercialisĂ©e, et 40 ou 50 ans l’âge du plus âgĂ©, sauf exceptions bien entendu.

Les single-malts sont par ailleurs le plus souvent filtrĂ©s Ă  froid (pour Ă©viter que des particules en suspension ou en dĂ©pĂ´t soient visibles, et pour Ă©viter que le liquide se trouble si la tempĂ©rature baisse brutalement-des souhaits plus commerciaux qu'autre chose). Lorsque cela n’est pas le cas, il en est souvent fait Ă©tat sur l’étiquette, comme  s'agissant d'un whisky non filtrĂ© Ă  froid (« Un chill-filtered Â» ou « Non Chill-filtered Â»), car c’est (en gĂ©nĂ©ral, mais pas automatiquement !) un gage de naturel sinon de qualitĂ©: En effet, lors de la filtration  Ă  froid, l’alcool subit une variation de tempĂ©rature brutale et l’on supprime ainsi des corps gras qui renferment une partie du goĂ»t du whisky, il y a donc lĂ  thĂ©oriquement une perte, mĂŞme si d’excellents whiskies sont filtrĂ©s Ă  froid. Par ailleurs, il convient aussi de s’assurer, plus encore que pour les autres catĂ©gories de whiskies, si les whiskies sont embouteillĂ©s et Ă©levĂ©s intĂ©gralement par les distilleries officielles qui les conçoivent, ou s’il s’agit d’un embouteillage de nĂ©goce (voir Ă  ce sujet le chapitre « connaĂ®tre le whisky Â»), ces derniers types d’embouteillages pouvant s’avĂ©rer parfois très diffĂ©rents des embouteillages officiels.

Pour poursuivre notre comparaison avec les vins, là nous pouvons parler de véritables A.O.C., même si les critères et la notion de terroir ne sont pas les mêmes et sont plus contestables.

 

 

 

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Une sélection de bouteilles représentatives de leur région, suivant la dénomination officielle écossaise : Auchentoshan, pour les Lowlands, The Glenlivet, pour le Speyside,

Glenmorangie, pour les Highlands, Laphroaig, pour Islay, et enfin Springbank (ici l'ancien packaging du 10 ans d'âge) pour Campbeltown - Photo: © Grégoire Sarafian).

 

 

 Les SINGLE-GRAINS & les VATTED-GRAINS:

 

Il s'agit de whiskies provenant d’une seule distillerie, mais de grain (blĂ©, mais aussi maĂŹs, avoine, seigle, etc… ) en gĂ©nĂ©ral Ă  proportion de 85 % et parfois d’orge non maltĂ©e. C’est un type de whisky plus neutre en goĂ»t, distillĂ© en continu dans un alambic Ă  colonne, servant surtout Ă  alimenter les assemblages des blended whiskies. Plus rĂ©cemment, l’on a redĂ©couvert les qualitĂ©s des vieux single-grains, souvent proches des bourbons, mais aussi des whiskeys irlandais. Peu sont disponibles. Ils sont soit rĂ©duits Ă  40 ou 43 %, soit utilisĂ©s et vendus tels quels, non rĂ©duits (cask strength). Il n’existe apparemment pour le moment qu’un seul VATTED-GRAIN d'Ecosse, celui inventĂ© par John GLASER et intitulĂ© « HEDONISM Â»,  avec ses variantes).

 


Les Autres catégories de WHISKIES:

 

Pour ce qui concerne l'Ecosse, hormis quelques expériences plutôt confidentielles, les principales catégories de whiskies sont celles listées ci-dessus. Il n'en est pas de même pour certains pays à l'histoire et aux choix (agricoles, mais pas seulement) différents. Voir la production de whiskey irlandais ou nord-américain, par exemple, ou bien encore suédois ou japonais.

Il existe cependant une autre catégorie, qui n'est pas encore officiellement du whisky car n'ayant pas ou peu de vieillissement en fûts:

Qu'on le nomme NEW SPIRIT (ECOSSE), ou NEW MAKE (ECOSSE), ou WHITE DOG (USA), ou encore DISTILLAT PUR, ou BLANCHE DE MALT (FRANCE), il s'agit sensiblement de la mĂŞme chose, ce qui sort de l'alambic de Spirit avant vieillissement, Ă  savoir....un liquide transparent !

Pour ce qui est d'en déguster, là iles choses sont plus compliquées que pour les catégories de whiskies précédemment citées. Il y a là plusieurs cas de figure, mais en général il s'agit de faire déguster au public, soit directement à la distillerie, soit en commercialisant des bouteilles ou des samples, le distillat "pur", c'est à dire tel qu'il sort de l'alambic, sans aucune maturation, mais certes avec une procédure préalable puisqu'il y a eu coupe (sélection), et en général une filtration (douce ou à froid). Le produit est bien entendu transparent, et seul des professionnels ou des amateurs aguerris peuvent en évaluer la qualité (le potentiel avant vieillissement) et pour la plupart d'entre nous la différence même entre une distillerie et une autre. Ils sont en général rendus publics soit pour montrer le processus du début à la fin de la fabrication du whisky, soit dans le cas d'une nouvelle distillerie pour faire patienter la clientèle en attendant que le distillat ait 3 ans pour pouvoir avoir droit à la dénomination de "whisky". Certains de ses "new spirits" sont tellement expressifs et équilibrés (bien qu'évidemment trop jeunes) au bout de quelques mois ou d'un an que l'on peut déjà pressentir un potentiel de qualité important et un futur radieux aux distilleries qui les produisent. La commercialisation de ce type de produits a quelque peu augmenté ces dernières années, en tout cas déjà en Ecosse.

 

 

2/Les régions du Whisky écossais :

 

Histoire, Géographie et brève présentation des distilleries écossaises :

 


Les Cinq principales régions (par convention):

 

    1/Les LOWLANDS, ou « Basses-Terres Â» :

 

Les terres situĂ©es le plus au Sud de l’Ecosse, entre les villes de Glasgow et Edinburgh, sont de riches terres agricoles, ou les cĂ©rĂ©ales abondent, que ce soit l’orge destinĂ©e au whisky de malt ou le blĂ©, l’avoine, etc…Ces terres Ă  la fois verdoyantes, faites de collines et petites montagnes, ne manquant pas d’eau, abritaient autrefois plusieurs dizaines de distilleries jusqu’au 19ème siècle, et près d’une dizaine jusqu’à la crise des annĂ©es 1980. En effet, le grand « coup de balai Â» de la sociĂ©tĂ© Diageo entre 1982 et 1985 (Ă  l’époque elle se prĂ©nommait U.D.V.= United Distillers and Vintners) rĂ©duit alors le nombre de celles-ci Ă  5 distilleries pour cette rĂ©gion (AUCHENTOSHAN, BLADNOCH, GLENKINCHIE, LITTLEMILL -« en sommeil depuis 1994 Â», ROSEBANK - qui ferme par la suite en 1993), la distillerie SAINT-MAGDALENE ayant Ă©tĂ© fermĂ©e avec cette vague (1983). La production Ă©tait donc auparavant assez industrielle et les whiskies d’après diverses sources de second ordre par rapport aux autres rĂ©gions, des whiskies lĂ©gers…Si la plupart d’entre eux sont en effet plutĂ´t lĂ©gers, leur autre caractĂ©ristique principale est Ă©galement d’être doux, herbacĂ©s, et marquĂ©s par des notes de cĂ©rĂ©ales (orge maltĂ©e, et au-delĂ ), en gĂ©nĂ©ral plus marquĂ©es que dans les autres rĂ©gions (l’exemple type en est GLENKINCHIE), mais parfois emprunts d’une certaine sĂ©cheresse (ROSEBANK, SAINT-MAGDALENE).

 

 

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La salle des alambics de la distillerie AUCHENTOSHAN, une des rares distilleries d'Ecosse Ă  pratiquer la triple-distillation (Photo: Â© Hugh)

 

Cependant, des notes de torréfaction, de café même, voire de guimauve peuvent apparaître (l’exemple type en est LITTLEMILL), ou d’agrumes (avec souvent beaucoup d’acidité, comme chez BLADNOCH), ou encore une certaine exubérance florale, comme chez AUCHENTOSCHAN (une des rares d’Ecosse à pratiquer la triple-distillation). On trouve rarement des notes de tourbe et de fumée dans ces whiskies. Parmi les distilleries fermées dans les décénnies récentes, signalons INVERLEVEN (fermée en 1991), LADYBURN (1975), SAINT-MAGDALENE (1983 –dont les whiskies portent parfois le nom de LINLITHGOW, nom de la localité).

 

 

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EDINBOURG et son château, qui surplombe le Firth of Forth, l'estuaire de la rivière Forth (Photo : © Hugh)

 

Mais cette rĂ©gion est aussi, et quelque part d’abord, une rĂ©gion de stockage et de mise en bouteille de single-malts de toutes les rĂ©gions (eh oui, mĂŞme d’ISLAY !) ou presque, et bien entendu c’est par ailleurs le fer de lance du whisky de grain (maĂŻs, blĂ©, avoine…) qui sert principalement Ă  l’élaboration des blends, qui en utilisent la plus grande quantitĂ©, et reprĂ©sentent Ă  eux seuls encore plus de 90 % du marchĂ© mondial. Les single-grains, eux, destinĂ©s Ă  ĂŞtre commercialisĂ©s pour eux-mĂŞmes, sont encore peu rĂ©pandus, malgrĂ© un certain commencement de succès depuis peu (grâce Ă  une commercialisation plus mĂ©diatique aujourd’hui, et Ă  des versions de nĂ©goce de ses whiskies les plus âgĂ©s), d’oĂą une certaine « garantie de pĂ©rennitĂ© Â», entĂ©rinĂ©e d’ailleurs par le « Wash Act Â», dĂ©cision de la couronne royale en 1784 d’accorder un rĂ©gime bĂ©nĂ©ficiaire avec des droits particuliers Ă  cette rĂ©gion.


   2/ Les HIGHLANDS, ou « Hautes-Terres Â» :

Quasiment synonyme pour beaucoup du  Scotch whisky lui-mĂŞme, c’est sans conteste la rĂ©gion la plus riche d’Ecosse (Rien que pour la    Nord-Est  de cette rĂ©gion elle compte en effet pas moins de 83 distilleries, dont 8 fermĂ©es et deux en sommeil ou en activitĂ© intermittente – comme TAMNAVULIN ou MANNOCHMORE – la production de GLENDRONACH ayant Ă©tĂ© rĂ©cemment relancĂ©e). Cela est sans doute dĂ» au fait qu’elle englobe la rĂ©gion du Speyside, Ă  l’Est….RĂ©gion autonome depuis la fin du 18 ème siècle, les Highlands, ou « Hautes Terres Â», regroupent entre l’Ouest, le Nord, et le Centre près de 25 distilleries, auxquelles s’ajoutent les quelque 58 distilleries de la rĂ©gion du SPEYSIDE Ă  l’Est (terme qui signifie littĂ©ralement « du cĂ´tĂ© de la SPEY Â» - une rivière qui traverse cette rĂ©gion). Cette rĂ©gion dont nous allons reparler est tellement riche en distilleries qu’elle est parfois surnommĂ© « Le Triangle d’Or Â», probablement aussi du fait qu’elles Ă©taient d’abord toutes illicites et ont assurĂ© depuis longtemps la richesse de la rĂ©gion !

 

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Cour de la distillerie GLENDRONACH, distillerie dont la décoration est marquée par une charte rouge, noir et grise (Photo: © Hugh).

 

Cette rĂ©gion est assurĂ©ment celle qui est la plus connue du public quelle que soit son expĂ©rience du whisky, car elle recèle notamment la distillerie qui a probablement la plus grosse production de whisky de toute l’Ecosse, Ă  savoir GLENFIDDICH, crĂ©Ă©e en 1886 (qui produit 10 Millions de litres d’alcool pur par an, soit plus de 10 Millions de bouteilles vendues…), mais aussi celle qui a la rĂ©putation internationale la plus prestigieuse (y compris pour les ventes de vieux millĂ©simes aux enchères), Ă  savoir The MACALLAN, crĂ©Ă©e en 1824. Mais c’est aussi la rĂ©gion de marques très rĂ©pandues comme ABERLOUR, The GLENLIVET (dont on reparlera), The BALVENIE, crĂ©Ă©e en 1892 (et qui est une des dernières Ă  malter elle-mĂŞme son orge), etc…  et celle qui a parmi les distilleries les plus pittoresques, de vĂ©ritables images d’Epinal « antĂ©diluviennes Â» comme l’est celle de STRATHISLA du groupe CHIVAS Brothers (que possède Pernod-Ricard) avec ses magnifiques cheminĂ©es Ă  la toiture en pagode, distillerie qui est d’ailleurs une des plus anciennes d’Ecosse (1786), la plus ancienne Ă©tant en rĂ©alitĂ© The GLENTURRET (1775) dans cette mĂŞme rĂ©gion, et ensuite celle de BOWMORE sur l’île d’ISLAY (1779).

Donc ces fameux Highlands cachent sous ce terme gĂ©nĂ©rique une multiplicitĂ© de rĂ©gions et climats, reliefs, et de caractĂ©ristiques aromatiques liĂ©es Ă  la flore et aux sols, ce qui conduit Ă  parfois des contrastes Ă©tonnants d’une « sous-rĂ©gion Â» Ă  l’autre, ce qui rends plus complexe encore la notion de terroir qui peut s’y appliquer, les (plus ou moins) grands crus que sont en quelque sorte les Single-Malt  pouvant s’avĂ©rer parfois très diffĂ©rents d’une distillerie Ă  l’autre, qu’elles soient voisines ou non. C’est ce que nous allons voir en bref ci-après :

 

2/A : Les  Western HIGHLANDS, ou Hautes-Terres de l’Ouest :

 

Il s’agit des distilleries situĂ©es soit dans la rĂ©gion cĂ´tière près des Ă®les, au Nord-Ouest de Glasgow, comme OBAN, sur la cĂ´te, une assez ancienne distillerie (1794) qui produit un single-malt assez subtil, dĂ©licatement boisĂ© et marin Ă  la fois, suffisamment prisĂ©e par le public pour faire partie des « Classic Malts Â» du groupe Diageo, soit proche des montagnes, comme celle de BEN NEVIS (près du Mont Nevis, d’oĂą le nom de la  distillerie), crĂ©Ă©e en 1825, qui produit un whisky plutĂ´t boisĂ© et sec, devenant, en version âgĂ©e Ă©levĂ©e en fĂ»ts de sherry, très chocolatĂ©e et fruitĂ©e – cette distillerie appartient depuis 1989 au groupe NIKKA qui produit aussi du whisky japonais…(voir chapitre consacrĂ© au Japon).

 

 

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Les Hautes-terres de l'Ouest, avec ses châteaux, mais aussi ses Lochs (Loch Cluanie, Loch Duich, ...)- Photo: © Hugh

 

 

2/B : Les  Central HIGHLANDS, ou Hautes-Terres du Centre :

 

Au centre des Highlands, en dessous de la zone des Grampian Mountains, et au dessus des Lowlands, on trouve un certain nombre de distilleries (plus d’une dizaine, mais toutes ne sont pas en activitĂ©), dans une rĂ©gion riche en tourbières, en eau de source et au climat plutĂ´t propice, zone allant jusqu’à Aberdeen Ă  l’Est. De la plus petite, EDRADOUR, fondĂ©e en 1837, qui produit des whiskies au fruitĂ© particulier marquĂ© entre autres par la menthe acidulĂ©e – distillerie qui appartient au nĂ©gociant SIGNATORY VINTAGE), Ă  la plus ancienne (The GLENTURRET, fondĂ©e en 1775), de la plus confidentielle (comme NORTH-PORT, fermĂ©e en 1983 Ă  celles qui ont fait leur popularitĂ© grâce Ă  leur prĂ©sence notable dans des blends de grande qualitĂ© (je pense notamment Ă  la distillerie ABERFELDY qui alimente les blends de DEWAR’S) ou encore BLAIR ATHOL, ROYAL LOCHNAGAR (crĂ©Ă©e en 1845, et dont le prĂ©fixe correspond Ă  un anoblissement par la Reine d’Angleterre, qui l’apprĂ©cie particulièrement – c’est un malt assez subtil, et entre autres choses, Ă  la fois boisĂ©, chocolatĂ© et maltĂ©).     

C’est DALWHINNIE qui emporte la palme de la distillerie la plus isolĂ©e de cette rĂ©gion, une distillerie crĂ©Ă©e en 1897 en pleine montagne, et dont les whiskies font partie de la gamme « Classic Malts Â» de Diageo. Un Single-Malt qui doit sa popularitĂ© Ă  son goĂ»t de miel de bruyère assez irrĂ©sistible…son parfum qui plaĂ®t souvent aux nĂ©ophytes, mais que les connaisseurs ne s’y trompent pas, c’est un single-malt qu’on peut qualifier de « must Â» du whisky Ă©cossais. Son 15 ans est un classique, mais c’est le 36 ans qui est le chef d’œuvre de la distillerie. Comme hĂ©las nombre de distilleries du groupe Diageo, peu de versions sont produites, ce qui fait vite augmenter les prix des versions âgĂ©es mĂŞme de 20 ans.

 

 

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Le paysage désolé de vastes montagnes à peine interrompues par quelques forêts, près de la DALWHINNIE (Photo: © Hugh)

 

2/C : Les  Northern HIGHLANDS , ou Hautes-Terres du Nord :

 

LĂ  aussi, Ă  l’exception des Ă®les avoisinantes (les Orcades, notamment, au Nord-Est) , on trouve une dizaine de distilleries, presque toutes situĂ©es sur la cĂ´te Est, ou lĂ©gèrement Ă  l’intĂ©rieur des terres, donc en bord de mer ou de Fjord (« Firth Â» en Ă©cossais). Toutes produisent des Single-Malts renommĂ©s pour leur dĂ©licatesse et leur complexitĂ©, sur un registre Ă  la fois herbacĂ©, Ă©picĂ©, floral, fruitĂ© et maltĂ© : GLENMORANGIE, fondĂ©e en 1843, près de Tain, dans une des  plus magnifiques baies du Moray Firth, notamment, que j’ai eu la chance de visiter, produit des whiskies très dĂ©licats et très complexes, dans lesquels un parfumeur parisien Ă  un jour dĂ©celĂ© pas moins de 26 arĂ´mes diffĂ©rents ! Sa cĂ©lèbre salle des alambics, rĂ©cemment agrandie, possède les alambics les plus hauts d’Ecosse (plus de 5,13 m).

 

 

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L'impressionnante salle des alambics de GLENMORANGIE et ses anciens hauts alambics Ă  gin (Photo libre de droit)

 

La distillerie est aussi un pionnier reconnu des affinages, sous la houlette de Bill Lumsden, puisque c’est cette distillerie qui a réalisé pour la première fois au monde pour un whisky de malt, en 1993, une deuxième maturation de son single-malt vieilli d’abord en fûts de bourbon, puis en fût de Porto. LVMH, devenu "MHD" pour la France (Moët-Hennessy-Diageo en s'alliant à celui-ci pour certaines marques) possède depuis peu cette distillerie autrefois indépendante, qui est liée ainsi à celles de GLEN MORAY et ARDBEG (pour partie, des distilleries qui ne sont pas voisines pour autant. Non loin de là se situe sa véritable voisine, la distilllerie BALBLAIR, créée en 1790, qui appartient au groupe INVERHOUSE DISTILLERS, et produit des whiskies d’une grande générosité fruitée, herbacée, et délicatement boisée, qui tiennent remarquablement la distance dans le temps (il n’y a qu’à déguster ses malts de 38 ans pour s’en convaincre, les fûts sont remarquablement sélectionnés).

Plus au Nord, on trouve une curiositĂ©, une distillerie double, en quelque sorte, l’une, la mythique BRORA, fondĂ©e en 1819, puis fermĂ©e en 1983 par Diageo et l’autre, CLYNELISH, construite juste Ă  cĂ´tĂ© en 1969, toujours en activitĂ© de nos jours. BRORA, dont les single-Malts aux notes marines assez prĂ©sentes, mais aussi marquĂ©s par les herbes, Ă©taient marquĂ©s par les Ă©pices (la moutarde, notamment) et une proportion variable mais significative de tourbe plus que de fumĂ©e. Au fil du temps, les Single-Malts de la distillerie BRORA sont devenus de plus en plus recherchĂ©s pour leur intense saveur tourbĂ©e et ses notes d’agrumes (du sorbet au zeste de citron Ă  la tarte au citron meringuĂ©). Ses 30 ans d’âge, encore vendus en Ă©dition limitĂ©e brut de fĂ»t, par les mĂŞmes qui ont fermĂ© la distillerie, s’arrachent Ă  prix d’or (les stocks sont prĂ©tendument faibles, mais tout de mĂŞme, ils dĂ©passent plusieurs centaines d’euros la bouteille !). les CLYNELISH, eux, sont marquĂ©s par la cire, les agrumes, mais avec l’âge expriment davantage les herbes et les Ă©pices.

 

 

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Les anciens chais de la distillerie BRORA, aux formes caractéristiques (Photo: © Hugh)

 

Parmi les autres distilleries, c’est OLD PULTENEY (crĂ©Ă©e en 1826) qui est la plus au Nord, dans la ville de Wick, du nom du fondateur de cette ville portuaire, Sir William Pulteney. Ici, comme en tĂ©moigne l’illustration sur les bouteilles de la distillerie, marins et artisans travaillant Ă  la distillerie sont souvent les mĂŞmes, et les bateaux de pĂŞche sont vraiment l’emblème local par excellence. Un single-malt « tranquille Â», aux notes dĂ©licates fruitĂ©es, boisĂ©es, lĂ©gèrement marines, et dont les remarquables versions rĂ©centes (15 ans brut de fĂ»t ou 17 ans) font preuve d’un hĂ©donisme fruitĂ© assez exubĂ©rant. Autrement le 12 ans d’âge et son joli packaging ovale, avec le motif du chalutier reportĂ© sur la bouteille, tĂ©moigne d’un tempĂ©rament modĂ©rĂ©ment marin et fait office d’apĂ©ritif consensuel. Son 21 ans est un petit chef-d’œuvre d’équilibre.

 

3 /Le SPEYSIDE (surnommĂ© parfois « LE TRIANGLE D’OR Â»):

 

Cette rĂ©gion, situĂ©e Ă  l’Est des HIGHLANDS, dĂ©signe par convention tout ce qui est situĂ© entre les villes d’Aberdeen Ă  l’Est (et la rivière DEVERON), la rivière FINDHORN a Ă  l’Ouest, Inverness au Nord et le Mont Macdui (Ben Macdui) au Sud. NommĂ©e aussi par certains le « Triangle d’Or Â», car elle constitue la plus grande concentration de distilleries en Ecosse, voire au monde, il y a en effet (encore aujourd’hui) plus de 50 !  En fait cette rĂ©gion vallonneuse est abondante en rivières, dont certaines ont donnĂ© leur nom aux distilleries qu’elles abritent, que ce soit GLENFIDDICH pour dĂ©signer la « VallĂ©e de la rivière FIDDICH Â», The GLENLIVET pour « La VallĂ©e de la rivère LIVET et ainsi de suite. « Du cĂ´tĂ© de la rivière SPEY Â» pourrait ĂŞtre ainsi la traduction littĂ©rale du terme « SPEYSIDE Â». La rivière SPEY en effet, connue autant pour ses saumons que pour ses whiskies, prend sa source dans le Loch Spey, est longue de 172 km, et ses nombreux affluents  l’Avon, la Livet, mais aussi la Fiddich, la Deveron, la Lossie, etc…) dĂ©limitent en quelque sorte une zone d’environ 32 km sur 90, zone dans laquelle se situe 58 distilleries de malt. Montagneuse, longtemps peu accessible Ă  cheval (jusqu’à la fin du XVII ème siècle), cette rĂ©gion aux châteaux cĂ©lèbres et aux nombreuses sources, fĂ»t idĂ©ale pour dĂ©velopper une activitĂ© de distillation d’abord bien sĂ»r illicite, ce qui explique une telle concentration. Cela a favorisĂ© la distillation clandestine Ă  l’origine de la quasi-totalitĂ© des distilleries de la rĂ©gion encore prĂ©sentes aujourd’hui. L’eau, l’orge, et la tourbe* prĂ©sentes sur place en abondance (mĂŞme si l’orge utilisĂ©e n’a pas toujours Ă©tĂ© Ă©cossaise), ont aussi concouru Ă  assurer la pĂ©rennitĂ© de nombre d’entre elles, ainsi que le fait  que la consommation personnelle de whisky par les dĂ©tenteurs d’alambics clandestins Ă©tait autorisĂ©e au dĂ©part, Ă  condition de ne pas mettre en vente ce whisky.

 

 

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Les gigantesques installations de GLENFIDDICH, ici les entrepots de remplissage et les camions de la marque (Photo Â© Hugh recadrĂ©e)

 

 

L’histoire semble Ă©tablir que les problèmes de rĂ©pression auraient commencĂ© dès lors que les habitants du Speyside ont souhaitĂ© vendre leur whisky au dehors, afin d’avoir une source de revenu plus substantielle, ce que la couronne d’Angleterre n’était pas prĂŞte Ă  accepter sans contrepartie sonnante et trĂ©buchante. Dès lors la chasse aux alambics clandestins fĂ»t ouverte. Il faudra attendre la dĂ©but du XIX ème siècle, pour pouvoir goĂ»ter en toute quiĂ©tude du whisky de la distillerie The GLENLIVET, par l’intermĂ©diaire du Duc de Gordon, propriĂ©taire des terres ou le whisky Ă©tait produit, et ce grâce Ă  une visite du Roi George IV, qui avait entendu parler de ce whisky mais que personne n’osait lui servir. Il trouva le single malt tellement Ă  son goĂ»t qu’il dĂ©cida en 1823 d’autoriser sa production, de lĂ©galiser la distillerie : Son propriĂ©taire Ă©tait alors George Smith, qui dĂ©posa ensuite le nom, obtenant la licence en 1824, afin d’ Ă©viter que les nombreuses distilleries avoisinantes bĂ©nĂ©ficient de la notoriĂ©tĂ© du nom « GLENLIVET Â» qu’elles accolaient Ă  la fin du nom de leur distillerie. Par la suite, donc, The GLENLIVET sera la seule distillerie autorisĂ©e Ă  s’appeler ainsi, et pour Ă©viter toute confusion, fĂ®t ajouter Ă  son nom le prĂ©fixe « The Â» , tout comme la distillerie The MACALLAN. (le « The Â» en prĂ©fixe distingue d’ailleurs les versions officielles de ces distilleries des versions de nĂ©goce)  distillerie emblĂ©matique de cette rĂ©gion par son utilisation très Ă©tudiĂ©e d’ex-fĂ»ts de sherry.

 

 

 

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La grande distillerie The Glenlivet, rĂ©cemment rĂ©novĂ©e et agrandie, dans le paysage typiquement vallonnĂ© du Speyside (Photo:©  Hugh)

 

 

En gĂ©nĂ©ral peu ou pas du tout tourbĂ©s*, les whiskies de la rĂ©gion du SPEYSIDE sont plutĂ´t caractĂ©risĂ©s par des notes florales, fruitĂ©es et herbacĂ©es, avec une prĂ©sence de l’orge maltĂ©e et du sherry (xĂ©rès) plus ou moins marquĂ©s suivant la distillerie. Le fameux caractère fruitĂ© des whiskies de cette rĂ©gion dont le succès ne se dĂ©ment pas en ce qui concerne le public nĂ©ophyte, mais aussi connaisseur, est donc bien prĂ©sent (comme les agrumes, la pĂŞche, voire les fruits rouges et fruits mĂ»rs), mais pas aussi dominant qu’on pourrait le penser : Ainsi si le CARDHU 12 ans officiel est très nettement fruitĂ©, The GLENLIVET, de mĂŞme âge sera plus floral que fruitĂ©.

Le climat tempĂ©rĂ©, l’eau pure (l’eau des nombreuses rivières aux alentours est utilisĂ©e tant  pour brasser l’orge, que pour rĂ©duire le whisky une fois distillĂ© - ses eaux de source naturelles sont très populaires) influence les single-malts ,qui sont en gĂ©nĂ©ral plutĂ´t ronds, Ă©lĂ©gants et plus faciles d’accès pour les nouveaux venus que ceux d’autres rĂ©gions comme Islay par exemple. Bien des variantes aromatiques existent, du plus fruitĂ© et floral (CARDHU, The GLENLIVET) au plus charpentĂ© et marquĂ© par le sherry, le bois (GLENFARCLAS, The MACALLAN – du moins les versions 100 % en fĂ»t de sherry !) en passant par ceux qui prĂ©sentent plutĂ´t des notes de cĂ©rĂ©ales (orge maltĂ©e, brioche) comme par exemple The BALVENIE..ou de noisette (KNOCKANDO).

Tous porteront donc la mention SPEYSIDE sur l’étiquette des bouteilles, et parfois mĂŞme en plus de la mention de provenance gĂ©nĂ©rale Ă  l’intĂ©rieur de l’Ecosse (Highlands). Le succès de cette appellation d’origine contrĂ´lĂ©e en rĂ©alitĂ©, peut se comparer Ă  celui de la rĂ©gion de Bordeaux pour les vins français, respectivement, Ă©tant entendu que les ventes de vins sont bien sĂ»r infiniment supĂ©rieures Ă  celles des whiskies, et des single-malts Ă  fortiori. Le SPEYSIDE est Ă  coup sĂ»r, en volume, la rĂ©gion la plus « vendeuse Â» en France, par exemple.

 

 

 

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Paysage typique du Speyside: Un peu de montagnes, un peu de forêts, une rivière...(Photo: © Hugh)

 

 

NDLR : A noter, jusqu’au XIX ème siècle, les alambics des distilleries du SPEYSIDE Ă©taient non pas chauffĂ©s au gaz (comme souvent aujourd’hui) ou au charbon (comme encore il y a encore quelques dĂ©cennies), mais au feu de tourbe, et parfois abondamment, ces whiskies Ă©taient donc tous fumĂ©s et tourbĂ©s ! Par la suite, et surtout après 1860 (date de lancement des premiers blends), afin de fournir un distillat plus facile Ă  assembler pour les blends, et ce faisant, Ă  destination d’un plus large public, cette pratique fut quasiment abandonnĂ©e au XX ème siècle, pour ĂŞtre remplacĂ©e par le chauffage au gaz. Seules quelques distilleries de la rĂ©gion ont souhaitĂ© prĂ©senter au public des whiskies tourbĂ©s, qu’ils le soient en aval de la production (comme par exemple les expĂ©riences en Ă©ditions limitĂ©es de la distillerie The BALVENIE avec l’ Â« Islay Cask Â», Ă  la fin de maturation dans un fĂ»t ayant contenu du whisky d’Islay, et plus rĂ©cemment GLENFIDDICH avec le « Caoran Reserve Â»), ou en amont, Ă  l’ancienne (comme la distillerie BENRIACH, seule Ă  prĂ©senter en permanence au moins deux des single-malts de sa gamme en version tourbĂ©e (comme le « Curiositas Â» 10 ans ou l’ Â»AUTHENTICUS Â» 21 ans). La distillerie ARDMORE, situĂ©e elle plus au Sud, tourbe ses whiskies depuis longtemps, et encore de nos jours...

 

 

 

 

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La distillerie ARDMORE, une des rares distilleries à tourber encore ses single-malts (Photo: © Hugh)

 

 


3 b/ Les HIGHLANDS de L’EST (autour de la région du Speyside), ou Hautes-Terres du Nord-Est:

 

Dans cette partie de l’Ecosse qui n’est pas vraiment une région à part entière mais une partie du tout des Highlands n’appartenant ni au Speyside, ni aux régions de l’Ouest et du Nord avec des distilleries très typées et connues, l’on regroupe habituellement d’autres distilleries moins connues aujourd’hui mais non moins intéressantes sous le vocable d’Highlands de l’Est. Plusieurs de ces distilleries sot aujourd’hui fermées, telle DRUMGUISH (1895-1911). Mais non loin de son emplacement a été construite une autre distillerie toujours active, nommée The SPEYSIDE. Fondée en 1962, elle n’a pourtant été terminée qu’en 1987 et a commencé à produire qu’en 1990. C’est celle qui est la plus proche de la région du Speyside, au Sud, tandis que la plupart des autres que nous allons citer sont plutôt proches des Lowlands en réalité, ente Aberdeen au Nord-Est et Dundee au Sud. Il en est ainsi de GLEN MOHR (1892- 1983) distillerie fermée mais dont les malts délicatement boisés et aux notes de thé sont recherchés des connaisseurs et certains encore disponibles en versions de négoce, également de GLEN ALBYN (1846- fermée en 1983, puis détruite) bien plus confidentielle (seules de rares versions de négoce sont de temps à autre disponibles). Une autre distillerie, LOCHSIDE, fondée en 1957, en revanche, n’a cessé de produire qu’en 1992, et bien que ses chais aient été détruits en 1999, une partie de sa production est encore disponible auprès de négociants renommés en version relativement jeune, mais ce sont les versions les plus âgées qui donnent toute leur mesure au distillat, faisant preuve d’une belle complexité et finesse.

 

 

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La distillerie LOCHSIDE, fermée, mais dont on trouve régulièrement de beaux flacons chez les négociants (Photo: © Creative Commons)

 

 

Du cĂ´tĂ© des distilleries « sauvĂ©es du naufrage Â», on trouve dans le giron du groupe M.H.-Diageo la distillerie GLEN ORD, fondĂ©e en 1838 et qui est toujours active, trouvant rĂ©cemment une seconde jeunesse sous la forme d’un single-malt jeune dans la sĂ©rie des « The Singleton of Â»  du groupe (ou l’on retrouve Ă©galement les distilleries DUFFTOWN et AUCHROISK). Ses anciennes versions officielles, elles, sont assez recherchĂ©es. La distillerie GLENCADAM, elle,  crĂ©Ă©e en 1825 fut mise en sommeil en 2000 avant d’être rĂ©ouverte après son rachat par Angus Dundee, avant de reprendre sa production. C’est finalement FETTERCAIRN (dite Ă©galement OLD FETTERCAIRN), une des plus anciennes distilleries Ă  avoir obtenu la fameuse licence de distillation (elle date en effet de 1824), est propriĂ©tĂ© du groupe United Spirits via le groupe Whyte & Mackay. C’est une distillerie chère Ă  l’assembleur Richard Paterson, et toute la gamme a Ă©tĂ© rĂ©cemment refondue pour rĂ©pondre, dans ses versions âgĂ©es au repositionnement dans le luxe du groupe propriĂ©taire. Depuis peu, le groupe indien en question, United Spirits, a revendu Whyte and Mackay et ses distilleries de malt Ă  M.H.-Diageo. Le monde est petit finalement ! 

 

 

 

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La discrète distillerie FETTERCAIRN, dont les versions âgées donnent la pleine mesure du style maison (Photo: © Creative Commons).

 


Les Ă®les HĂ©brides (intĂ©rieures) :

 

4 / L'Ă®le d’ ISLAY:   

 

Cette île, située à l’Ouest de la presque île de Campbeltown, possède la réputation de produire les meilleurs whiskies d’Ecosse, selon un certain nombre de connaisseurs, mais certains considèrent que les plus marins des whiskies des Highlands du Nord les surclassent. En tout cas ce sont des whiskies qui ne laissent pas indifférents, car ils sont en général très typés (tourbe, fumée, iode, algues, sel, etc.. bref, marins au sens large). Les amateurs et débutants eux, habituellement les fuient comme la peste, car déjà du verre de whisky posé sur une table, une odeur puissante et caractéristique souvent assez médicinale, s’en dégage (la tourbe et/ou la fumée, d’abord). Un apprentissage progressif leur sera ainsi nécessaire pour qu’ils appréhendent les choses différemment, mais dans ce domaine aussi, même une initiation bien conduite ne saurait se substituer au goût de chacun, et faire apprécier des whiskies très particuliers, qui rappelont le, furent majoritaires ( je veux parler des whiskies tourbés, bien au-delà de ceux produits dans l’île ) en Ecosse avant 1860, et quelle que soit la région….

L’île produit des whiskies assez typĂ©s depuis au moins le XVIII ème siècle. Sa situation gĂ©ographique, Ă  l’Est de l’Irlande, fit de cette Ă®le d’après plusieurs sources, la probable première rĂ©gion Ă  avoir accueilli des moines irlandais, qui auraient introduit ainsi le whisky en Ecosse, mais la date en demeure toujours incertaine, mĂŞme si aux yeux de nombreux historiens du whisky, le fait semble Ă©tabli. La première rĂ©fĂ©rence officielle date de 1494, il s’agit d’une commande officielle d’ Â« acqua vitae Â» pour le Roi d’Ecosse Jacques VI. Les rĂ©cits des guerres et visite royales en Ecosse font Ă©tat qu’à cette Ă©poque, une cour puissante et influente rĂ©gnait sur l’île. Des artisans, des sculpteurs, des maçons et forgeurs de mĂ©taux y travaillaient. Cette Ă®le de 40 km de longueur sur 32 km de largeur que creuse deux bras de mer, le Loch Indaal et la Loch Guinard, est une terre fertile, tant pour l’orge que pour la tourbe, qui recouvre un quart de l’île !  C’est Daniel Campbell de Shawfield, dĂ©putĂ© de l’agglomĂ©ration de Glasgow, qui achète l’île dans son ensemble en 1725, et entreprend de repenser toute son activitĂ©, dont la partie qui nous intĂ©resse le plus sera que cela permettra de construire 12 distilleries, vers 1816, dans des conditions tumultueuses, au prix il est vrai notamment d’expropriations massives de paysans locaux. Il faut noter que cette rĂ©gion sera sous contrĂ´le des officiers des impĂ´ts qu’en 1850, toutes les distilleries Ă©tant jusque lĂ  illicites…

 

 

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Au Sud de l'ïle d'Islay, un moment de contemplation devant la mer, le dos à la distillerie LAPHROAIG (Photo: © Hugh)

 

Il faut aussi savoir que l’île a autrefois abritĂ© près de 21 distilleries au XIX ème siècle, selon le grand historien du whisky Alfred Barnard qui mentionne le Scotch Whisky Industry Record, dont une se prĂ©nommait « KILDALTON Â» (du nom d’un lieu ou figurent nombre de très vieilles croix celtiques) et n’a vraiment existĂ© que de 1849 Ă  1852, et une autre dĂ©nommĂ©e « OCTOMORE Â» (1816-1852) que le nĂ©gociant Murray Mc DAVID aimerait ramener Ă  la vie. Par ailleurs, si l’orge locale est utilisĂ©e et maltĂ©e en partie sur Islay, l’essentiel voire la totalitĂ© des whiskies de l’ile font metttre en bouteille leurs whiskies sur le continent, dans d’immenses entrepĂ´ts près de la ville de Glasgow, et la situation gĂ©ographique de ces distilleries la plupart très près de la mer, d’un port), avec de grands quais de dĂ©barquement, a Ă©tĂ© pensĂ©e Ă  cet effet. Un drĂ´le de paradoxe finalement pour des whiskies qui se veulent marins…Heureusement, pour le bonheur des amateurs, lorsqu’on dĂ©guste un CAOL ILA, par exemple, rien n’indique qu’il a entièrement Ă©tĂ© Ă©levé…en banlieue de Glasgow !

 

Au Nord-Est  d’Islay (Distilleries  BUNNAHABHAIN et  CAOL ILA):

 

Au Nord-Est de l’île, la distilllerie BUNNAHABHAIN, fondĂ©e en 1883, produit des Single-malts qui jusqu’en 2007 avaient la rĂ©putation d’être parmi les plus lĂ©gers de cette rĂ©gion, et avec comme caractĂ©ristique principale de ne pas ĂŞtre tourbĂ©s. Contrairement Ă  presque tous les autres whiskies de l’île. BUNNAHAHABHAIN Ă©tait donc sur des notes plutĂ´t herbacĂ©es, de fruits secs (noisettes), Ă  peine vanillĂ©es. Mais son statut de (seule, puisque BRUICHLADDICH produit des versions de plus en plus tourbĂ©es, en plus de ses « standards Â» peu tourbĂ©s) distillerie « Unpeated Â» (non tourbĂ©s) n’est maintenant plus d’actualitĂ©, puisque la distillerie a rĂ©cemment prĂ©sentĂ© (hiver 2007) sa première version tourbĂ©e, intitulĂ©e « TOITEACH Â» (voir chapitre des notes de dĂ©gustation). Cette distillerie est aujourd’hui la propriĂ©tĂ© de Burn Stewart Distillers, qui possède Ă©galement les distilleries DEANSTON et LEDAIG. Par ailleurs, signalons que lorsque le distillat vieilli bien, les rĂ©sultats peuvent ĂŞtre rĂ©ellement magnifiques, en tĂ©moignent certaines versions de nĂ©goce, et, dans une moindre mesure le 40 ans d'âge officiel (très fin mais très boisĂ©).

 

 

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Vue en contre-plongée de la salle des alambics de la distillerie BUNNAHABHAIN (Photo: © Hugh).

 

 

Non loin de lĂ  se trouve l’imposante distillerie de CAOL ILA, fondĂ©e en 1846, dĂ©truite en 1972, mais entièrement reconstruite en 1974 puis agrandie, et avec sa magnifique salle des alambics. Elle constitue la plus grande capacitĂ© de production de whiskies de l’île, soit près de 3 millions de litres par an. PropriĂ©tĂ© de Diageo et rĂ©cemment « promue Â» nouveau whisky de sa gamme « Classic Malt Â», la distillerie CAOL  ILA produit des Single-malts raffinĂ©s et assez tourbĂ©s, avec une texture grasse, souvent huileuse, et des notes assez caractĂ©ristiques de fumĂ©e mĂŞlĂ©es de notes anisĂ©es et terreuses (plus ou moins suivant les versions). Contrairement Ă  d'autres distilleries, il semble que le distillat de CAOL ILA soit Ă  son apogĂ©e plutĂ´t entre 8 et 14 ans qu'après 18 ans, mais il y a de belles exceptions...

Ce Single-malt, très prĂ©sent sur le marchĂ©, français notamment, et aussi bien en version officielle que de nĂ©gociants divers et de qualitĂ© très variable (allant du pire au meilleur- lĂ  aussi si vous hĂ©sitez, privilĂ©giez une version officielle ou d’un nĂ©gociant que vous connaissez) est aussi un des whiskies de prĂ©dilection des  assembleurs (Ă  destination des blended-whiskies et des blended-malts), pour son parfum intense et subtil et pour sa typicitĂ© Ă®lienne. Bien entendu, d’autres whiskies de cette Ă®le peuvent entrer dans les assemblages, mais tous en petite quantitĂ© sous peine d’écraser par trop de prĂ©sence les whiskies des autres rĂ©gions.

 

 

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Vue sur l'ïle de Jura depuis l'intérieur de l'immense salle des alambics de la distillerie CAOL ILA (Photo: © Hugh).

 

Au Nord-Ouest d'Islay (Distillerie KILCHOMAN):

 

La Distillerie KILCHOMAN, micro-distillerie indĂ©pendante, existe depuis 2002, mais Ă  cause de problèmes divers elle ne produit en continu que depuis 2006. Elle est une des rares distilleries (en Ecosse, et a fortiori sur l’île d’Islay) Ă  malter elle-mĂŞme son orge sur place (avec BOWMORE et LAPHROAIG). Les fĂ»ts de Bourbon utilisĂ©s proviennent de la distillerie amĂ©ricaine Buffalo Trace, mais la distillerie utilise aussi, plus minoritairement des fĂ»ts de Sherry Oloroso. Malcom Rennie, un ancien responsable des alambics d’ARDBEG, dirige cette distillerie, qui comporte un alambic de wash et un de still, et produit environ 100 000 litres d’alcool par an, soit environ 630 fĂ»ts de Bourbon et 40 Sherry Butts. Le distillat, ou « new make Â», Ă©tait dĂ©jĂ  disponible Ă  la vente sous forme d’échantillons de 5 cl alors que le whisky avait Ă  peine un an d'âge. C’est en 2009 que l’on aura enfin l’occasion de dĂ©guster le premier single-malt de la distillerie, nommĂ© « Inaugural Release Â» (et partiellement vieilli cette fois en fĂ»ts de Sherry). Depuis, la distillerie a produit plusieurs versions, dont une rĂ©gulière, Ă  partir de 2012, nommĂ©e "Machir Bay" (avec Ă  la fois des fĂ»ts de Bourbon & de Sherry) et avec un pourcentage de fĂ»ts plus âgĂ©s que les autres versions. C'est en 2011 que la distillerie propose une version dite "100 % ISLAY" (avec de l'orge produite par une ferme voisine lui appartenant) et par ailleurs la première Ă©dition 100 % Sherry casks.

 

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La salle des alambics de la distillerie KILCHOMAN, avec le coffre Ă  alcool au milieu de la photo (Photo: Â© Mike).

 

 

Au Centre  d’Islay (Distilleries BRUICHLADDICH et BOWMORE):

 

Au Centre de l’île, dans un petit village construit autour de la distillerie, se trouve donc la distillerie BRUICHLADDICH, celle qui fĂ»t Ă©galement connue comme « une des deux seules distilleries non tourbĂ©es d’Islay Â» ,sauf qu’elle a toujours utilisĂ© de la tourbe, en une faible proportion il est vrai (la version la moins tourbĂ©e ne fait que 2 ppm…). FondĂ©e en 1881 par les frères William et par John Gourley Harvey, elle a connu de nombreuses vicissitudes, a fermĂ© en 1929 pendant 9 ans, puis de nouveau en 1994, avant d’être rĂ©ouverte en 2000 grâce Ă  sa reprise et sa rĂ©novation complète par la sociĂ©tĂ© de nĂ©goce Murray McDavid, sous la houlette d’un triumvirat composĂ© entre autres de Jim McEWAN le maĂ®tre-distillateur (ancien directeur la distillerie BOWMORE, « renforcĂ© Â» par une Ă©quipe familiale de choc et de charme – Barbara et sa fille Lynne, les meilleurs ambassadrices du scotch qu’on puisse trouver !), et de Mark REYNIER.

Les Single-malts de la distillerie BRUICHLADDICH sont caractĂ©risĂ©s par d’abord l’absence de filtration Ă  froid et d’ajout de caramel (ce qui est aussi vrai pour les whiskies produits par la sociĂ©tĂ© de nĂ©goce), ils sont embouteillĂ©s Ă  46 %, le plus souvent. Les notes dominantes sont les agrumes, les herbes, de lĂ©gères notes marines (iode et sel), de manière modĂ©rĂ©e et Ă©quilibrĂ©e, mais aussi des Ă©pices Ă  foison, et plus rĂ©cemment, un caractère souvent assez alcooleux et vineux (pour les versions affinĂ©es). Certaines versions sont par contre davantage tourbĂ©es (comme les « 3D Â») ,etc… Voir rubrique des notes de dĂ©gustation Ă  venir. 2005 a Ă©tĂ© l’annĂ©e ou la distillerie a Ă©tĂ© pour la première fois en mesure d’utiliser de l’orge locale, et de manière gĂ©nĂ©rale, de plus en plus, c’est une production biologique qui est favorisĂ©e. C’est en 2006 qu’est embouteillĂ© le premier whisky issu de la nouvelle direction, le PORT CHARLOTTE Evolution (PC 5), un single-malt très tourbĂ© nommĂ© PORT CHARLOTTE en hommage Ă  une ancienne distillerie de l’île, aujourd’hui disparu: En effet, la Distillerie PORT CHARLOTTE, du nom d’une ancienne distillerie de l’île, a Ă©tĂ© relancĂ©e par la sociĂ©tĂ© de nĂ©goce Murray McDavid, en 2006, dans le village de Port Charlotte, sur le site d’une autre distillerie dĂ©funte (LOCH INDAAL 1829-1929). Plusieurs versions, dont rĂ©cemment la « P.C. 6 Â», fortement tourbĂ©es, ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© commercialisĂ©es avec succès depuis, le plus souvent en brut de fĂ»t. En 2012 & 2013, des Ă©ditions rĂ©duites Ă  46 % ont Ă©tĂ© commercialisĂ©es. Il existe mĂŞme des versions de nĂ©goce du PORT CHARLOTTE.

Parallèlement, Jim McEWAN a entrepris plusieurs expérimentations alternatives, notamment de distillations plus nombreuses (3 pour l'OCTOMORE, single-malt jeune mais très tourbé, et 4 pour le "X+4" de BRUICHLADDICH).

 

 

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La salle des alambics de BRUICHLADDICH, dans laquelle des distillats très variés ont pu être produits... (Photo: © Mike).

 

L’autre distillerie de cette partie de l’île, BOWMORE, fondée officiellement en 1779 non loin de la crique du Loch Indaal par David Simson, un fermier et un négociant de la région. C’est une des plus anciennes distilleries d’Ecosse et une de celles qui tendent à garder les méthodes de production traditionnelles (comme réaliser soit-même le maltage de la tourbe locale). BOWMORE utilise l’eau de la Laggan River (assez tourbée), mais fait bénéficier ses chais également des embruns de la mer qui lèche littéralement la facade de la distillerie. La tourbe est également abondante, mais si ce single-malt subtil est caractérisé par des notes tourbées, il n’est pas dominé par celles-ci comme chez nombre de versions de ses consoeurs plus au Sud de l’île, et s’avère dans ses versions âgées (ou dans ses 15 ans d’âge) d’une complexité enviée, avec des notes marines diverses (tourbe, algues, iode, sel), mais aussi des notes boisées, parfois chocolatées, épicées (anis étoilé) rehaussées d’une pointe de cerise. Souvent la note caractéristique sera florale, et notamment une note de violette, typique de BOWMORE. Mais certaines versions mettront plus en avant la tourbe, le boisé brûlé et les fruits mûrs.

C’est une distillerie Ă©galement très prisĂ©e par les collectionneurs en raison de la prĂ©sentation thĂ©matique (basĂ©e sur des lĂ©gendes locales et au-delĂ , sur le thème de la sirène, de monstres marins, de fantĂ´mes divers) des boĂ®tes contenant notamment la version courante sans prĂ©cision d’âge intitulĂ©e « Legend Â», ainsi que d’autres versions. Avant de renvoyer au chapitre des notes de dĂ©gustations, j’ajouterai que la rĂ©putation de la distillerie la plus prestigieuse est encore davantage celle qui est liĂ©e Ă  son 42 ans d’âge intilulĂ© « Black Bowmore Â», une version mythique vieillie en fĂ»ts de Sherry et très chère et dont le nez Ă  lui seul s’avère dĂ©jĂ  une expĂ©rience inoubliable…Sans parler des ses dĂ©clinaisons en version vieillie en fĂ»ts de Bourbon ("White Bowmore") ou en fĂ»ts de Bourbon & de Sherry ("Gold Bowmore"). Après de nombreuses fermetures et rĂ©ouvertures par d’autres propriĂ©taires, la distillerie se stabilisera enfin Ă  l’occasion de son entrĂ©e en 1994 dans le groupe Morrisson Bowmore (qui inclut Ă©galement les distilleries AUCHENTOSHAN et GLEN GARIOCH) que possède le cĂ©lĂ©bre groupe et distillerie japonaise SUNTORY.

 

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La salle des alambics de la distillerie BOWMORE, avec leurs formes caractéristiques (Photo: © Mike).

 

 

Au Sud-Est d’Islay (Autrefois PORT ELLEN et toujours LAPHROAIG, LAGAVULIN, ARDBEG):

 

Au Sud-est de l’île, se trouvent les distilleries qui sont en général les plus lourdement tourbées de l’île. Mais il y a un monde entre certaines vieilles bouteilles d’une douceur exquise et les jeunes versions brut de fût souvent assez violentes de ces mêmes distilleries. Ici, les bateaux accostent dans le port qui porte aussi le nom d’une distillerie fermée, à savoir PORT ELLEN. De cette distillerie fondée en 1825 par deux précurseurs du whisky, il ne reste plus qu’une aire de maltage qui sert aux distilleries voisines, et deux des trois cheminées en pagode.

Ce whisky mythique, dĂ©sormais très recherchĂ© par un certain nombre d’amateurs, est encore disponible auprès de certains nĂ©gociants, mais aussi auprès de dĂ©taillants spĂ©cialisĂ©s qui vendent peu Ă  peu des embouteillages officiels provenant du stock (ou devrait on dire « trĂ©sor de guerre Â») que s’est constituĂ© la sociĂ©tĂ© Diageo, bouteilles en Ă©ditions très limitĂ©es commercialisĂ©es en brut de fĂ»ts uniquement. Toutes ces versions, lorsqu’elles respectent le caractère extrĂŞmement raffinĂ© de la distillerie, sont d’inestimables preuves du savoir-faire Ă©cossais Ă  son apogĂ©e encore dans les annĂ©es 1980, et tĂ©moignent du caractère exceptionnel de ce single-malt en termes d’équilibre, de notes marines suaves et crĂ©meuses, de notes fumĂ©es et cendrĂ©es du plus bel effet, et de notes florales, fruitĂ©es sans Ă©gal Ă  mon sens. Voir Ă  se sujet tant l’historique consacrĂ© Ă  cette distillerie et les notes de dĂ©gustation dans les pages Coup de CĹ“ur et dans le corps des notes de dĂ©gustation.    

 

 

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La facade maritime de la distillerie PORT ELLEN, ou plutôt des chais & aires de maltage utilisées aujourd'hui par d'autres distilleries de l'île.

Les "lettres" sont devenues en quelque sorte un lieu de pèlerinage pour les passionnés du whisky (Photo: © Hugh).

 

Non loin de lĂ , se trouvent, par ordre de proximitĂ©, la voisine LAPHROAIG, puis LAGAVULIN, enfin la distillerie ARDBEG. La distillerie LAPHROAIG (fondĂ©e en 1815 par ceux qui se faisaient appeler les « frères Johnston Â»), comme ses deux immĂ©diates voisines, fait tourber son malt de manière assez importante, mais les notes de fruits exotiques de son distillat et le rĂ©sultat harmonieux et peu tourbĂ© de certaines versions âgĂ©es fait parfois oublier cet aspect tourbĂ©-fumĂ© assez prĂ©sent. Son brut de fĂ»t de 10 ans d’âge est certainement un des whiskies les plus accomplis de la distillerie, voire de l’île, mais leur 10 ans d’âge rĂ©duit qui un est des whiskies rĂ©duits d’Islay les plus populaires auprès des nĂ©ophytes. La distillerie possède Ă©galement un des sites internet ou les consommateurs inscrits comme « amis de la distillerie Â», sont parmi les plus vivants.

L’amateur de LAPHROAIG peut ainsi par simple inscription après l’achat d’une bouteille, se retrouver possesseur (fait rare) d’une parcelle de terre sur Islay, près de la distillerie qu’il est invitĂ© Ă  visiter en toute convivialitĂ©. Avec un whisky comme le « Quarter Cask Â», et sa 2ème maturation dans des fĂ»ts plus petits, elle a cherchĂ©  Ă  renouer avec ses racines, afin de proposer un single-malt qui se rapprocherait le plus possible de ce qu’il Ă©tait il y a une centaine d’annĂ©es (voir notes de dĂ©gustation).

 

 

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Les aires de maltage de la distillerie LAPHROAIG, une des rares distilleries écossaises à en exploiter encore une (Photo: © Hugh).

 

 

La distillerie LAGAVULIN, elle a la chance de faire partie de la sĂ©lection dite « Classic Malts Â» initiĂ©e par la sociĂ©tĂ©  propriĂ©taire Diageo, et Ă  ce titre bĂ©nĂ©ficie de moyens publicitaires considĂ©rables, et d’une excellente distribution. Cette distillerie qui date officiellement de 1816 remonte Ă  bien plus loin semble t’il, jusqu’à au moins 1742 (clandestinement s’entend !), et elle Ă©tait double (une autre Ă©tait nommĂ©e « Kildalton Â»). C’est en 1837 que seule une deux distilleries survit sous ce nom, sous la houlette de Donald Johnston. LAGAVULIN produit un single-malt très tourbĂ©, très fumĂ© et marin, mais cela peut Ă©voluer suivant les versions. La plus cĂ©lèbre bouteille de LAGAVULIN auprès du grand public a longtemps Ă©tĂ© la bouteille de couleur verte dans lequel se trouve un des rares 16 ans d’âge du marchĂ© français du whisky de malt, notamment en grandes surfaces. En effet, cela semble « l’âge de raison Â» ou l’âge optimal pour cette distillerie. Elle a prouvĂ© qu’elle pouvait Ĺ“uvrer Ă©galement dans la subtilitĂ© lors de l’édition en double maturation d’un LAGAVULIN utilisant une maturation finale en fĂ»ts de Sherry Pedro Ximenez, en amplifiant encore sa palette aromatique. Pour l’évolution rĂ©cente des productions de la distillerie, voir au chapitre des notes de dĂ©gustation.

 

 

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La salle des alambics de LAGAVULIN, avec ses alambics en forme de poire, et, "Ă  l'arrivĂ©e", un distillat très fin  (Photo: © Hugh).

 

 

Enfin, la dernière à l’Est sur la carte, la distillerie ARDBEG, fondée en 1815 et quelque peu mise à mal par la suite, puis mise en sommeil en 1981, vit une seconde naissance depuis sa reprise en main par le groupe GLENMORANGIE Plc en 1997 (puis partagée entre les groupes Diageo et LVMH plus récemment), et réouvre ses portes avec une production régulière (et beaucoup de brut de fût jeunes dernièrement) et la vente de vieux millésimes toujours plus recherchés et toujours plus chers hélas. Victimes de la spéculation, ces millésimes d’environ 30 ans d’âge ne se vendent plus désormais à moins de 300 euros, mais ils sont aussi parmi les whiskies considérés par quelques spécialistes comme les meilleurs au monde… Jugez vous-même, si toutefois vous avez accès à ces versions. Là aussi, fort heureusement, il existe encore des versions plus abordables pour satisfaire l’amateur comme le connaisseur.

 

 

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Une vue insolite de la distillerie ARDBEG, depuis l'arrière, avec l'ancien alambic qui annonce le parking (Photo: © Hugh).

 

 

 

5 / La presqu’ile de CAMPBELTOWN (région du MULL OF KINTYRE):

   

A la fois ville emblĂ©matique du style des whiskies produits dans cette rĂ©gion, et nom de cette rĂ©gion entière, plus connue sous le nom de « Mull fo Kintyre Â» (nombreux sont ceux qui connaissent d’ailleurs davantage la chanson de Paul Mc Cartney du mĂŞme nom que les whiskies de la distillerie SPRINGBANK par exemple), CAMPBELTOWN est une petite ville situĂ©e au sud de la rĂ©gion du Mull ( = pĂ©ninsule ) de Kintyre, entre l’île d’ISLAY et celle d’ARRAN. Elle fĂ»t fondĂ©e par Archibald CAMPBELL, 7ème Duc d’Argyll, en 1699. C’est une ville qui compte aujourd’hui plus de 6000 habitants.. Les trois distilleries subsistant aujourd’hui sont toues situĂ©es au Sud de la presqu’île.

LĂ  encore, cette rĂ©gion Ă©tait particulièrement propice Ă  la production de whisky, pour des raisons tant Ă©conomiques (approvisionnement aisĂ© et quasi-illimitĂ© en eau et en tourbe, mais aussi en orge – SPRINGBANK Ă©tant une des seules distilleries Ă  malter elle-mĂŞme son orge et maĂ®triser le processus d’élaboration de son whisky jusqu’à la mise en bouteilles, voire mĂŞme la vente – voir plus loin - d’oĂą la mention « Local barley Â» sur d’anciennes versions) que stratĂ©giques (la rĂ©gion Ă©tant suffisamment Ă©loignĂ©e du pouvoir royal central anglais pour dĂ©courager des visites trop frĂ©quentes des officiers de contrĂ´le et de recouvrement des impĂ´ts (nommĂ©s « esxcise men Â»).

 

 

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Une vue partielle des chais de SPRINGBANK, dont une partie est réservée à la maturation de fûts d'autres distilleries pour le négociant Cadenhead's,

liĂ© Ă  la maison J.& A. Mitchell, propriĂ©taire de SPRINGBANK (Photo: Â© Hugh).

 

 

Cette rĂ©gion autrefois foisonnante en distilleries (en 1824, on en dĂ©nombrait plus de 50,  pour 3,5 Millions de litres de whisky, selon le grand historien du whisky Alfred Barnard, puis Ă  la fin du XIX ème siècle, il n’en restait plus qu’une vingtaine (les chiffres oscillent entre 21 et 23 distilleries pour une production de 10 Millions de litres Ă  l’époque, ce qui est Ă©norme (le chiffre est Ă©gal Ă  la production annuelle d’une des plus grosses distilleries du monde, GLENFIDDICH), comparĂ© Ă  aujourd’hui ou la production est beaucoup plus faible, et ou il ne reste que 3 distilleries dont une seule en activitĂ© stable (SPRINGBANK),et en production intermittente (GLEN SCOTIA), plus une bien plus rĂ©cente (GLENGYLE).  La crise de 1930, la prohibition amĂ©ricaine (on exportait en effet beaucoup de whisky d’Ecosse, très apprĂ©ciĂ© aux Etats-Unis, notamment en provenance de l’Ile d’Islay, et de Campbeltown, non loin), le succès grandissant des whiskies des rĂ©gions du Speyside et des Lowlands, et il faut bien le dire semble t’il une certaine surproduction, auront raison des trois quarts des distilleries de la rĂ©gion, et ce dès 1934.

Les whiskies de cette rĂ©gion surnommĂ©e par Barnard « La cĂ´te du whisky Â», avaient au XIX ème siècle une rĂ©putation inĂ©gale, allant du meilleur (on raconte qu’un blended- whisky ou blended-malt composĂ© de SPRINGBANK et d’un autre whisky local aujourd’hui disparu constituait « le plus grand whisky de toute l’écosse Â» aux dires des amateurs) au pire : Certaines distilleries d’antan Ă©tant soupçonnĂ©es de rĂ©utiliser pour la maturation de leurs whiskies d’anciens tonneaux ayant contenu des harengs !  Le grand Ă©crivain du whisky Charles MacLEAN le mentionne dans son ouvrage « Le whisky Pur malt Â» et nous informe du surnom peu ragoĂ»tant de ces whiskies, Ă  savoir « poisson puant Â» ! Dieu merci, nous sommes loin aujourd’hui de cette situation !

 

 

Springbank_chaine_embouteillage

Une vue (au repos) de la chaîne d'embouteillage de SPRINGBANK, distillerie artisanale qui maîtrise la quasi-intégralité du processus

de fabrication du whisky (seule l'orge n'est pas toujours locale).-Photo: © Hugh

 

 

C’est la famille MITCHELL, grâce Ă  la crĂ©ation de la « J & A MITCHELL Co Ltd Â», qui acquiert en 1828 la principale distillerie de cette rĂ©gion, la prestigieuse SPRINGBANK. Cette sociĂ©tĂ© va, en partenariat avec la sociĂ©tĂ© CADENHEAD’S, commercialiser les trois whiskies produits dans les alambics de la distillerie  (SPRINGBANK, LONGROW et HAZELBURN), mais Ă©galement exercer le commerce de nĂ©goce d’autres whiskies d’Ecosse et d’autres alcools dont le rhum ( rĂ©gulièrement utilisĂ© pour affiner certaines versions de la distillerie, en plus du bourbon, du sherry, voire du madère ). Fait Ă©galement rare, cette affaire familiale l’est toujours, car c’est Hedley G. WRIGHT, arrière arrière petit-fils d’Archibald MITCHELL (le fondateur) qui la dirige aujourd’hui.

Si certains journalistes et Ĺ“nologues du whisky ont parfois du mal Ă  se mettre dâ€accord sur la qualitĂ© des whiskies de la distillerie SPRINGBANK aujourd’hui, il n’en demeure pas moins que c’est une des distilleries Ă©cossaises Ă  avoir la meilleure fortune critique dans le temps : Un journaliste du Times Ă©lu mĂŞme en 1983 SPRINGBANK « 1er Grand Cru ClassĂ© Â» , au mĂŞme titre qu’un vin de type PETRUS. Aujourd’hui encore, cette distilllerie est rĂ©gulièrement louĂ©e pour la qualitĂ©, l’équilibre et le caractère marin unique (les notes salĂ©es et de noix de coco notamment) de ce single-malt de caractère charpentĂ© et Ă©picĂ© pour les versions jeunes, gourmand et d’une grande profondeur pour les versions âgĂ©es, que ce soit sous embouteillage officiel (de la distillerie) ou indĂ©pendant (des nĂ©gociants). Les anciennes versions, souvent de 25 Ă  40 ans  d'âge (comme les « Local Barley Â» par exemple) sont très recherchĂ©es. Voir le chapitre des notes de dĂ©gustation…

 

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Une ancienne version officielle de SPRINGBANK, dans la prestigieuse série des "Local Barley", ici un des

single-cask millĂ©simĂ© "1966" (Photo  © T.W.E. )

 

 

Les single-malts de cette distillerie sont dĂ©clinĂ©s en plusieurs versions, une version peu tourbĂ©e (SPRINGBANK), une non tourbĂ©e (HAZELBURN, du nom d’une ancienne distillerie locale), et une tourbĂ©e et fumĂ©e ( LONGROW ). Autres particularitĂ©s, tous ces whiskies sont non filtrĂ©s Ă  froid et souvent rĂ©duits Ă  46 %, un degrĂ© intermĂ©diaire entre les 40 % standards et les bruts de fĂ»ts, et ils sont distillĂ©s quasiment trois fois (« 2,5 fois Â» dit on ici) au lieu de deux pour la plupart des malts Ă©cossais. La distillerie de GLEN SCOTIA, en partie gĂ©rĂ©e par les MITCHELL, l’autre par la Loch Lomond Distillery Co, Ă©labore par intermittence des single-malts souvent non tourbĂ©s, plutĂ´t herbacĂ©s et aux notes d’amande et de guimauve, et sont pour certains (notamment l’ancienne Ă©dition 14 ans officielle) d’une fraĂ®cheur inouĂŻe….Enfin, la dernière distillerie de la rĂ©gion, GLENGYLE, tente de ressusciter le whisky d’une ancienne distillerie du mĂŞme nom, et produira, vers 2014, les premiers single-malts d’âge "convenable" sous le nom de KILKERRAN, mais a dĂ©jĂ  lancĂ©, dès le printemps 2009, son premier single-malt. Plus de 5 versions diffĂ©rentes ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© commercialisĂ©es.

 

 

GLEN_SCOTIA_14_ans_2004_40

L'ancien 14 ans d'âge de la distillerie GLEN SCOTIA, un malt d'une belle fraîcheur derrière l'austérité du packaging, chose qui ne semble jamais

avoir été le fort des propriétaires de la distillerie, à en juger leur dernier "forfait" avec le relookage complet de la gamme en 2013, qu'on n'ose

même pasreproduire ici tellement c'est hideux ! (Photo: © Grégoire Sarafian).

 

 

Les autres rĂ©gions, et Ă®les :

 

 

6 /Les Autres Ă®les -L’Archipel des Orcades : ORKNEY ISLANDS:

 

Cet archipel de 70 Ă®les, situĂ© au Nord-Est de l’Ecosse, juste en dessous des Ă®les Shetland sur la carte, est la zone de production de whisky d’Ecosse la plus septentrionale, c'est-Ă -dire la plus près du pĂ´le (Nord en l’occurrence), mais aussi la plus Ă©loignĂ©e de la capitale. C’est bien entendu ce qui permit permit aux distillateurs clandestins d’échapper pendant longtemps aux officiers des impĂ´ts de la couronne britannique, les fameux « excise men Â», ce qui est colportĂ© par de nombreux rĂ©cits et lĂ©gendes. Les anecdotes savoureuses ne manquent pas Ă  ce sujet, les Ă©glises de l’île principale n’ayant pas abritĂ© que des croyants, mais bel et bien des stocks de whisky illicites produits dans l’île, sous couvert parfois de cĂ©rĂ©monies dĂ©plorant la perte de personnes dues Ă  une hypothĂ©tique Ă©pidĂ©mie de peste, destinĂ©es uniquement Ă  effrayer les inspecteurs !

Après de nombreuses invasions (les Vikings l’occupent dès le 8 ème siècle, en témoigne le dessin d’un drakkar sur certains embouteillages de SCAPA, l’un des deux single-malts subsistant dans la région aujourd’hui) et occupations, notamment par le Danemark, l’archipel, riche d’une histoire de plus de 5000 ans, ne fut rattachée à l’Ecosse que seulement depuis le XV ème siècle, en 1468, littéralement vendue par le roi du Danemark à James II d’Ecosse. Cette île accueillait encore au XIX ème siècle jusqu’à 9 distilleries, mais il n’en subsistera plus que deux par la suite.

A noter, traditionnellement, l'on a coutume de rattacher cette distillerie à la région des Highlands, même si son histoire et son whisky sont bien différents...

 

 

Highland_Park_Orkney_Megalith

Une pierre levée ou mégalithe des îles Orcades (Orkney Islands), symbole du passé ancien et partagé de cet archipel (Photo: © Hugh).

 

 

 

FondĂ©e en 1798 par David Robertson, HIGHLAND PARK, la distillerie la plus cĂ©lèbre de l’île principale, ou « mainland Â», est aussi une des plus anciennes, et bĂ©nĂ©ficie des sources de la fontaine de Cattie Maggie, et bien entendu utilise largement la tourbe locale, abondante. Les actuels proprĂ©taires (depuis 1935), Highland Distillers, devenus partie intĂ©grante de The Edrington group, sont un conglomĂ©rat de distilleries de single-malt (comme par exemple The Glenrothes, The Macallan, ou Tamdhu). Ils produisent, entre autres, des blends aussi populaires que The Famous Grouse ou bien Ă©galement Cutty Sark. Ils sont Ă©galement partenaires de la fameuse et très ancienne maison de nĂ©goce Berry Bros & Rudd. Riche en tourbe et en bruyère, Ă©levĂ© Ă  la fois en fĂ»ts de bourbon et en fĂ»ts de sherry (pour de nombreuses versions d’ailleurs il l’est majoritairement ou totalement), le HIGHLAND PARK est un des single-malts les plus complexes et les plus aboutis d’Ecosse, de l’avis gĂ©nĂ©ral, mais aussi un des plus abordables question prix : Son 18 ans d’âge est probablement le meilleur 18 ans d’âge disponible actuellement par rapport Ă  ses concurrrents (en tout cas l'ancienne version d'avant le relooking de 2007). Il entre aussi de manière dĂ©tectable et dĂ©lectable dans la composition du blend le plus populaire d’Ecosse, The FAMOUS GROUSE, mais aussi d’autres blends comme CUTTY SARK ou LONG JOHN. A noter, le single-malt HIGHLAND PARK est ainsi utilisĂ© pour 50 % de sa production Ă  destination d’assemblage pour des blended-whiskies.

L’île principale, abrite Ă©galement des sites classĂ©s au patrimoine mondial de l’Unesco, comme de nombreux sites mĂ©galithiques, que ce soient les pierres levĂ©es de Maes Have, le cercle de mĂ©galithes dit « Ring of Brodgar Â» (mis en valeur sur le packaging du HIGHLAND PARK 18 ans jusqu’en 2006), et d’autres encore…

 

 

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Quelques uns des embouteillages de HIGHLAND PARK de ces dix dernières années (Photo: © Grégoire Sarafian).

 

 

Une autre distillerie, un peu plus au Sud de l’île, SCAPA, près de la cĂ©lèbre baie de Scapa ou « Scapa Flow Â», dans laquelle au cours de la première guerre mondiale la flotte allemande, acculĂ©e, y aborda, puis, prise au piège s’y saborda, non sans laisser nombre d’épaves qui tronent parfois encore Ă  la surface tels des vestiges d’un autre monde.

La distillerie, qui domine cette fameuse baie, fût créée en 1885 par J.T. Townsend, a connu de nombreuses fermetures et mises en sommeil, et sa production fut longtemps réservée aux blends, à destination notamment de ceux produits par BALLANTINE’S, aujourd’hui encore d’ailleurs c’est encore le cas à 95 %. Auparavant disponible en France sous la forme d’un 12 ans d’âge (jusqu’à la fin 2005 environ), léger, boisé,vanillé, légèrement marin, il est disponible aujourd’hui dans très peu de versions officielles, quelques unes éditions limitées âgées (dont un 25 ans d’âge en brut de fût), bien entendu de nombreuses versions de négoce, et donc principalement en version officielle de 14 ans d’âge depuis 2005.

 

 

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La distillerie SCAPA, souvent méconnue, mais dont le malt alimente avec bonheur nombre de blended-whiskies. (Photo:© Creative Commons).

 

 

A peine marin (surtout des notes de caramel au beurrĂ© salĂ©), le SCAPA 14 ans est marquĂ© par sa maturation rĂ©alisĂ©e essentiellement voire uniquement en fĂ»ts de Bourbon, lui donnant un boisĂ© particulier, des notes maltĂ©es et vanillĂ©es, et un caractère onctueux qui en font un apĂ©ritif très apprĂ©ciĂ©. Il Ă©voque parfois mĂŞme davantage un bourbon lĂ©ger qu’un scotch. Le plus rĂ©cent 16 ans d'âge, lui, est assez diffĂ©rent, davantage marquĂ© par les esters, le caramel, et les Ă©pices douces. La distillerie appartient depuis 2005 au groupe Pernod-Ricard. A base de malt non tourbĂ© et utilisant une source (fait rare) lointaine d’un kilomètre de la distillerie (l’eau est acheminĂ©e Ă  travers une sorte de « pipe-line Â» et ne provient pas des nombreuses sources avoisinantes, mais du sommet d’une colline baignĂ©e d’eau de pluie, et parsemĂ©e entre autres de bruyère). Autre particularitĂ©, une roue gĂ©ante de moulin jouxte la distillerie, elle alimentait la distillerie, mais elle n’est plus utilisĂ©e de nos jours. A dĂ©faut, elle constitue nĂ©anmoins un bel Ă©lĂ©ment dĂ©coratif.

    

 

      7/ Les Autres Ă®les, les HĂ©brides  (intĂ©rieures) : JURA, ARRAN, MULL et SKYE:

 

L’île de JURA (Distillerie ISLE OF JURA):

 

L’ile de JURA, avec ses nombreux cerfs et ses palmiers, son climat tempĂ©rĂ© (grâce au Gulf Stream) et ses fameux pics montagneux jumeaux surnommĂ©s « The Paps of Jura Â», a tout de la destination touristique rĂŞvĂ©e, elle surprend par sa luxuriance, sa richesse, et …l’anciennetĂ© de la production de ses whiskies. Certaines sources font Ă©tat du caractère prĂ©curseur de la fondation de ses distilleries, peut ĂŞtre mĂŞme dès le XVI ème siècle, voire mĂŞme que ISLE OF JURA  serait en rĂ©alitĂ© la plus ancienne distillerie d’Ecosse, de par l’influence qu’aurait eu la visite de moines en provenance d’Irlande et porteurs du secret de la distillation, ce après avoir initiĂ© certains producteurs clandestins de lâ€Ă®le voisine d’Islay. Il est encore difficile de s’en assurer aujourd’hui, les archives manquent…. Au-delĂ  de cette hypothèse, il est Ă©tabli que l’unique distillerie actuelle de l’île, ISLE OF JURA, anciennement une distillerie clandestine, mais dont le site de production (Ă  dĂ©faut des bâtiments) daterait de 1810, a vu une licence ĂŞtre accordĂ©e Ă  William Abercrombie en 1831. Laird Archibald Cambpell (le nom de Fletcher est parfois mentionnĂ© en lieu et place) la dirige ensuite pendant 20 ans. La rĂ©putation du whisky d’alors Ă©tait d’être très tourbĂ©, dans l’esprit de ceux de l’île d’Islay.

 

 

 

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Bord de mer sur l'île de Jura (Photo: © Hugh).

 

 

Après de nombreux changements et conflits divers, ainsi qu’une longue fermeture de 1914 Ă  1958, elle est entièrement reconstruite par le cĂ©lèbre architecte des distilleries William DelmĂ© Evans, grâce aux capitaux de la societĂ© Scottish & Newcastle Breweries. Le nombre de ses alambics est doublĂ© en 1978. La distillerie appartient aujourd’hui (peut ĂŞtre pour peu de temps car un groupe financier indien en aurait pris le contrĂ´le en 2007) au groupe Whyte & MacKay Ltd, et parmi les personnalitĂ©s hautes en couleur du whisky qui veillent Ă  la qualitĂ© de ses whiskies citons le maĂ®tre-distillateur et assembleur Richard Patterson Ă  la cĂ©lèbre moustache, et Willie TAIT, un ambassadeur rĂŞvĂ© pour JURA tant ses explications en vidĂ©o des malts de la distillerie sont enjouĂ©es et donc communicatives. Par ailleurs, le single-malt ISLE OF JURA entre bien entendu dans la composition des blends nommĂ©s eux-mĂŞmes Whyte & MacKay. La caractĂ©ristique des single-malts ISLE OF JURA disons des quarante dernières annĂ©es (si l’on excepte la rĂ©cente version « Heavily Peated Â», très tourbĂ©e) est d’être plutĂ´t sur des notes modĂ©rĂ©ment tourbĂ©es et Ă©troitement mĂŞlĂ©es Ă  des notes de miel de bruyère, de torrĂ©faction (voire de cafĂ© sucrĂ©) et de fumĂ©e lĂ©gère, bien sĂ»r en proportions variables suivant les versions, avec parfois des Ă©quilibres Ă©tonnants et assez populaires (je pense Ă  la version nommĂ©e «Superstition Â»). Son 40 ans d’âge est comme une apothĂ©ose, un accomplissement de raffinement et de maĂ®trise du bois exceptionnelle, pour un single-malt qui vieillit visiblement très bien. La tradition a des beaux jours devant elle…

Enfin, signalons que l’île est avant tout cĂ©lèbre pour le monde littĂ©raire pour avoir Ă©tĂ© « le théâtre Â» de la rĂ©daction d’un cĂ©lèbre roman d’anticipation du XX ème siècle, « 1984 Â», Ă©crit en 1948 par George ORWELL. Une Ă®le qui inspire aujourd’hui bien plus de sĂ©rĂ©nitĂ©, par exemple  dans les jardins de JURA House…Slainthe to you, Richard !

 

L’île d’ ARRAN (Distillerie ARRAN):

 

Cette Ă®le très fleurie et Ă  la faune abondante (phoques, cerfs, aigles royaux), cĂ©lèbre notamment par ses rosiers, n’abrite plus aujourd’hui qu’une seule distillerie (au lieu de 50 !) , une des plus rĂ©centes d’Ecosse, ARRAN,  fondĂ©e en 1995 sur le site de Lochranza par Harrold CURRIE, ancien directeur des blends de Chivas Regal, notamment, travaille au sein de sa nouvelle sociĂ©tĂ© ISLE OF ARRAN Distillers Ltd. C’est en 1998 que le premier whisky, un trois ans d’âge, est commercialisĂ© sans filtrage Ă  froid ni coloration, un single-malt d’emblĂ©e diffĂ©rent Ă©galement car Ă®lien mais non tourbĂ© et Ă  peine pourvu de notes marines. ARRAN est en rĂ©alitĂ© plutĂ´t) dominante florale (lavande, violette) et fruitĂ© (raisin blanc), Ă©picĂ© et dĂ©licatement sucrĂ© (amandes). PlutĂ´t prĂ©coce, sa version sans prĂ©cision d’âge, un 5 ans, suivie en 2006 par le premier 10 ans d’âge de la distillerie montre dĂ©jĂ  les belles qualitĂ©s florales de ce malt qui aurait pu très bien naĂ®tre dans la rĂ©gion du Speyside. La distillerie a prĂ©sentĂ© son premier 16 ans d'âge en 2013, en plusieurs Ă©ditions dont deux limitĂ©es, single-cask (Sherry) et brut de fĂ»ts de premier ordre.

 

 

 

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Mais non il ne fait pas que pleuvoir en Ecosse, la preuve cette photo prise sur l'île d'ARRAN (Photo: © Hugh).

 

 

Afin de se faire connaĂ®tre, au dĂ©but des annĂ©es 2000, la distillerie, ne disposant pas encore d’un whisky de l’âge symbolique de 10 ans, et mĂŞme par la suite, va prendre le parti (contestĂ©) de multiplier les versions alternatives de son 5 ans d’âge, en procĂ©dant par affinage systĂ©matique et Ă  degrĂ© non rĂ©duit, en fĂ»ts de vins de France, d’Italie et d’ailleurs, de vins doux naturels (comme le Marsala) mais aussi de spiritueux les plus divers (Calvados, Cognac, etc…), mais aussi de Champagne. Se reporter Ă  ce sujet aux comparaisons dans le chapitre des notes de dĂ©gustations. La rĂ©ussite est diverse, et l’initiative fait des Ă©mules parmi d’autres distilleries plus âgĂ©es, entraĂ®nant un effet de mode, loin des premières expĂ©riences très contrĂ´lĂ©es du pionnier GLENMORANGIE. Il faut noter quelques belles rĂ©ussites cependant. Cette  distillerie, une des rares Ă  demeurer indĂ©pendante, est distribuĂ©e en France par La Maison du Whisky. Elle produit Ă©galement de blends comme le Robert BURNS, un hommage au cĂ©lèbre poète Ă©cossais, et entre dans l’élaboration du LOCH RANZA. A noter, le maĂ®tre-distillateur, Gordon Mitchell, chose rare, est irlandais !

 

L’île de MULL  (Distillerie LEDAIG / TOBERMORY):

 

C’est une des plus grandes Ă®les de l’Ouest abritant une distillerie, la plus grande après l’île de Skye. Très proche gĂ©ographiquement du port de de la distillerie d’OBAN, l’île qui possĂ©dait plusieurs distilleries au XIX ème siècle (un refrain connu, hĂ©las !) , n’abrite plus dĂ©sormais qu’une seule distillerie, au nord de l’île, dans  le port de Tobermory, qui donne ainsi son nom Ă  certains des whiskies produits ici. FondĂ©e en 1795 par le marchand John Sinclair, elle ne fut au maximum de sa production qu’en 1823 et fut mise en sommeil de 1930 Ă  1972, ce qui est très long pour une distillerie. Après de multiples pĂ©ripĂ©ties, dont la remise en marche par LEDAIG Distillers Ltd, le nouveau single-malt produit par cette sociĂ©tĂ© portera le nom de LEDAIG, et sera plutĂ´t tourbĂ©, marin, ce qui n’empĂŞchera pas la mise ne sommeil de la distillerie quelque annĂ©es plus tard et jusqu’en 1989. C’est Ă  cette date que le groupe Burns Stewart Distillers rachète la marque, et propose Ă  la fois un single-malt nommĂ© LEDAIG, plus ou moins tourbĂ©, et un autre sous le nom de TOBERMORY, non tourbĂ©, plus sucrĂ© (cafĂ©) et plus doux, entre agrumes et herbes.

 

 

 

Tobermory_Ledaig_Mull_Ph_CC

Le centre d'accueil de la distillerie TOBERMORY (ou LEDAIG) sur la très pittoresque île de Mull (Photo: Colin Kinnear, sous licence de Creative Commons).

 

Le 10 ans d’âge est un bon malt d’introduction au whisky, il est facile d’accès. Les LEDAIG eux, peuvent ĂŞtre très tourbĂ©s pour certaines versions âgĂ©es, plutĂ´t fumĂ©s (comme la dernière version en date - produite Ă  partir de 2007), dans un Ă©quilibre remarquable entre notes fruitĂ©es, fumĂ©es et tourbĂ©es (voir l’ancien 7 ans d’âge, d’une maturitĂ©, prĂ©coce), ou extrĂŞmement feutrĂ© et fin, Ă  peine tourbĂ© comme le millĂ©sime « 1983 Â», un 20 ans d’âge, d’une bien subtile dĂ©licatesse. Certaines de ses bouteilles millĂ©simĂ©es « 1974 Â» sont très recherchĂ©s, et sont soit marquĂ©s par une tourbe sophistiquĂ©e, soit par une atypicitĂ© provenant d’un Ă©levage en fĂ»ts de sherry (courant notamment chez les indĂ©pendants). En dĂ©finitive, ce qui Ă©tonne c’est la fraĂ®cheur indĂ©niable des jeunes versions, qui impressionnent par leur prĂ©cocitĂ© et leur qualitĂ© de tourbe, des single-malts qui n’ont rien Ă  envier Ă  leurs concurrents d’Islay.

 

L’île de SKYE  (Distillerie TALISKER, nĂ©gociant PRABA NA LINNE):

 

La plus grande Ă®le d’Ecosse est aussi celle dont le relief est le plus accidentĂ©, une Ă®le coupĂ©e en son centre par les Monts Cuillin, avec un passĂ© volcanique et des conditions peu propices Ă  la fabrication et au transport du whisky (non seulement il faut faire venir l’orge, mais il a longtemps Ă©tĂ© mal aisĂ© de trouver un point d’accostage pour les bateaux chargĂ©s de transporter les fĂ»ts !). Cette Ă®le surnommĂ©e « L’île aux brouillards Â» (nom gaĂ©lique de l’île, abritait autrefois une dizaine de distilleries encore au XIX ème siècle, mais une seule Ă  survĂ©cu (et mĂŞme Ă  un incendie en 1960, toute la salle des alambics a d’ailleurs due ĂŞtre reconstruite), Ă  savoir la cĂ©lèbre TALISKER. C’est la distillerie situĂ©e la plus au Nord Ouest (on pourrait presque parler d’HĂ©brides extĂ©rieures) de l’Ecosse.

 

 

 

Majestueuse_Ile_de_Skye

La majestueuse et volcanique île de Skye, qui abrite la distillerie TALISKER... (Photo: © Hugh).

 

 

FondĂ©e en 1830 au bord du Loch Harport par Hugh et Kenneth Mac Askill, dans des circonstances peu glorieuses, par expulsion des cultivateurs locaux Ă  bail de leur terme, elle connut beaucoup de difficultĂ©s de gestion et de production jusqu’à son acquisition par la D.C.L. (Distillers Company Limited), en 1925, qui deviendra par la suite U.D.V. (United Distillers and Vintners), et plus rĂ©cemment Diageo, ou il figure en bonne place dans sa gamme « Classic Malts Â» depuis 1998. Il est intĂ©ressant de noter que jusqu’en 1928, ce single-malt Ă©tait distillĂ© trois fois.

Aujourd’hui la distillerie possède un système de refroidissement et d’alambics de forme spĂ©ciale qui lui permet de pratiquer en quelque sorte une « double-première distillation Â» qui,  selon elle, explique cette si grande finesse. Le 10 ans d’âge, très rĂ©pandu, est le fleuron Ă©picĂ© et fruitĂ© (Ă  peine tourbĂ© et fumĂ©) des « Classic Malts Â», et un des rares single-malts disponibles en grande surface qui titre Ă  45,8 % d’alcool. Ses versions plus âgĂ©es, maintes fois primĂ©es, que ce soit le 18 ans rĂ©duit, les brut de fĂ»t de 20, 25 ans et plus, sont très prisĂ©es des connaisseurs, pour leur fraĂ®cheur, leur fruitĂ© et une certaine minĂ©ralitĂ© qui, toutes proportions gardĂ©es Ă©voquent pour moi de grands vins d’Alsace…Certaines versions de nĂ©goce (ADELPHI, DOUGLAS LAING, SMWS, etc...) peuvent ĂŞtre rĂ©ellement splendides...

L'île abrite également une maison de négoce, PRABA NA LINNE, qui commercialise des assemblages (surtout des blended-whiskies, mais aussi des blended-malts) comportant un certain pourcentage de distillat provenant de chez TALISKER, sous des noms exclusivement gaéliques: Les plus célèbres car distribués en France (même si uniquement via le réseau de cavistes opérant avec leur importateur/distributeur La Maison Dugas) sont les blends TE BHEAG (prononcer: "TCHE VEG") et MACNAMARA, et les blended-malts ISLE OF SKYE (légèrement tourbé) et POIT DHUBH (prononcez "POCH DU").


8 /  «  AVANT / APRES Â» , en bref….

 

ou un mot sur les anciennes distilleries d’Ecosse du XX ème siècle fermĂ©es avant 1975, notamment sur les autres Ă®les privĂ©es de distilleries aujourd’hui, et sur les perspectives de crĂ©ation de distilleries, et distilleries très rĂ©centes :

 

-« AVANT Â» :

 

Autres Iles  ayant abritĂ© des distilleries :

 

L’île de BUTE (à proximité d’ARRAN)

L’île de TIREE (à l’Ouest de l’île de MULL)

 

Presqu’île de CAMPBELTOWN:

 

 

 

Hazelburn_old_dist_stillhouse_barnard

La salle des alambics de l'ancienne distillerie HAZELBURN (1825-1925) telle que décrite par une gravure, entre autres médiums, dans le célèbre ouvrage d'Alfred BARNARD (voir ci-dessous). Aujourd'hui c'est la distillerie SPRINGBANK qui fait revivre le nom de la distillerie.

 

 

VoilĂ  ci-dessous quelques unes des 37 distilleries de cette rĂ©gion ayant fermĂ© avant 1930, recensĂ©es entre autres par le grand Ă©crivain spĂ©cialiste du whisky au XIX ème siècle Alfred BARNARD, dans son cĂ©lèbre ouvrage de rĂ©fĂ©rence (encore rĂ©Ă©ditĂ© de nos jours !) "The Whisky Distilleries of the United-Kingdom" (1887) sachant que ce ce nombre a Ă©tĂ© plus Ă©lĂ©vĂ© auparavant. Merci Ă©galement Ă  Richard PATERSON qui a travaillĂ© dans sa jeunesse Ă  Campbeltown et traite du sujet dans son dernier livre « Goodness Nose Â» (2008). Je ne mentionnerais ici pour des raisons de place que celles qui subsistent encore ou ont fermĂ© après 1900, sauf exception utile :

 

-ALBYN (1830-1927)

-ARDLUSSA (1879-1923)

-BENMORE (1868-1927)

-CAMPBELTOWN (1815-1924)

-DALINTOBER (1832-1925)

-GLENGYLE (1873-1925 / N’existe plus, mais a été reconstruite à partir de l’année 2000, est active et les premiers single-malts **sont disponibles depuis 2009 sous le nom de "KILKERRAN").

-GLEN NEVIS (1877-1923)

-GLEN SCOTIA (1832- toujours active)

-GLENSIDE (1830-1926)

-HAZELBURN (1825-1925 / N’existe plus mais « revit Â» comme autre single-malt de la distillerie SPRINGBANK, celui-ci distillĂ© trois fois et non tourbĂ©)

-KILKERRAN (1872-1925 / N’existe plus, mais « revit Â» comme nouveau single-malt de la nouvelle distillerie GLENGYLE **)

-KINLOCH (1823-1926)

-LOCHEAD ou LOCHEAD (1824-1928)

-LOCHRUAN (1835-1925)

-LONGROW (1824-1896 / N’existe plus mais « revit Â» comme autre single-malt de la distillerie SPRINGBANK, celui-ci distillĂ© deux fois et tourbĂ©)

-RIECLACHAN (1825-1934)

-SPRINGBANK (1828- toujours active)

-SPRINGSIDE (1830-1926)

 

 

-« APRES, voire très bientĂ´t »:

 

Ile d’ISLAY :

-La Distillerie GARTBRECK du serait en projet sur l'ïle, via le distillateur français Jean Donnay (de GLANN AR MOR en Bretagne), non loin de la distillerie BOWMORE, près d'un lieu nommé Gartbreck Farm. A confirmer ! Cela en ferait théoriquement la 9 ème distillerie de l'île (si l'on compte PORT CHARLOTTE à part de BRUICHLADDICH).

 

Iles SHETLANDS :

-La distillerie BLACKWOOD est situĂ©e Ă  Catfirth, sur le site d’une ancienne base aĂ©rienne de la Royal Air Force, au sud de l’île principale. A 60 degrĂ©s de latitude nord, elle est dĂ©sormais la plus septentrionale d’Ecosse, dĂ©tronant la « tenante du titre Â» jusqu’ici, Ă  savoir HIGHLAND PARK, sur les Ă®les Orcades. Les conditions climatiques (qui profitent d’un mini-effet Gulfstream) ont convaincu les propriĂ©taires de choisir ce lieu, sans compter par ailleurs l’apport d’une source d’eau naturelle d’une grande puretĂ© Ă  proximitĂ©, et de tourbe locale datant de l’âge de bronze, Ă  en croire le site internet de la distillerie. NĂ©anmoins, le maltage et l’origine de l’orge seront « continentales Â» (traduire proviendront de l’île principale, vers Glasgow). Une petite partie de l’orge sera locale, dĂ©nommĂ©e « Bere Barley Â», c'est-Ă -dire d’une variĂ©tĂ© d’orge très ancienne, introduite par les Vikings dans le Nord de l’Ecosse. La destination de la distillerie est de produire des single-malts « classique Â»( vieillis dans des fĂ»ts de Bourbon), comme des finitions (Sherry, Madère, Porto, etc…), mais aussi de proposer des versions tourbĂ©es, dit on modĂ©rĂ©ment. Elle devait opĂ©rationnelle depuis fin 2006, mais pour raisons financières, sa mise en production est retardĂ©e en 2009. Le projet est fortement compromis.

 

Ile de SKYE :

-La distillerie LADYBANK a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e en 2006 par les membres d’un club privĂ©, dans le comtĂ© de Fife, Ă  mi-chemin entre St ANDREWS (cĂ©lèbre pour son golf) et la capitale EDINBURGH, dans la rĂ©gion mĂŞme ou l’on a Ă©tabli la première vente d’orge (« a frère Corr, Huit balles de malt pour faire de l’uisge beatha Â») destinĂ©e Ă  la production de whisky, en 1494. Elle annonce sur son site internet le caractère qu’elle souhaite le plus limitĂ© en quantitĂ© et confidentiel de sa production de whisky, qui Ă©quivaudra Ă  la production d’environ maximum 200 fĂ»ts par an. Il y a encore pas mal d’incertitudes quant Ă  la pĂ©rennitĂ© de ce projet.

 

Ile de LEWIS :

Un projet semble bel et bien en passe d’être rĂ©alisĂ© sur cette Ă®le, Ă  Carnish (c’est l’île la plus au nord ouest de l’Ecosse, et une des plus grandes). La distillerie ABHAINN DEARG (« Rivière rouge Â», en gaĂ©lique) est donc opĂ©rationnelle depuis 2008, avec une capacitĂ© de près de 20000 litres. Le premier single-malt, nommĂ© « The Spirit of Lewis Â» a dĂ©ja Ă©tĂ© commercialisĂ© en 2011. D'autres mises en bouteille ont suivi depuis, et les premières bouteilles du "new spirit" se vendent dĂ©jĂ  Ă  prix Ă©levĂ©.

 

 

 

 

Abhainn_Dearg_chais

Aperçu des chais de la nouvelle distillerie ABHAINN DEARG, sur l'île de LEWIS (Photo: © Abhainn Dearg distillery).

 

 

 

 

Ile de BARRA :

Un projet menĂ© par Peter Brown, en hommage Ă  l’échouage du navire le S.S. Politician en 1941 (le film « Whisky Galore Â» ayant Ă©tĂ© tournĂ© sur une Ă®le non loin de lĂ ), est normalement en train d’être rĂ©alisĂ© Ă  l’heure ou ces lignes sont Ă©crites, avec en prĂ©vision une production qui dĂ©buterait en 2011 et les premières ventes de single-malts en 2014. Il semble que les premiers fĂ»ts se sont dĂ©jĂ  vendus Ă  près de 1000 livres chacun Ă  des amateurs du monde entier,

 

 

RĂ©gion de CAMPBELTOWN :

-La distillerie GLENGYLE est gĂ©rĂ©e (depuis les premières Ă©tapes du projet en 2000, jusqu’à sa concrĂ©tisation en 2004 au dĂ©but de la production) par la famille J & A MITCHELL, Ă©galement propriĂ©taire de la distillerie voisine SPRINGBANK. Reconstruite Ă  partir d’élĂ©ments provenant notamment de l’ancienne distillerie BEN WYVIS (pour ses alambics).Les premiers single-malts, du nom de KILKERRAN, une ancienne distillerie (1872-1925) Ă©taient initialement prĂ©vus pour le printemps 2007, mais il semble qu’il y ait eu soit un retard, soit qu’apparemment la distillerie souhaite plutĂ´t attendre pour produire un 10 ans d’âge (peut ĂŞtre prĂŞt pour l’annĂ©e 2010 ? ). Des prĂ©-ventes en ligne de plus de 700  bouteilles, non filtrĂ©es Ă  froid et titrant 46 % , vieillis dans diffĂ©rents types de fĂ»ts sont annoncĂ©es sur le site internet de la distillerie. Attention, il ne faut pas confondre avec le vatted-malt GLENGYLE (le nom n’était pas disponible pour crĂ©er un nouveau single-malt).

 

RĂ©gion des HIGHLANDS / SPEYSIDE :

- Une nouvelle distillerie du groupe MH-DIAGEO est née, elle se nomme ROSEISLE et est située près de la ville d’Elgin, dans le Speyside, à Roseisle, précisément.Sa production sera essentiellement destinée aux nouveaux pays émergents que sont la Chine, La Russie, l’Inde ou le Brésil. Ces pays sont de nouveaux pays importateurs de whisky, en quelque sorte, car la demande est autrement plus importante qu’auparavant (jusqu’à 85 % d’augmentation pour les deux pays les plus demandeurs, la Chine et l’Inde). La distillerie, qui produit depuis 2009, utilisera les malteries locales déjà existantes, polluera moins que les anciennes distilleries, et dispose de 14 alambics, pour production prévue de 10 millions de litres, aussi importante que celle de Glenfiddich…

- Une nouvelle distillerie doit naître à l’initiative du négociant DUNCAN TAYLOR, vers Huntly, un projet lancé en 2007, mais pas elle n’est pas encore construite, et ne possède pas encore de nom. La tendance des négociants à racheter ou se faire construire une distillerie, pour limiter les sources d’approvisionnement des whiskies au maximum, risque d’augmenter à l’avenir, étant donné la crise générale, y compris celle concernant les céréales. Il semble aux dernières nouvelles que ce projet soit retardé (à suivre).

 

A noter : Bien qu’il ne s’agisse pas d’une nouvelle distillerie, KININVIE (existant depuis 1990), distillerie de la ville de Dufftown, qui appartient Ă  William Grant & sons, et alimente ses blended whiskies (ainsi que le blended malt « Monkey Shoulder Â»), a acceptĂ© de commercialiser de manière limitĂ©e et « protĂ©gĂ©e Â» (le single-malt est coupĂ© avec une faible proportion de The Balvenie), en lançant en 2006 un whisky nommĂ© « HAZELWOOD Reserve Â», en 15 ans d’âge, puis un 17 ans d’âge en 2008.

 

RĂ©gion des LOWLANDS :

- La micro-distillerie DAFTMILL, appartenant Ă  la famille Cuthbert, a dĂ©jĂ  commencĂ© Ă  produire : SituĂ©e Ă  Cupar, dans le comtĂ© de Fife, elle a obtenu sa licence dès 2003, mais bien entendu doit attendre la pĂ©riode rĂ©glementaire des 3 ans de maturation pour proposer ses whiskies Ă  la vente en tant que tels. Elle annonce d’ores et dĂ©jĂ  que l’orge utilisĂ©e sera locale, et qu’il en va de mĂŞme pour l’approvisionnement en eau (source Daftmill Spring), situĂ©e près de la ferme DAFTMILL, qui reste une exploitation agricole. D’une capacitĂ© de 65000 litres,  elle avait la possibilitĂ© de rendre disponible une première mise en bouteille en 2009, mais prĂ©fère attendre encore.

 

- Le groupe William Grant & sons, lui, a fondé en 2007 la distillerie d’AILSA BAY, près de Girvan, sur la côté ouest. La localisation choisie, près des distilleries de grain d’Ecosse, donne une idée de sa destination principale, alimenter la production de blended whiskies, et ce à grande échelle. La production est prévue pour atteindre les 6 millions de litres. Trois types de single-malts doivent y être produits, un léger, un plus lourd et une version tourbée.

 

-Une autre nouvelle distillerie, KINGSBARNS (de la Kingsbarns Company of Distillers Ltd), est en construction dans une ancienne exploitation agricole située près de St Andrews, dans le comté de Fife, elle devrait être opérationnelle en 2011 et produira 90 000 litres. C’est un groupe d’hommes d’affaires mené par Doug Clement & Greg Ramsay qui dirige ce projet, avec l’assistance de Bill Lark, directeur de la Lark Distillery en Tasmanie en Australie, comme consultant. Le site est la propriété de la famille de Sir Peter Erskine, autre membre du projet, depuis 1688. Les deux alambics sont fabriqués en Australie, et le style de whisky recherché est celui des Lowlands, mais le mode de maturation utilisera pleinement les fûts de type Quarter Cask (comme ceux de la Lark Distillery pour obtenir un single-malt qui serait près à 5 ans d’âge. Depuis 2013 nous savons que le négociant écossais Wemyss va enfin permettre ce projet de se réaliser.

 

 

 

 

 

 

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