JAPON

Présentation historique et descriptive des Whiskies Japonais :

 

 

 

 

1/ Les différents types de whiskies

2/ Histoire et description du whisky japonais

 

 

 

1/Les différents types de Whiskies :

 

Les BLENDED WHISKIES (ou BLENDS):

 

Il s'agit d'assemblages Ă  base d’orge maltĂ©e avec sĂ©chage sur feu de tourbe (japonaise !) ou non, ils sont le fruit d’une double distillation. Les types de fĂ»ts utilisĂ©s sont soit le mĂȘme type de fĂ»ts  que les Ă©cossais, soit une partie (voire tout) de fĂ»ts rĂ©alisĂ©s sur place Ă  partir de chĂȘne local (Mizunara = ChĂȘne rouge japonais, mentionnĂ© sur les Ă©tiquettes aussi comme "japanese oak"). Les blended-whiskies japonais sont souvent de grande qualitĂ© (pas tous certes, mais beaucoup-en tout cas la plupart de ceux qui sont en en vente en Europe), et concurrencent assez bien (aromatiquement parfois les  blends Ă©cossais. Par contre, ils sont parfois Ă©galement « rectifiĂ©s au caramel Â» eux aussi. Mais ils ne cessent de progresser. Certains sont devenus lĂ©gendaires, tant par leur contenant que par leur contenu, tel le SUNTORY HIBIKI 17 ans qui s’est retrouvĂ© Ă  l’affiche d’un film de Sofia COPPOLA « LOST IN TRANSLATION Â»,  dont le personnage principal, jouĂ© par l’acteur Bill MURRAY doit faire la publicitĂ©, ce qu’il peine Ă  faire puisque son verre contient du whisky factice ! Nombre d'entre eux ont Ă©tĂ© primĂ©s dans des concours internationaux...la liste des distinctions serait trop longue Ă  citer, je vous renvoie donc aux sites officiels des principaux groupes producteurs, comme NIKKA et SUNTORY, mais aussi Ă  celui de Number One Drinks, par exemple.

 

 

 

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Le blended-whisky japonais sans doute le plus connu en France, le NIKKA "From the Barrel" qui titre 51,4 % (Photo : © Hugh).

 

 

Les BLENDED-MALTS:

(Ă  noter, au Japon on utilise encore l'expression "PURE-MALTS")

 

Il s'agit d'assemblages de whiskies japonais (et parfois d'autres ! -du scotch est en effet utilisĂ©, encore aujourd'hui, majoritairement en provenance des distilleries Ă©cossaises que possĂšdent les deux "grands", Ă  savoir Nikka et Suntory) de type Single-Malts, et rĂ©duits le plus souvent Ă  43 ou 45 %. Ce sont en gĂ©nĂ©ral des blended-malts trĂšs apprĂ©ciĂ©s car trĂšs expressifs, qu’ils soient tourbĂ©s ou non. MalgrĂ© les recommandations de l’association de dĂ©fense du whisky Ă©cossais (S.W.A.), les japonais persistent Ă  employer le terme de « Pure-Malts Â» pour les dĂ©signer, mais ils contiennent une telle proportion de single-malts (bien supĂ©rieure aux "purs-malts" les plus courants en Ecosse) qu’on leur pardonne ! De plus, lĂ  aussi, un certain nombre d’entre eux les concurrencent depuis les annĂ©es 90 et parfois surclassent nombre de blended-malts Ă©cossais et mĂȘme certains single-malts par leur qualitĂ©, leur finesse et leur complexitĂ©. La qualitĂ© est donc souvent au rendez-vous, mais ne serait-ce qu’un peu ironiquement, certains d’entre eux incluent une forte proportion de Single-malts Ă©cossais dans leur assemblage, et ce dĂ©sormais sans s’en cacher
Le public et les connaisseurs, eux, suivent, et les ventes ne cessent de progresser depuis quelques annĂ©es.

 

 

 

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Un blended-malt atypique et rare, "Double-Distilleries", par Ichiro's Malt, propriétaire des distilleries HANYU (en tout cas du stock

de fûts de cette distillerie fermée), et de CHICHIBU (la plus jeune distillerie japonaise) -Photo: © Hugh

 

 

Les SINGLE-MALTS:

 

Il s'agit de whiskies provenant d’une seule distillerie, et constituĂ©s de nombreux fĂ»ts d’annĂ©es diffĂ©rentes (si la bouteille porte une mention d’ñge, ce sera celui du plus jeune entrant dans la composition) ou d’un assemblage de fĂ»ts de la mĂȘme annĂ©e (il est alors millĂ©simĂ©) ou d’un petit nombre de fĂ»ts (small batch) ou d’un seul fĂ»t (single-cask). Ils sont gĂ©nĂ©ralement rĂ©duits par adjonction d’eau Ă  40, 43 ou 45 % d’alcool par volume, de par l’évaporation annuelle ou non rĂ©duits ("cask strength", ou en français "brut de fĂ»t"). L’expĂ©rience acquise au dĂ©part de l’histoire des distilleries japonaises par ses fondateurs, dont Masataka TAKETSURU explique que trĂšs vite la qualitĂ© va ĂȘtre au rendez vous. Ayant Ă©tudiĂ© durant plus de 3 ans le fonctionnement des distilleries Ă©cossaises, il en retient l’art de l’assemblage, mais surtout la nĂ©cessitĂ© absolue d’utiliser ce qu’il y a de meilleur Ă  chaque Ă©tape de la fabrication d’un whisky, et petit Ă  petit cela conduira le Japon Ă  ĂȘtre presque autonome, Ă  fabriquer lui-mĂȘme ses fĂ»ts, et utiliser de la tourbe locale. Les Single-Malts de la distillerie YOICHI en sont un des meilleurs exemples, par le sĂ©rieux, le soin qu’il leur est apportĂ© expliquent les prestigieux prix de whisky de l’annĂ©e (tous pays confondus) obtenus notamment en 2001. Il est hĂ©las encore difficile d’avoir accĂšs en Europe aux productions des quelque 12 distilleries recensĂ©es ici, l’on espĂšre donc un effort d’importation plus grand vers l’Europe dans un proche avenir, car il existe maintenant une forte demande pour les whiskies japonais, mais hĂ©las aussi une forte spĂ©culation, ce qui nous conduira Ă  une certaine rĂ©serve parfois, que le lecteur me pardonne...Depuis 2013 aussi, les prix augmentent car le marchĂ© intĂ©rieur japonais commence Ă  ĂȘtre aussi davantage rĂ©ceptif Ă  ses propres productions.

 

 

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Le YAMAZAKI 18 ans d'ùge, produit par le groupe SUNTORY, un classique des single-malts japonais (Photo :© Hugh, recadrée).

 

 

Les SINGLE-GRAINS:

 

Il s'agit de whiskies provenant d’une seule distillerie, mais de grain (blĂ©, maÏs, avoine, seigle,etc
) Ă  85 % et d’orge non maltĂ©. Un type de whisky plus neutre en goĂ»t ayant surtout servi Ă  alimenter les assemblages des blends. Plus rĂ©cemment, l’on a redĂ©couvert les qualitĂ©s des vieux single-grains, souvent proches des bourbons, mais aussi des irlandais. Peu sont disponibles. Ils sont soit rĂ©duits Ă  40 ou 45 %, soit utilisĂ©s,  vendus tels quels, non rĂ©duits (cask strength), comme l’étonnant "Coffey Grain" de NIKKA, mais attention, n’y cherchez pas de goĂ»t de cafĂ© s’il vous plaĂźt, car il s’agit en rĂ©alitĂ© d’un hommage au pĂšre des alambics Ă  distillation continue : En effet, Aeneas COFFEY, un irlandais, perfectionne 1830 le procĂ©dĂ© inventĂ© en rĂ©alitĂ© par Robert STEIN en 1826. COFFEY, qui est irlandais de ce type d'alambics, permets avec cette invention de distiller en continu et Ă  moindre coĂ»t l'alcool de grain (ce n'Ă©tait pas possible avant). On le nomme aussi "alambic Ă  colonne" ou "patent still", par opposition aux alambics charentais ou les "pot stills" Ă©cossais qui servent Ă  distiller les single-malts. Ce sont Ă  peu prĂšs les mĂȘmes qu'en Irlande, pour faire court)
Il est fort Ă  parier, dans les annĂ©es Ă  venir, que fort du succĂšs depuis plusieurs annĂ©es notamment des Single-grains, que le Japon en proposera d’autres, qu’il faudra guetter attentivement !

Pour le moment, les seuls single-grains disponibles en France ont été le "Single-grain" de chez NIKKA, soit en version single-cask et brut de fût, soit en version réduite à 45 %, et certains single-grains ùgés (souvent des single-casks) provenant de distilleries fermées comme Kawasaki, commercialisés par la société de négoce "Number One Drinks" et distribués en France via La Maison du Whisky.

 

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Un single-grain de 27 ans provenant de la distillerie KAWASAKI, qui est fermée mais dont le négociant

Number One Drinks a sorti quelques bouteilles il y a quelques années (Photo : © Hugh).

 

 

2/Histoire et description du whisky japonais :



Avertissement :  Pour ceux qui ne le connaĂźtraient pas, il me faut vous prĂ©venir que loin d’ĂȘtre anecdotiques ou de simples plagiats,  les whiskies japonais ont su s’imposer ces derniĂšres annĂ©es grĂące des compĂ©titions internationales ou, dĂ©gustĂ©s Ă  l’aveugle par les plus grands spĂ©cialistes du whisky, ils ont Ă©galĂ© et parfois dĂ©passĂ©, pour certains d’entre eux, les whiskies Ă©cossais, single-malts tourbĂ©s ou non compris ! 

 

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Une des vitrines du centre d'accueil des visiteurs de la distillerie YOICHI ou figure un Single-Cask

brut de fût primé meilleur single-malt au monde il y a déjà quelques années (Photo: © Hugh).

 

Bien que certaines sources fassent remonter la crĂ©ation des premiers whiskies japonais au XIX Ăšme siĂšcle, c'est assez peu probable, car il s'agit davantage d'aprĂšs mes sources d'assemblages de whiskies Ă©cossais importĂ©s puis mis en bouteille au Japon avec des noms japonais (dĂ©jĂ  bien prĂ©sents au XIX Ăšme, suite aux Ă©changes avec les premiers europĂ©ens, des hollandais notamment), ceux-ci n’ayant que peu Ă  voir avec les whiskies japonais d’aujourd’hui. Les essais ayant eu lieu Ă  partir de l'annĂ©e 1870 pour produire du whisky Ă  partir de recettes locales et d'ingrĂ©dients uniquement locaux (Ă  partir d'alcool de riz, de pomme de terre -alcool nommĂ© "shochu"- ou encore de maĂŻs) ayant apparemment Ă©chouĂ©, les japonais se mirent alors en quĂȘte du savoir-faire Ă©tranger en la maitĂšre et Ă©cossais en particulier.

Par ailleurs malgrĂ© l’hypothĂšse d’antĂ©rioritĂ© probable de la distillerie EIGASHIMA SHUZOU  (celle-ci existait depuis 1888 & produisait d’autres spiritueux, mais n’aurait dĂ©butĂ© la production de whisky vers 1919-une hypothĂšse contestĂ©e, mais qu'il me faut tout de mĂȘme signaler-si j'en apprends davantage, je modifierais l'article en consĂ©quence), je m’en tiendrais donc ici Ă  la version la plus communĂ©ment admise, avec les rĂ©serves Ă©noncĂ©es ci-dessus, faute de certitudes Ă  ce sujet.

Les premiers whiskies japonais furent donc officiellement crĂ©Ă©s dans les annĂ©es 1920 par deux hommes,  Masataka TAKETSURU (nĂ© en 1895) et Shinjiro TORII (nĂ© en 1878), associĂ©s dans un premier temps. TAKETSURU, appartenant Ă  une famille produisant du sakĂ© de longue date, entreprend en effet des Ă©tudes de chimie en Ecosse, en 1918, Ă  l’UniversitĂ© de Glasgow, puis s’y marie avec une Ă©cossaise, Jessie Roberta COWAN, que l’on surnommera affectueusement plus tard « Rita Â». Durant ce voyage, il sera amenĂ© Ă  travailler dans plusieurs distilleries, dont notamment, d’aprĂšs plusieurs sources, la distillerie LONGMORN, dans la rĂ©gion du Speyside, et dont la lĂ©gende dit qu’il s’inspira de la forme de ses alambics pour concevoir ceux de sa premiĂšre distillerie (YOICHI). Plusieurs sources mentionnent Ă©galement son sĂ©jour sur la presqu’üle de Campbeltown, ou il aurait bien Ă©tudiĂ© les alambics de la distillerie GLEN SCOTIA. Une fois rentrĂ© au Japon, avec sa femme, en 1921, il se rend chez Shinjiro TORII, viticulteur Ă  l’époque, et, grĂące Ă  ce qu’il a retenu du fonctionnement des distilleries Ă©cossaises, l’aide Ă  ouvrir la premiĂšre distillerie japonaise, dans la vallĂ©e de YAMAZAKI prĂšs de Kyoto, qui est aussi le nom choisi pour la distillerie. CrĂ©Ă©e en 1923 (la premiĂšre production est effectuĂ©e en 1924, elle dispose aujourd’hui de 12 alambics diffĂ©rents). Plus tard, Shinjiro TORII, dĂ©sireux d’occidentaliser le nom de sa sociĂ©tĂ©, ajoutera le prĂ©fixe « sun Â» (clin d’Ɠil Ă  l’empire du soleil levant !) et transforme son nom en mettant un Y Ă  la fin, ce qui donne « SUNTORY Â».

 

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 Masataka Taketsuru le fondateur de la distillerie YOICHI et sa femme Jessica Roberta Cowan, surnommĂ©e "Rita" (Photo : © Nikka).

 

En 1934, Masataka TAKETSURU quitte l’entreprise pour fonder sa propre sociĂ©tĂ© d’abord nommĂ©e DAI NIPPON KAJU K.K., puis NIKKA, plus tard propriĂ©tĂ© du groupe de brasseurs ASAHI BEER GROUP.  NIKKA et SUNTORY deviennent alors deux groupes Ă©conomiquement rivaux : SUNTORY (situĂ© prĂšs de Kyoto, dont les whiskies de la distillerie YAMAZAKI font depuis la moitiĂ© des annĂ©es 2000 seulement tout juste leur entrĂ©e dans le marchĂ© français des cavistes non spĂ©cialisĂ©s en whisky), a par la suite amplifiĂ© sa production de whiskies en construisant deux distilleries de grande ampleur, la premiĂšre en 1973, HAKUSHU, dans les « Alpes Japonaises du Sud Â», puis une seconde, voisine, HAKUSHU HIGASHI, en 1981, avant de les rĂ©unir en une seule, HAKUSHU, qui devient alors une des deux ou trois plus gigantesques distilleries de whisky au monde, et la plus grande (pas moins de 24 alambics, de forme et Ă  destination diffĂ©rentes) aprĂšs celle de GLENFIDDICH, en Ecosse (28 alambics). Elle possĂšde Ă©galement une distillerie de grain nommĂ©e CHITA, dont un single-grain va ĂȘtre bientĂŽt commercialisĂ© en tant que tel. Signalons encore que le groupe SUNTORY est Ă©galement propriĂ©taire de 3 distilleries Ă©cossaises : AUCHENTOSHAN, BOWMORE, GLEN GARIOCH.

 

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La distillerie YAMAZAKI dans la premiÚre moitié du XX Úme siÚcle (Photo : © Nikka)

 

 

Quant Ă  la sociĂ©tĂ© NIKKA (Nikka whisky distilling & co ltd), elle produit tant des blends et des purs malts que des single-malts. Une premiĂšre distillerie, YOICHI est construite en 1934, sur l’ïle d’HOKKAIDO, par Masataka TAKETSURU, ce qui en fait la distillerie la plus haut nord du Japon, et par exemple, situĂ©e sur la mĂȘme latitude que Toronto ou Vladivostok ! Le premier whisky commercialisable par la distillerie date donc de 1940. Au cƓur d’une forĂȘt proche dans l’esprit de TAKETSURU de celles du Speyside, malgrĂ© son Ă©loignement de la capitale Tokyo, et du climat parfois rigoureux, la distillerie a comme particularitĂ©, outre de disposer depuis de sa propre tonnellerie et de pouvoir utiliser de l’eau de source et de la tourbe locale. De plus, ses 6 alambics sont chauffĂ©s au charbon, Ă  l’ancienne, c’est Ă  dire Ă  l’Ecossaise, lĂ  ou la quasi-totalitĂ© plupart des distilleries d’Ecosse ont abandonnĂ© ce mode de chauffe au profit de celui plus neutre de la vapeur d’eau ou du gaz. Nul doute que cela influe sur le goĂ»t particuliĂšrement fumĂ© du whisky, tout comme c’était le cas par exemple dans certains anciens LONGROW (produits par la distillerie Ă©cossaise SPRINGBANK). Du point de vue aromatique, c’est de la complexitĂ© et du caractĂšre des malts de la distillerie Ă©cossaise HIGHLAND PARK que ces single-malts charpentĂ©s, fumĂ©s, plus ou moins tourbĂ©s et fruitĂ©s se rapprochent le plus Ă  mon sens, mais cela est une autre histoire (voir notes de dĂ©gustation).  Il existe un lien complexe entre le terroir et le rĂ©sultat obtenu aprĂšs maturation, lien difficile Ă  dĂ©finir mais qui a avoir avec de nombreux facteurs (que ce soit l’eau, la tourbe, les fĂ»ts, etc
).

 

 

 

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Une vue récente de la distillerie YOICHI, et ses fameux toits rouges en pagode (Photo : © Hugh)

     

Par la suite, le groupe dĂ©cide de construire en 1969 une deuxiĂšme distillerie, MIYAGIKYO, Ă©galement nommĂ©e SENDAÏ, sur l’ïle d’HONSHU  cette fois. Cette distillerie, entourĂ©e de montagnes et bordĂ©e par deux riviĂšres (les riviĂšres HIROSEGAWA et SHINGAWA), est situĂ©e dans une rĂ©gion plus hospitaliĂšre (moins humide et plus chaude) que celle de YOICHI. Ses single-malts, issus de 8 alambics (mais la distillerie produit aussi des single-grains), sont d’un caractĂšre plus doux et chocolatĂ© que ceux de YOICHI, et entrent Ă©galement, comme ceux de YOICHI dans la composition des blends et des purs-malts de la marque NIKKA. Le groupe NIKKA rachĂšte par ailleurs lui aussi une distillerie Ă©cossaise, mais une seule, Ă  savoir BEN NEVIS. Depuis quelques annĂ©es, la troisiĂšme distillerie, NISHINOMIYA, une distillerie de grain, ne produit plus, et la production de whisky de grain, destinĂ©e aux assemblages du groupe, est Ă©laborĂ©e dans les locaux mĂȘmes de la distillerie MIYAGIKYO.

 

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Une vue récente de MIYAGIKYO (Photo: © Hugh).

 

 

NIKKA, tout comme SUNTORY, produit tant des blends et des purs malts (nom japonais conservĂ© de nos jours tandis qu'en Ecosse, la dĂ©nomination "Blended-malts" doit dĂ©sormais s"y substituer), que des single-malts. Timidement, mais sĂ»rement, NIKKA a mĂȘme commencĂ© Ă  commercialiser des single-grains il y a quelques annĂ©es des whiskies qui ne sont pas passĂ©s inaperçus aux yeux des amateurs dans les Salons du Whisky internationaux ou ils ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©s (comme par exemple Ă  Paris, en 2005). Ainsi les NIKKA "Coffey Grain" (voir explication plus haut), sortis tout d'abord en version brut de fĂ»t & single-casks, puis en version plus largement produite, Ă  partir d'un grand nombre de fĂ»ts et rĂ©duite Ă  45 % (en 2012 pour cette derniĂšre). Des blended-whiskies comme le NIKKA « From the barrel Â» (un semi-brut de fĂ»t titrant 51,4 %) ou des « Pure-malts Â» comme les NIKKA « RED Â», WHITE Â» et « BLACK Â» (tous en flacon de 50 centilitres et titrant 43 %) jouissent d’une popularitĂ© grandissante depuis quelques annĂ©es en France, popularitĂ© loin d’ĂȘtre usurpĂ©e de l’avis de nombreux experts internationaux en whiskies, et mes notes personnelles de dĂ©gustation n’y dĂ©rogeront certainement pas. Depuis, d'autres versions sont sorties, comme en 2012 un nouveau blended-whisky Ă  plus forte proportion de malt, le "NIKKA BLENDED WHISKY" (en flacon de 70 cl et Ă  40 %). Il existe Ă©galement un grand nombre d'autres blended-whiskies ou blended-malts produits chez NIKKA, mais une partie est rĂ©servĂ©e pour le marchĂ© intĂ©rieur, et pour l'autre les versions sont trop nombreuses ou irrĂ©guliĂšrement disponibles en France pour les Ă©voquer ici (voir plutĂŽt les Ă©ventuelles notes de dĂ©gustation).

 

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 Une grande partie de la gamme des blended-whiskies & blended-malts de NIKKA, et Ă  gauche,

un YOICHI (Photo : © Constantin Sarafian).

 

Il est utile de rappeler que dans ces trois catĂ©gories principales, aujourd’hui dĂ©nommĂ©es en Ecosse « blended-whiskies Â», « blended-malts Â» (bien que sur les Ă©tiquetttes japonaises on continue Ă  les nommer « pure-malts Â»), et « single-malts Â», que ce soit chez NIKKA, chez SUNTORY, chez KIRIN ou ailleurs, plusieurs de leurs whiskies ont obtenu les plus hautes distinctions des jurys internationaux dans les catĂ©gories de meilleur whisky de type single-malt de l’annĂ©e, que ce soit en 2001 (pour un YOICHI 10 ans en version brut de fĂ»t), en 2003 (YAMAZAKI 12 ans), en 2005 (YAMAZAKI 18 ans), en 2006 (HAKUSHU 18 ans), en 2007 (pour le YOICHI millĂ©simĂ© 1987), ou  en 2008 avec un KARUIZAWA  millĂ©simĂ© 1981 (CasK 103), plus d’autres distinctions pour les blended-whiskies et blended-malts, comme par exemple en 2004 (et plusieurs fois depuis) pour le blended whisky SUNTORY HIBIKI 30 ans. Bien entendu, on ne saurait oublier ici d’évoquer l’ Â« heure et demie Â» (1h42 en fait) de gloire du superbe blend SUNTORY "HIBIKI" 17 ans, la vĂ©ritable vedette du film de Sofia COPPOLA « Lost in Translation Â», sorti en 2003, un film dans lequel le personnage principal, jouĂ© par l’acteur Bill MURRAY, censĂ© faire sa publicitĂ©, en demande « du vrai Â» pour ĂȘtre « plus inspirĂ© Â» dans sa composition.

 

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Bill MURRAY en train de vanter les mĂ©rites du blend
et la « vraie vedette Â», le SUNTORY "HIBIKI" 17 ans.

       

Oui, la liste des whiskies japonais loués, encensés, primés dans le monde serait trop longue. Seuls des néophytes ou des personnes mal informées, ou encore de mauvaise foi peuvent encore rire des des whiskies japonais ou prétendre que leur qualité ne vaudra jamais celle des écossais


 

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Le blended-whisky maintes fois primé de SUNTORY, le fameux "Hibiki" 17 ans d'ùge à 43 % (Photo : Hugh, recadrée).

 

Aux dĂ©tracteurs de ces whiskies, en effet, l’on pourrait, pour aller dans leur sens, ajouter, sans trahir un grand secret, que les whiskies japonais seraient Ă©galement de grande qualitĂ© car, aprĂšs avoir rachetĂ© certaines distilleries Ă©cossaises, cela leur permettrait d’utiliser une partie du stock de whisky de ces distilleries pour « booster Â» leurs blends et leur « purs-malts Â», en une proportion difficile Ă  connaĂźtre. J’en ai eu depuis, la confirmation, par plusieurs (bonnes) sources, concernant certaines marques, mais il n’y a rien d’« officiellement correct Â» Ă  annoncer. Personnellement, je dirais que certes, c’est peut ĂȘtre un peu gĂȘnant, mais si l’on considĂšre le rĂ©sultat, d’une part, et que cela ne concerne pas les single-malts d’autre part, l’on peut en conclure qu'en quelque sorte « l’honneur est sauf Â», n’ĂȘtes vous pas d’accord ? Par ailleurs, et on le constatera Ă  la lecture des notes de dĂ©gustation des whiskies japonais, la notion de terroir est quasiment une certitude ici (la qualitĂ© de l’eau, parfois filtrĂ©e au travers de la lave, la typicitĂ© des notes fumĂ©es, trĂšs particuliĂšres, Ă©voquant de l'encens, le Sherry qui ne donne pas la mĂȘme influence que dans le Speyside, les fĂ»ts de chĂȘne japonais, le lieu de vieillissement, l’orge, qui est en partie locale, etc.. tous ces Ă©lĂ©ments, et peut ĂȘtre d’autres, concourent Ă  faire du single-malt japonais un Ă©lĂšve qui a parfois dĂ©passĂ© le maĂźtre Ă©cossais dont il s’est largement inspirĂ© Ă  ses dĂ©buts).

 

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Un aperçu des single-malts de la distillerie HAKUSHU, avec, à droite, deux éditions limitées (Photo :© Constantin Sarafian).

 

 

En dehors de ces deux grands groupes, il existe bien d’autres distilleries, indĂ©pendantes ou regroupĂ©es en sociĂ©tĂ©s, soit produisant des whiskies destinĂ©s au marchĂ© local, soit d’importation vers l’Europe ou le reste du monde, comme les distilleries du groupe  KIRIN (3eme producteur japonais), associĂ© Ă  SEAGRAM (en partie rachetĂ© par Pernod-Ricard), Ă  savoir notamment FUJI GOTEMBA  (crĂ©Ă©e en 1973, prĂšs du cĂ©lĂšbre Mont FUJI, et qui produit essentiellement des single-malts destinĂ©s aux blended whiskies & blended-malts, ou en Ă©ditions trĂšs limitĂ©es, mais Ă©galement un single-grain) et il y a peu KARUIZAWA.

Ainsi, KARUIZAWA, rachetĂ© par KIRIN en 2007, est une petite distillerie Ă  la fois artisanale et sophistiquĂ©e, situĂ©e au centre de l’üle d’HONSHU, dans une rĂ©gion viticole, sur les hauteurs, prĂšs du Mont ASAMA (un volcan encore en activitĂ© et dont la lave, une fois sĂ©chĂ©e, influence dit-on le goĂ»t du whisky car elle sert Ă  filtrer l’eau de la source utilisĂ©e pour le produire, une eau trĂšs alcaline et trĂšs minĂ©ralisĂ©e). La distillerie KARUIZAWA, connue aussi sous le nom de SENRAKU OCEAN, est une distillerie crĂ©Ă©e vers 1955, et dont une des particularitĂ©s principales est d’utiliser exclusivement comme orge la cĂ©lĂšbre variĂ©tĂ© « Golden promise Â» (autrefois Ă©troitement associĂ©e Ă  la distillerie The MACALLAN –aujourd’hui elle a en effet choisi de diversifier les variĂ©tĂ©s d’orge utilisĂ©es), de rester Ă  l’échelle artisanale (cuves de fermentation ou « washbacks Â» en pin d’Oregon, seulement 4 alambics au total, et utilisation pour partie d’ex-fĂ»ts de Sherry d’Espagne pour l’élevage de son whisky). Les premiĂšres productions disponibles en France furent des "Pure-malts" (dont on ne peut garantir que d'autres single-malts non japonais ne sont pas inclus dans l'assemblage) de 12, 15 et 17 ans d'Ăąge (le 12 ans contenant du 31 ans d'Ăąge de Karuizawa), tous rĂ©duits Ă  40 % mais tout de mĂȘme non dĂ©nuĂ©s de qualitĂ©s. Pendant un temps l'on pouvait mĂȘme trouver une version de 8 ans d'Ăąge dans une enseigne trĂšs populaire...

Ses single-malts, autrefois davantage tourbĂ©s, sont commercialisĂ©s et importĂ©s en Europe notamment par la sociĂ©tĂ© Number One Drinks, sous forme de single-casks millĂ©simĂ©s et mis en bouteille bruts de fĂ»t, jusqu’à des millĂ©simes plutĂŽt rares et parmi les plus anciens encore disponibles pour des distilleries japonaises, comme par exemple un millĂ©sime 1960, prĂ©sentĂ© en 2012. La distillerie ne distille plus depuis l’an 2000 (date de la derniĂšre pĂ©riode de production dont sont issus notamment les « Asama Â» -une des rares mises en bouteille alliant plusieurs fĂ»ts de la distillerie depuis plusieurs annĂ©es, dont une version rĂ©duite Ă  46 % et assemblant des fĂ»ts de 1999 et 2000). Elle fermera ses portes en 2010, la sociĂ©tĂ© de nĂ©goce Number One Drinks (fondĂ©e en 2006 par  David Croll et Marcin Miller, premier rĂ©dacteur de "Whisky Magazine") ayant rachetĂ© tout le stock de fĂ»ts en 2011/2012.

 

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Le KARUIZAWA "1967" (single-cask No  6426), un des plus beaux single-casks de la distillerie,

un 42 ans d'ùge mis en bouteille en 2009 par la société de négoce Number One Drinks (Photo :© Hugh).

 

 

 

Il existe nombre d’autres distilleries, certaines ouvertes (CHICHIBU), d’autres en sommeil (MARS SHINSHU) fermĂ©es (KAGOSHIMA, HANYU, SHIRAKAWA), d’autres encore en construction ou en projet en passe d’aboutir, comme la distillerie MONDE SHUZOU, de la sociĂ©tĂ© TOKUOKA limited. On parle mĂȘme d’un single-malt nommĂ© USUIKYOU -Ă  suivre !-derniĂšre minute : En fait certains whiskies de la distillerie sont dĂ©sormais importĂ©s en France par l'importateur et distributeur français "Les Whiskies du Monde". Ainsi le public français peut trouver les single-malts ISAWA 10 & 25 ans d'Ăąge rĂ©duits Ă  43 % chez certains cavistes.

La distillerie MARS SHINSHU, par exemple,  fondĂ©e en 1953, est situĂ©e Ă  Kagoshima, prĂšs de Nagano, sur l’üle d’ Honshu, Ă©tait jusqu'Ă  il y a peu de temps en sommeil. Elle possĂšde 2 alambics, s’approvisionne en eau provenant de 2 sources voisines, et utilise des fĂ»ts tant de Bourbon, de Brandy que de Sherry, et faisait importer du malt  tourbĂ© d’Ecosse. On estime aujourd’hui le stock disponible Ă  500 fĂ»ts. Le single-malt le plus courant produit par la distillerie est le KOMAGATAKE 10 ans d’ñge, mais des versions plus ĂągĂ©es (22, 24 ans) commencent Ă  ĂȘtre disponibles, toutefois uniquement Ă  ma connaissance vendues Ă  l’intĂ©rieur du marchĂ© japonais.

 

 

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Le blended-malt (au Japon on dit encore "Pure-malt") de 28 ans d'Ăąge  "MARS Maltage" produit par la distillerie Mars Shinshu,

ici un assemblage de plusieurs single-malts pas tous de la distillerie, mais remis à vieillir 3 ans à la distillerie (Photo : © Hugh).

 

 

 

La distillerie SHIRAKAWA est une ancienne distillerie situĂ©e Ă  Fukushima, dont les origines en tant que distillerie de whisky sont un peu incertaines. L’on convient que la production semble avoir dĂ©butĂ© en 1947, au moment ou la distillerie avait Ă©tĂ© rachetĂ©e par la sociĂ©tĂ© TAKARA, dont le directeur Takara SHUZOU produisait auparavant du SakĂ© et du Shochu, ainsi que de la biĂšre, et le groupe MERCIAN. Par la suite, on apprit que TAKARA avait rachetĂ© Ă©galement la distillerie Ă©cossaise TOMATIN. SHIRAKAWA Ă©tait pendant longtemps plutĂŽt une usine comportant une chaĂźne d’embouteillage de spiritueux plutĂŽt qu’une distillerie. Le fleuron de la distillerie de whisky fĂ»t le single-malt SHIRAKAWA, encore disponible aujourd’hui (mais Ă  prix trĂšs Ă©levĂ© dit on) en 12 ans d’ñge et en 32 ans (un brut de fĂ»t Ă  55 %), malgrĂ© la fermeture de la distillerie en 2002. Il est Ă©vident que la catastrophe du 11 mars 2011 n'a rien arrangĂ©. Tout ce qu'il faut espĂ©rer c'est que le stock de fĂ»ts de la distillerie ait Ă©tĂ© dĂ©placĂ© avant la catastrophe. Je n'ai pas d'informations sur ce sujet.

La distillerie EIGASHIMA SHUZOU (ou "WHITE OAK" aujourd'hui) existait depuis 1888 et produisait divers spiritueux, mais certaines sources parlent de dĂ©but de production de whisky vers 1919.  Cependant, la distillerie actuelle, situĂ©e dans la ville d’Akashi, prĂšs de la mer de Setouchi, dans la rĂ©gion de Kobe, ne fĂ»t fondĂ©e officiellement qu’en 1985. Elle produit Ă  la fois du SakĂ©, de la biĂšre et du whisky. Elle possĂšde deux alambics et son malt est importĂ© de Grande-Bretagne. La production de whisky est intermittente, donc son single-malt, nommĂ© AKASHI, n’est disponible que de maniĂšre trĂšs limitĂ©e. La plupart de la production Ă©tait destinĂ©e Ă  un blended-whisky nommĂ© « WHITE OAK Â», dĂ©sormais disponible en France en plusieurs Ăąges et finitions.

 

 

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L'entrée de gamme (version Blended-whisky) "Akashi" de la distillerie WHITE OAK).

 

 

La distillerie KAGOSHIMA, (parfois nommĂ©e SATSUMA), propriĂ©tĂ© de la sociĂ©tĂ© HOMBO Spirits, distillant Ă©galement du shochu, fĂ»t fermĂ©e circa 1984, Ă©tait situĂ©e dans une rĂ©gion volcanique, juste en face du volcan Sakurajima, trĂšs au sud du Japon, sur l’üle de KYUSHU.  Le single-malt produit par le distillerie a souvent portĂ© le nom de SATSUMA, et est encore disponible par exemple en version brut de fĂ»t dite « TRIPLE-CASK Â», un 20 ans d’ñge, mis en bouteille en 2004.

Parmi les distilleries les plus rĂ©putĂ©es, l'on trouve HANYU, une distillerie aujourd’hui fermĂ©e, mais dont Ichiro Akuto, le directeur d'une distillerie voisine, CHICHIBU, et de la sociĂ©tĂ© de nĂ©goce Ichiro's Malt, tente de reprendre le flambeau. HANYU, distillerie situĂ©e prĂšs d’une ville du mĂȘme nom, prĂšs de la riviĂšre Tone, au milieu de riziĂšres Ă  perte de vue.

GĂ©rĂ©e par la sociĂ©tĂ© TOA, dont la famille Akuto, HANYU est crĂ©Ă©e en 1946 et dispose tout d’abord d’un seul alambic, puis de 2, ainsi qu’un Ă  distillation continue. Cette ancienne brasserie et distillerie de sakĂ©, possĂ©dait sa propre chaĂźne d’embouteillage et utilisait des fĂ»ts neufs et usagers dont des fĂ»ts de Sherry.

 

 

 

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Groupe de bouteilles des distilleries CHICHIBU et HANYU, dont la fameuse série des "cartes à jouer" des single-casks d'HANYU

(Photo : © Hugh)

 

 

Elle commercialisait et importait Ă©galement du whisky Ă©cossais. Suite Ă  une production intermittente et une faillite financiĂšre, la distillerie cesse de distiller en 2000, et la sociĂ©tĂ© fait dĂ©manteler les installations de production en 2004. Le petit-fils d’Isoujo AKUTO, un des fondateurs, Ă  savoir Ichiro AKUTO, dĂ©cide alors de s’en tenir Ă  faire revivre le nom de la distillerie en faisant mettre en bouteille des single-malts de l’ancienne distillerie essentiellement en single-casks et brut de fĂ»t en Ă©dition limitĂ©e, avec le label « Ichiro’s Malt Â» au sein de la sociĂ©tĂ© Venture Whisky Limited, en attendant (ce qu’il rĂ©alise en 2008) la construction d’une nouvelle distillerie, CHICHIBU, qu’il a souhaitĂ© plus artisanale encore (orge locale, tourbe locale, petite production). Leur packaging original (reprenant les motifs des cartes Ă  jouer sur la quasi-totalitĂ© de l’étiquette) et leur rĂ©putation leur vaut une belle fortune critique et un avenir assurĂ© aux descendants des fondateurs.

                      

 

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Le premier single-malt (2008-2011) de la distillerie CHICHIBU. Jeune, mais quel potentiel déjà!

(Photo : © MdW)

                                          

 

   

Mais c’est aussi dĂ©sormais grĂące Ă  la sociĂ©tĂ© de nĂ©goce Number One Drinks (fondĂ©e par Marcin MILLER et David CROLL, des anciens responsables de Whisky Magazine Japon et Grande-Bretagne), que les single-malts HANYU sont distribuĂ©s notamment en Europe, ainsi que ceux d’autres distilleries (KARUIZAWA) ou des assemblages inĂ©dits jusqu’alors (le blended-malt GINGKO).

Il existe aussi des distilleries de single-grains au Japon, mais l’on possĂšde peu d’information Ă  ce sujet . Tout au plus signalons celle du groupe NIKKA, situĂ©e Ă  NISHINOMIYA  Ă  HYOGO (Honshu, crĂ©Ă©e circa 1962), mais dont les chais de vieillissement sont situĂ©s ailleurs, Ă  TOCHIGI.  Signalons Ă©galement la distillerie KAWASAKI qui est fermĂ©e, mais dont le nĂ©gociant "La Part des Anges" (par le biais de Number One Drinks qui Ă  elle aussi quelques fĂ»ts) a embouteillĂ© les millĂ©simes « 1976 Â» et « 1981 Â» en 2009.

 

Conclusion : Lourdement taxĂ©s, les whiskies japonais restent des produits de luxe, certes un peu plus prĂ©sents depuis quelques annĂ©es sur le marchĂ© français, mais Ă  quel prix ! – nombreux en effet ne sont pas exportĂ©s hors du Japon, ou en tout cas n'ont pas de distributeurs français, mĂȘme si la donne a encore changĂ© depuis ces derniĂšres annĂ©es. Il y a dĂ©sormais sauf erreur, un distributeur de plus, c'est Ă  dire "Les whiskies du monde" (pour les whiskies de la distillerie "WHITE OAK"), mais aussi des assemblages divers, puis La Maison du Whisky pour Nikka, Number One Drinks  et depuis peu Laurent Perrier qui distribue les whiskies du groupe SUNTORY, Ă  quelques exceptions de bouteilles prĂšs, certaines Ă©tant encore en vente auprĂšs de la M.d.W.

 

 

 

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Un des superbes single-casks de la distillerie YOICHI, ici un millésime "1986" de 22 ans d'ùge, titrant 59 % (Photo : G.S.)

 

 

Le lecteur comprendra pourquoi toutes les distilleries mentionnĂ©es n’ont pas forcĂ©ment donnĂ© lieu Ă  des dĂ©gustations. La seule solution, Ă  moins d’avoir un budget trĂšs Ă©levĂ© pour commander ces whiskies par le biais des diffĂ©rents sites internet officiels et de distributeurs ou nĂ©gociants (les frais de port Ă©tant prohibitifs), est de se rendre sur place, voire mĂȘme Ă  la distillerie lorsque c’est encore possible. Le centre d’accueil de la distillerie YOICHI, par exemple, a mĂȘme reçu une distinction internationale, et l‘on y trouve nombre d’embouteillages rares impossibles Ă  obtenir en France. YAMAZAKI, concurrent direct, n'est pas en reste. Par ailleurs, le packaging  des bouteilles de whisky japonais, en gĂ©nĂ©ral, de l’étui Ă  l’étiquette incorporant parfois de la calligraphie trĂšs sobre et parfois extrĂȘmement raffinĂ©e, et la qualitĂ© de leur contenu ont de plus en plus la faveur des connaisseurs occidentaux, mais hĂ©las, les taxes Ă  l’exportation font de ces whiskies, Ă  l’arrivĂ©e, des objets d’une valeur par trop supĂ©rieure comparĂ©e aux whiskies Ă©cossais en gĂ©nĂ©ral (du simple au double, voire, triple pour un 10 ans ou un 15 ans rĂ©duit 
), sans parler de la marge des distributeurs.

Que cela n’influe cependant pas trop sur votre jugement. Essayez-les et vous verrez par vous-mĂȘmes que la qualitĂ© est en gĂ©nĂ©ral au rendez vous
Certains sont mĂȘme exceptionnels, et il est fort Ă  parier que de nombreux trĂ©sors sont Ă  venir en provenance des distilleries du Soleil Levant, d’autant plus que lĂ  bas aussi, de nouvelles distilleries s’ouvrent !

 

A suivre !

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