Gros Plan No 2: Voyage au Pays du COGNAC

 

 Rappel de la rĂ©daction : Certes le sujet principal de ce site est le whisky, mais comme je l'explique dans ma rubrique "Autres Spiritueux" (cliquez sur le titre/please click on title), j'ai souhaitĂ© que les grands spiritueux Ă©levĂ©s en fĂ»ts que peuvent ĂŞtre le Cognac, l'Armagnac ou encore le Rhum, principalement, puissent figurer Ă©galement dans les grandes rubriques du site, en espĂ©rant que les visiteurs de celui-ci aient suffisamment d'ouverture d'esprit et de curiositĂ© pour s'y intĂ©resser. Je considère en effet que certaines des eaux-de-vie dĂ©critent ci-dessous Ă©galent aisĂ©ment les meilleurs whiskies. Pour les inconditionnels du whisky, en revanche, ils trouveront après ce sujet un "Gros Plan" spĂ©cial, le premier du site, consacrĂ© Ă  la distillerie Ă©cossaise HIGHLAND PARK. Bien sĂ»r d'autres "Gros Plans" sur le whisky suivront celui-ci, alors patience, et laissez-vous sĂ©duire en attendant par un spiritueux bien de chez nous...

 

 

 GROS PLAN No 2 / FOCUS No 2:

 

 VOYAGE AU PAYS DU COGNAC:

 

 

1/ Chez GUILHEM GROSPERRIN, des COGNACS LA GABARE S.A. (négociant-éleveur),

à Saintes & Chermignac, 2014 /révisé en 2021

2/Chez les VALLEIN-TERCINIER*, Domaines des FORGES (producteur, pour son compte)

Ă  Chermignac, 2014/ nouveau (*ajout 2021)

3/ CONCLUSION, incluant un hommage Ă  la famille RIVIERE, producteur de Pineau des Charentes

 

 

 Mise Ă  jour & rĂ©vision du : 17 & 19/01/2021 (Updated in 2021)

 

 

Avant-Propos : La vie est ainsi faite, l’on pense faire les choses rapidement, dans la foulĂ©e d’un beau voyage, l’on pense faire les choses bien (oui, j’ai un peu trop attendu des corrections, des prĂ©cisions techniques–certaines demeurent encore en suspens mais il fallait bien lancer le sujet- ou des ajouts de notes de dĂ©gustation personnelles), puis des tuiles personnelles ont ralenti encore la chose, rĂ©sultat le sujet sort plus d’un an après !… Pas grave, c’est ainsi, mieux vaut tard que jamais, dirons-nous, et en plus, par pudeur, par respect, ce sujet est hĂ©las un peu tronquĂ©, je le regrette un peu, et en mĂŞme temps, non, car dans ce monde de communication tous azimuts parfois bien trop exhibitionniste, il faut bien que certaines choses et moments privilĂ©giĂ©s, intimes, puissent le demeurer…. Oui je n’ai pas fait le voyage seul, mais avec une joyeuse bande d’amis fins connaisseurs (j'en profite pour leur rendre hommage ici, ils se reconnaĂ®tront), et notre chemin nous a conduits Ă©galement vers d’autres contrĂ©es du Cognac comme du Pineau des Charentes, mais cela c’est une autre histoire (certes effleurĂ©e Ă  la fin du reportage)...Ă  suivre. Sans parler de l’Armagnac, un très beau spiritueux français Ă©galement, hĂ©las souvent mĂ©connu et encore mĂ©sestimĂ©, dont je vous reparlerais.

 

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 Guilhem GROSPERRIN dans son "labo" d'assembleur, au siège de Saintes, avant notre dĂ©gustation verticale et horizontale...

Photo © Grégoire Sarafian

 

 

INTRODUCTION :

 

Notre pĂ©riple nous a donc conduit dans la jolie ville de SAINTES (Charente Maritime, plus de 61000 habitants) et ses environs, une ville pleine de vestiges gallo-romains (dont l’Arc de Germanicus, les Thermes de Saint Saloine, le MusĂ©e ArchĂ©ologique…), et de bâtiments anciens très bien conservĂ©s comme l’Abbaye aux Dames (ancienne abbaye bĂ©nĂ©dictine, datant de 1047), aujourd’hui « citĂ© musicale Â» ou nous avons passĂ© une nuit (c’est en effet Ă  la fois une rĂ©sidence, un lieu de concerts de musique ancienne, baroque, classique, voire autre, mais aussi un centre europĂ©en de recherche sur la pratique musicale). Une option d’hĂ©bergement Ă  bon rapport qualitĂ©/prix que je recommande au passage pour qui souhaite visiter les terroirs du Cognac Ă  moindre frais.

 

 

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  L' Abbaye aux Dames, un Ă©tonnant lieu pour faire un break culturel Ă  Saintes.

Photo © Grégoire Sarafian

 

 

 

1/ Chez GUILHEM GROSPERRIN, des COGNACS LA GABARE S.A. (négociant-éleveur),

Ă  Saintes & Chermignac, 2014

 

 

J’étais donc avec quelques amis le 10 Mars 2014 chez Guilhem GROSPERRIN, pour une visite prĂ©vue de longue date et repoussĂ©e Ă  diverses reprises, et qui nous a permis de nous rendre compte du travail de cette sociĂ©tĂ©, et au-delĂ , Ă  travers Ă©galement d’autres visites, notamment chez VALLEIN-TERCINIER (producteur de Cognac de A Ă  Z), puis chez Dominique RIVIERE, un distillateur de Pineau des Charentes (marque « François 1er Â») sur 8 gĂ©nĂ©rations qu’il nous avait recommandĂ© de voir, de nous rendre compte de la richesse du terroir français, qui n’a d’un certain point de vue rien Ă  envier Ă  celui des whiskies Ă©cossais. Le fondateur de la sociĂ©tĂ© GROSPERRIN en 1999 est Jean GROSPERRIN, d’abord bouilleur de cru, puis courtier de campagne, et sa volontĂ© Ă©tait de mettre en valeur, en contact Ă©troit avec les rĂ©coltants, la spĂ©cificitĂ© de l’eau-de-vie Cognac, trop souvent noyĂ©e dans les assemblages des grandes maisons, en lui donnant parfois, Ă  travers des mises en bouteille de petits lots voire de fĂ»ts uniques, une stature et une signature aromatique (ça c’est moi qui ajoute ces termes) comparable aux meilleurs single-malts. C’est son fils Guilhem qui dirige aujourd’hui la sociĂ©tĂ©, ce depuis 2004, et poursuit l’aventure, avec, je l’ai encore constatĂ© cette fois encore, beaucoup de pĂ©dagogie sur les mĂ©tiers et la nature du Cognac, bien souvent mĂ©connu par les amateurs de whiskies. Guilhem a appris Ă  goĂ»ter les Cognacs depuis l’âge de 15 ans.

 

 

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Le siège de La Gabare S.A., la société de Guilhem GROSPERRIN, à Saintes.

Photo © Grégoire Sarafian

 

PRESENTATION:

Le siège des Cognacs GROSPERRIN, autrement dit du domaine La Gabare S.A. (du nom de la gabare, dĂ©signant les anciens bateaux Ă  fond plat destinĂ©s au transport de marchandise en zone fluviale, notamment dans la rĂ©gion Atlantique, et par exemple en Charente) est situĂ© Ă  SAINTES (17100), le long de la Charente, près du Port la Rousselle, et tant une partie des bureaux, la chaĂ®ne d’embouteillage et un chai sont situĂ©s en zone inondable, en fait construits sur d’anciens marais. C’est pourquoi lors de la visite du chai de SAINTES (que j’appellerais par commoditĂ© le Chai N°1, car le domaine possède d’autres chais Ă  CHERMIGNAC -17460- Ă  quelques kms de lĂ ), j’ai pu constater que les fĂ»ts Ă©taient dĂ©posĂ©s sur des parpaings en ciment. Les bureaux, et le laboratoire d’assemblage sont situĂ©s au premier Ă©tage, avec une belle vue sur la Charente. On y voit des bouteilles des diffĂ©rentes gammes de la maison, mais aussi sur des Ă©tagères, des flacons historiques de divers Cognacs, du XX ème mais aussi du XIX ème siècle, certains parfois dĂ©pourvus d’étiquettes et visiblement très vieux. D’autres types de boissons alcoolisĂ©es anciennes frappent le regard, de vieux Pineau des Charentes, mais aussi comme cette ancienne et improbable bouteille de « Cherry Cognac Â» (en rĂ©alitĂ© du triple-sec de Grand Marnier).

 

 

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Des flacons qui remontent jusqu'au XIX ème siècle trônent sur les étagères de Guilhem, véritable bibliothèque

du goĂ»t "Ă  l'ancienne". Photo Â©  GrĂ©goire Sarafian

 

 

Les Ă©tagères sont Ă©galement remplies d’échantillons en cours d’analyse, une des activitĂ©s de Guilhem GROSPERRIN, qui rappelons-le est, en amont, d’être courtier et nĂ©gociant en Cognacs de collection, qu’ils soient liĂ©s ou non Ă  des successions. C’est la matière première dirons nous de son travail, sĂ©lectionner des eaux-de-vie de grande qualitĂ© pour les mettre au mieux en valeur. C’est Ă  partir des eaux-de-vie qu’il rachète qu’il dĂ©cide lesquelles doivent rester en fĂ»t plus longtemps, ĂŞtre embouteillĂ©es telles quelles ou assemblĂ©es Ă  d’autres lots ou tout simplement revendues pour acquĂ©rir d’autres types de Cognacs pour tel ou tel type d’assemblage. Au fait, dans le Cognac, on utilise souvent le mot « coupe Â» pour dĂ©signer l’assemblage des eaux-de-vie de Cognac (ce qui peu prĂŞter Ă  confusion pour l’amateur de whisky avec le « cut Â», moment ou l’on sĂ©pare le cĹ“ur de chauffe des tĂŞtes et queues de distillation).

 

 

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Le "labo", ou atelier de Guilhem GROSPERRIN, dans lequel les assemblages encore en cours d'Ă©laboration cotoyent ceux qui sont dĂ©jĂ  approuvĂ©s, sous forme d'Ă©chantillons. L'on peut voir, entre autres choses, sur la table, une douelle issue d'un fĂ»t de chĂŞne du Limousin, pour expliquer la maturation aux visiteurs. Photo Â© C.

 

Par ailleurs, comme cela a Ă©tĂ© visible durant la visite, rappelons que la dĂ©marche de Guilhem est globalement de type artisanale, et sauf commande expresse très spĂ©cifique pour tel ou tel marchĂ© Ă©tranger, il ne procède pas au filtrage Ă  froid et lui prĂ©fère un filtrage doux (identique Ă  celui de certains whiskies de nĂ©goce, voire officiels), et il expĂ©rimente mĂŞme en ce moment un nouveau type de filtration douce qui va plus loin que celui-ci dans la recherche de la prĂ©servation du plus possible de composants aromatiques prĂ©sents dans les corps gras de l’alcool (nous y reviendrons sans doute dans un sujet spĂ©cifique mais qui englobera aussi le whisky). De mĂŞme, Guilhem utilise rarement le colorant artificiel, et quand c’est le cas, il utilise le E 150 A qui semble rĂ©ellement sans goĂ»t, Ă  ma grande surprise (nous avons fait le test), sauf si l'on en mets beaucoup. Il existe d’autres types de caramel artificiel, notamment pour l’international, certains types Ă©tant rĂ©ellement avec du goĂ»t (cf test effectuĂ© avec John Glaser de COMPASS BOX lors de ma visite en 2007). Il effectue parfois des rĂ©ductions de ses Cognacs, parfois plusieurs sur le mĂŞme fĂ»t ou lot, et est adepte comme John Glaser adepte d’une rĂ©duction très progressive et donc très lente, sans quoi le distillat est violentĂ© et dĂ©gradĂ© nous explique t’il. Je veux bien le croire !

 

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Etonnante vue en contrejour des étagères consacrées aux Cognacs (pas seulement les marques produites par GROSPERRIN) dans la boutique "La Cale", à La Gabare S.A. Photo © Grégoire Sarafian

 

 

 QUELQUES REPERES SUR LE COGNAC (cf informations du B.N.I.C., voir plus loin):

 

La production de Cognac, comme le whisky, doit rĂ©pondre Ă  des critères très stricts, mais qui sont diffĂ©rents de celui-ci, critères que je vais tenter de rĂ©sumer ici (j’ai enlevĂ© quelques obligations administratives pour simplifier):

Le Cognac doit utiliser une mĂ©thode spĂ©cifique traditionnelle en deux temps (cahier des charges), procĂ©dĂ© devant produire un « brouillis Â» puis la repasse. Le Cognac est rĂ©alisĂ© par double-distillation de vin (tandis qu’une seule est exigĂ©e pour l’Armagnac). Le « brouillis Â» est l’équivalent du « first run Â» en anglais (1èere distillation, comme dans le whisky, par exemple) et la « bonne chauffe Â», l’équivalent de « second run Â» (2 ème distillation).

Le Cognac doit titrer 40 % au minimum, et le titre volumique de distillation ne doit pas dĂ©passer 72,4 % Ă  20 °C (souvent les producteurs limitent l’abv Ă  70 % et rĂ©duisent le degrĂ© Ă  65 % avant enfĂ»tage pour augmenter l’extraction du bois).

Pour obtenir l’appellation Cognac, celui-ci doit avoir subi 24 mois et un jour minimum de vieillissement dans des fûts de chêne après la distillation. Les seuls additifs autorisés sont l’eau de réduction déminéralisée ou distillée, le sucre (souvent du saccharose brut), le caramel (E 150 a), l’infusion de copeaux de chêne. Le bois de chêne provient soit de la forêt du Tronçais (avec des tannins plus légers), soit du Limousin (tannins plus lourds). Un Cognac doit vieillir 24 mois en fûts de chêne neuf, puis il est ensuite mis à vieillir dans des fûts ayant subi plusieurs remplissages.

La capacité des alambics de Cognacs, qui doivent être des alambics dits charentais est limitée à 30 hectolitres dont 25 de charge pour la 2 ème chauffe. Il est interdit de distiller après le 31 Mars de l’année qui suit celle de la récolte du vin qui sera utilisé pour le Cognac (la distillation a traditionnellement lieu en hiver, jusqu’au mois de Mars. Le chauffage des alambics à feu nu est la règle pour le Cognac, mais de plus en plus de distilleries utilisent le gaz à la place.

Rappelons Ă©galement que pour le Cognac, qui date du XVII ème siècle, Ă©tant donnĂ© que la matière première est du vin, la notion de terroir est essentielle, et que la rĂ©gion de production a Ă©tĂ© dĂ©terminĂ©e par le dĂ©cret du 1 er Mai 1909 : Elle s’étend du dĂ©partement de la Charente-Maritime Ă  une grande partie de la Charente et Ă  quelques communes des Deux-Sèvres et de la Dordogne. Les vins destinĂ©s Ă  l’élaboration des eaux-de-vie ayant droit Ă  l’appellation « Cognac Â», « Eau de vie de Cognac Â» et « Eau-de-vie des Charentes Â» doivent provenir des cĂ©pages suivants : Colombard B., Folle Blanche B., Montils B., SĂ©millon B., Ugni Blanc B., Folignan B. (ce dernier ne reprĂ©sentant au maximum que 10 % de l’encĂ©pagement). La presse manuelle du raisin a fait place Ă  un procĂ©dĂ© plus mĂ©canique, mais la vis d’Archimède est proscrite (English: The grapes are then immediately pressed. In most cases, producers will use pneumatic bladder presses, which apply gentle pressure to the grapes. However, traditional artisans continue to employ basket plate presses. Nevertheless, Archimedes’ screw presses are not allowed for making cognac). Le vin une fois fermentĂ© titre Ă  environ 9 % avant distillation.

En effet, les caractères du distillat diffèrent selon les rĂ©gions, codifiĂ©es en A.O.C. comme suit, et plus prĂ©cisĂ©ment en 6 crus: Les plus prestigieuses sont situĂ©es Ă  Cognac mĂŞme et au Sud : Ce sont les « Grande Champagne Â» et « Petite Champagne Â». Puis juste au Nord est situĂ©e les « Borderies Â», le plus petit cru en taille Ă  la rĂ©putation de maturation rapide. Ensuite viennent les « Fins Bois Â», zone assez importante, Ă©galement de maturation rapide, puis les « Bons Bois Â», en zone cĂ´tière comme en vallĂ©e, et au Sud de Cognac. Enfin viennent les « Bois Ordinaires ou « Bois Ă  terroirs », situĂ©s près de l’OcĂ©an Atlantique, et jusque sur l’île de RĂ© et d’OlĂ©ron.

 

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La maturation des Cognacs de collection, souvent très âgés, nécessite une surveillance constante, puis, lorsque le titrage menace de tomber sous les 40 % (via la part des anges) ou tout simplement que tel ou tel distillat risque d'ête trop boisé, on l'extrait de son contenant et on le reconditionne dans des dames-jeannes afin de stopper son vieillissement et préserver ainsi au maximum ses qualités organoleptiques. Photo prise dans une des salles à l'étage du chai en pierre de Chermignac © Grégoire Sarafian

 

Rappelons Ă©galement que pour le Cognac, qui date du XVII ème siècle, et, Ă©tant donnĂ© que la matière première est le vin, la notion de terroir est essentielle, et que la rĂ©gion de production du Cognac a Ă©tĂ© dĂ©terminĂ©e par le dĂ©cret du 1 er Mai 1909 : Elle s’étend du dĂ©partement de la Charente-Maritime Ă  une grande partie de la Charente et Ă  quelques communes des Deux-Sèvres et de la Dordogne. Les vins destinĂ©s Ă  l’élaboration des eaux-de-vie ayant droit Ă  l’appellation « Cognac Â», « Eau de vie de Cognac Â» et « Eau-de-vie des Charentes Â» doivent provenir des cĂ©pages suivants : Colombard B., Folle Blanche B., Montils B., SĂ©millon B., Ugni Blanc B., Folignan B. (ce dernier ne reprĂ©sentant au maximum que 10 % de l’encĂ©pagement).

 

 

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Les terroirs du Cognac...ont aussi leurs îles, comme en Ecosse ! (ïle d'Oléron, ïle de Ré).

 

En effet, les caractères du distillat diffèrent selon les rĂ©gions, codifiĂ©es en A.O.C. comme suit, et plus prĂ©cisĂ©ment en 6 crus: Les plus prestigieuses sont situĂ©es Ă  Cognac mĂŞme et au Sud : Ce sont les « Grande Champagne Â» et « Petite Champagne Â». Puis juste au Nord est situĂ©e les « Borderies Â», le plus petit cru en taille Ă  la rĂ©putation de maturation rapide. Ensuite viennent les « Fins Bois Â», zone assez importante, Ă©galement de maturation rapide, puis les « Bons Bois Â», en zone cĂ´tière comme en vallĂ©e, et au Sud de Cognac. Enfin viennent les « Bois Ordinaires ou « Bois Ă  terroirs », situĂ©s près de l’OcĂ©an Atlantique, et jusque sur l’île de RĂ© et d’OlĂ©ron.

 

 

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Quelques unes des bouteilles dégustées ce jour là, toutes sans aucun additif ni filtration à froid.

Photo © C.

 

 

 STATISTIQUES GENERALES SUR LE COGNAC :

 

 Pour le Whisky d’Ecosse, l’on dĂ©nombre environ 130 distilleries, pour 1 milliard de litres d’alcool pur produit par an, alors que pour le Cognac, il existe près de 3000 distilleries (avec notamment 500 installations qui ne produisent pas plus de 0,5 % du volume total) pour une production de seulement 160 000 bouteilles par an.

-CoĂ»t de production très Ă©levĂ©s, supĂ©rieur Ă  ceux mis en Ĺ“uvre pour produire du whisky (explication ?-sans doute liĂ©e Ă  l'exploitation de la vigne, pour les producteurs en tout cas, mais c'est moins vrai pour les nĂ©gociants)

-80 % du stock de Cognac est détenu par les négociants. Il existe 270 négociants, mais 80 % ne mettent pas en bouteille eux-mêmes.

-98 % du Cognac est exportĂ© Ă  l’étranger (notons que la Chine exige une coloration au caramel pour les cognacs).

-Les millésimes pour le Cognacs étaient interdits jusqu’en 1988

-Loi française : Pas d’obligation de « sceller les alcools Â» (sauf exception) comme en Ecosse au moment de la phase de sĂ©lection du distillat (pas de coffre Ă  alcool).

L’auteur tient Ă  remercier Guilhem GROSPERRIN pour son accueil et les prĂ©cieuses informations sur le Cognac qu’il m’a communiquĂ©, bien sĂ»r, mais Ă©galement les auteurs de la plaquette « Le Cognac (Le Cognac, quand l’esprit s’ouvre » (12/2009) Ă©ditĂ©e par le BNIC (Bureau National Interprofessionnel du Cognac). Voir leur site web ici :

Cognac/B.N.I.C.

 

 

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 Guilhem GROSPERRIN dans le chai N°1, admirant la robe du millĂ©sime "1972" (42 ans) avant que nous ne le dĂ©gustions. Une vĂ©ritable merveille de gourmandise. Photo Â© GrĂ©goire Sarafian

 

 

LES COGNACS GROSPERRIN :

 

Bref Historique : Le père de Guilhem a travaillĂ© dans la vigne avant de fonder la sociĂ©tĂ© Grosperrin, en 1980, avant de devenir courtier de campagne, et pour aller vite, c’est en 2004 que son fils Guilhem reprend les rennes de l’entreprise.

Entre la boutique et les chais, la société produit 25000 bouteilles par an. La Gabare S.A. possède un stock de Cognacs de plus de 30 ans pour chacun des 6 crus reconnus (A.O.C.), datés d’avant 1940 aux années 1990, voire plus jeunes.

Elle possède sa propre chaĂ®ne d’embouteillage qui embouteille fĂ»t par fĂ»t Ă  raison d’un fĂ»t par mois, ce qui donne entre 300 et 600 bouteilles environ (bien sĂ»r moins pour les cognacs plus âgĂ©s), et 2 heures suffisent Ă  embouteiller 40 Ă  60 bouteilles.

Autre particularitĂ© des Cognacs GROSPERRIN, la rigueur de la traçabilitĂ© de ceux-ci, ce par quatre garanties :

1/ L’indication de chaque millésime est le résultat soit d’un vieillissement sous contrôle d’état depuis la distillation, soit d’un vieillissement bénéficiant d’une traçabilité exceptionnelle, minutieusement contrôlée par la DRCCRF.

2/ Toute intervention ou manipulation ne peut s’effectuer qu’en présence d’un huissier de justice et les transports s’effectuent sous scellés.

3/ L’âge ou le millésime indiqué sur l’étiquette peut à tout moment être prouvé soit par les archives et la datation au carbone 14 ou par la durée de stockage sous contrôle d’état.

4/ Chaque cognac millésimé ou bénéficiant d’une indication d’âge porte sur son bouchon une bande de garantie qui certifie que toutes les manipulations réalisées autour de ce cognac ont bien été effectuées en présence d’un huissier de justice, à une date précise.

 

 

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Une vue générale de la chaîne de mise en bouteille des Cognacs GROSPERRIN. Oui, c'est moins glamour que de belles vieilles bouteilles des siècles passés, mais c'est aussi cela la réalité des spiritueux et j'ai pensé qu'il était intéressant de le montrer également. Photo © Grégoire Sarafian

 

 

Les Cognacs GROSPERRIN, que des single-casks ?

Non, car la sociĂ©tĂ© GROSPERRIN produit Ă©galement plusieurs autres marques de Cognac, dont des Cognacs d’assemblage sous la gamme « LE ROCH Â», de sĂ©lection Ă©galement drastique (le « VSOP Â» provient seulement de la rĂ©gion de la « Petite Champagne Â», tandis que le « XO Â» de « Grande Champagne Â» Ă  raison de 50 % minimum, le reste pouvant ne provenir que de la « Petite Champagne Â»).

 

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Toute la gamme des Cognacs "Le Roch", et encore d'autres flacons plus expérimentaux ou anciens, dans le labo de Guilhem GROSPERRIN. Photo © Grégoire Sarafian

 

Par ailleurs, mĂŞme pour les lots issus d’un seul fĂ»t initialement, il est difficile de parler vraiment de single-cask dans tous les cas, car parfois l’on change de fĂ»t (quand il y a trop de « part des anges Â», l’on peut ĂŞtre amenĂ© Ă  transvaser le contenu dans un fĂ»t neuf ou un fĂ»t plus petit), et en fait nombre d’alcools passent leur existence par plusieurs fĂ»ts. Par ailleurs pour Ă©viter un vieillissement trop important ou s’il y a risque de dĂ©gradation, les Cognacs peuvent ĂŞtre Ă  tout moment transvasĂ©s dans des dames-jeannes qui stoppent tout vieillissement (capacitĂ© de 20 Ă  30 litres environ). On le sait peu, mais cette pratique est Ă©galement courante dans le monde du whisky, et notamment pour les vieux et très vieux whiskies. Il est vraiment rare qu’un seul et mĂŞme fĂ»t puisse accueillir sans le dĂ©grader un distillat pendant plus de 50, 60 ou Ă  fortiori plus de 70 ou 100 ans. Par exemple, nombre de vieux DALMORE ont Ă©tĂ© reconditionnĂ©s dans des fĂ»ts plus jeunes avant assemblage avec des fĂ»ts encore plus jeunes, ou l’ont parfois Ă©tĂ© Ă  plusieurs reprises. La distillerie communique parfois sur ce sujet (j’ai pu l’apprendre de la bouche mĂŞme de Richard Paterson).

 

 

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 Dans le mĂŞme esprit que la photo prĂ©cĂ©dente, de montrer un peu l'envers du dĂ©cor du monde du Cognac, l' une des

pièces ou se prĂ©pare l'expĂ©dition des bouteilles des Cognacs GROSPERRIN. Photo Â© GrĂ©goire Sarafian

 

 

 

Pour en savoir plus sur les Cognacs GROSPERRIN, voici le lien vers leur site web: https://cognac-grosperrin.com/

 

 

 

Quelques donnĂ©es brutes :

 

-Guilhem GROSPERRIN achète en vrac et aux bouilleurs de crus.

-La réduction de l’alcool est progressive et répétée si nécessaire en cours de vieillissement, mais au final, le plus souvent, les Cognacs sont mis en bouteille entre 45 et 55 %, ou bien proposés sans aucune réduction (ils peuvent titrer jusqu’à plus de 60 %) ni additifs, avec juste une petite filtration douce.

-Il a récemment acheté un alambic dans le but de distiller dans un futur proche.

-400 cavistes sur Paris et région parisienne distribuent les Cognacs GROSPERRIN, mais ils sont disponibles également sur la carte de restaurants étoilés.

-Les Cognacs de la maison GROSPERRIN ne sont pas filtrés à froid, à l’exception de ceux destinées à la Chine, pour lesquelles elle est obligatoire. Qui plus est, celle-ci exige une coloration artificielle des eaux-de-vie, car elle les préfère ambrées.

-Les marchĂ©s Ă©trangers sont changeants, les russes par exemple dĂ©veloppent ces derniers temps un vĂ©ritable goĂ»t (et des connaissances) pour les alcools, au-delĂ  de certaines tendances spĂ©culatrices, tandis que de nouvelles contraintes sont rĂ©cemment apparues concernant le marchĂ© chinois, au sujet des alcools occidentaux (longtemps le Cognac Ă©tait « la Â» boisson alcoolisĂ©e de prestige pour les cadeaux d’entreprise comme pour les cadeaux touristiques ou pour les grands Ă©vĂ©nements, mais il y a quelque temps, le gouvernement chinois a dĂ©cidĂ© que cela avait assez durĂ© et lĂ©gifĂ©rĂ© en ce sens, dans un soucis d’économie comme de lutte anti-corruption).

 

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 A l'entrĂ©e du siège, plusieurs "cognacothèques" comme celles-ci, montrant l'Ă©tendue de l'offre en Cognacs

de collection de la maison GROSPERRIN. Photo Â© GrĂ©goire Sarafian

 

 

VISITE ET DEGUSTATION DANS LE CHAI N°1, DE SAINTES, situĂ© très près de la Charente 

(Dégustations directement du fût) :

Il s’agit d’un chai inondable, dont les fûts sont surélevés par des parpaings de béton d’environ un mètre de hauteur. Le bâtiment est ancien, en pierre, et de grande hauteur de plafond. Des dames-jeannes y côtoient de nombreux fûts de toute époque, certains remontant même aux années 1930…

 

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Le chai N°1 (sec) de la maison GROSPERRIN, surrélevé par des parpaings, rappelle que celui-ci à été construit dans une zone inondable, puisque situé à près d'une dizaine de mètres de la Charente. Les dames-jeannes au pied des fûts (d'une contenance d'environ 26 litres) sont destinées soient à contenir ce qu'il reste de certains fûts, afin de stopper leur vieillissement, soit par exemple à faciliter le transport d'un Cognac (rappelons que Guilhem à un autre chai à Chermignac, à quelques kilomètres de celui-ci. Photo © Grégoire Sarafian

 

1-« PETITES EAUX Â», Ă  environ 27 % : Il s’agit d’eau additionnĂ©e d’un peu de Cognac servant Ă  rĂ©duire les Cognacs. Guilhem a tenu a nous la faire dĂ©guster afin de prĂ©parer notre palais Ă  la dĂ©gustation et pour mieux nous faire comprendre l’esprit de la rĂ©duction qu’il pratique. Je ne sais pas si c’est une pratique courante chez les autres producteurs de cognac. Evidemment, ce n’est pas d’un goĂ»t absolument renversant, et Ă©voque plus du bois mouillĂ©.

2-« GRANDE CHAMPAGNE Â», DistillĂ© en 2005-2006, environ 60 % (rĂ©duit, car il Ă©tait Ă  70 %) : PrĂŞte Ă  ĂŞtre mise en bouteille en 2014, je l’ai trouvĂ©e un peu fermĂ©e et peut ĂŞtre pas aboutie, mais assez jolie tout de mĂŞme.

Pas de notes chiffrées

3-« GRANDE CHAMPAGNE Â» (Folle Blanche), assemblage de lots de 2008 Ă  2013 rĂ©duit Ă  40 %, l’équivalent d’un V.S.O.P. : Assemblage Ă  33 % remontĂ© jusqu’à 40 % par l’adjonction de fĂ»ts de 2008. Joli, assez rond, plutĂ´t floral, faisant preuve d’un bel Ă©quilibre. Un Cognac un peu « intermĂ©diaire Â» selon Guilhem…Pas de notes chiffrĂ©es

4-Cognac de Collection Jean GROSPERRIN « GRANDE CHAMPAGNE Â», nommĂ© « N°72 Â» (42 ans), distillĂ© en 1972, Ă©chantillon tirĂ© directement du fĂ»t, chai N°1, sans filtration ni coloration, soutirĂ© Ă  environ 58 % le 10/03/2014 – (un fĂ»t m’a-t-on dit similaire au lot N°326, mis en bouteille Ă  55,4 % le 30/05/2013) : Notes correspondant Ă  l’échantillon tirĂ© du fĂ»t, pas Ă  la bouteille : Couleur : Vieil or, Ă  reflets orangĂ©s soutenus. Nez : Lourd, capiteux (floral), très fruitĂ© (fruits frais dont pĂŞches, abricots, clĂ©mentines), Ă©galement marquĂ© par de somptueuses notes vĂ©gĂ©tales (feuilles de thĂ© Earl Grey Ă  la bergamote, peut ĂŞtre du tabac Ă  cigare Havane de qualitĂ© supĂ©rieure). EnvoĂ»tant. On est loin du caractère aseptisĂ© qu’ont nombre de Cognacs d’assemblage (mĂŞme si certains d’entre eux sont fabuleux, qu’on s’entende bien), celui-ci est bien plus typĂ© et expressif. Le titrage naturel Ă©levĂ© y est Ă©galement pour quelque chose. Bouche : Puissante, gourmande, chaude, Ă©picĂ©e, florale (fleurs capiteuses dont iris, lys, jasmin, lilas, violette), avec non seulement le goĂ»t des fruits (pĂŞches, abricots, entre autres), avec la peau de ceux-ci, et des notes de clĂ©mentine et d’épices rappelant Ă©galement un Pure Pot Still (dit Ă©galement Single-Pot Still) irlandais, voire mĂŞme un Rye Whiskey. Un Cognac pâtissier (tarte aux fruits variĂ©s, crumble aux abricots et aux pĂŞches). Au second plan, un complexe et subtil mĂ©lange de notes de solvant, de fruits mĂ»rs, et un peu de cire. Le touchĂ© en bouche est presque satinĂ©, du moins lors des premières dĂ©gustations (rien ne remplace d’ailleurs la toute première dĂ©gustation, qui eu lieu dans le chai N°1, Ă  tempĂ©rature ambiante, un grand moment). Succulente, bien Ă©quilibrĂ©e, mais lĂ©gèrement alcooleuse, elle fait preuve de beaucoup de profondeur (avec une grande maĂ®trise du bois), mais elle est plus facile Ă  dĂ©guster avec un lĂ©ger ajout d’eau. Tenue Ă  la dilution : Le nez se alors fait plus suave, la bouche devient mi-soyeuse, mi-crĂ©meuse, et offre beaucoup de souplesse pour laisser s’exprimer notamment les notes florales et fruitĂ©es. Magnifique ! Conclusion : Pour la petite histoire, il s’agit du mĂŞme fĂ»t (en fait il y en a 2 similaires) que celui dans lequel Guilhem avait puisĂ© pour une masterclass d’assemblage (incluant votre serviteur et 5 autres personnes) de plus de quatre heures chez Nicolas Julhès le 19/05/2012, au cours de laquelle nous avons Ă©laborĂ© grâce Ă  l’aide de Guilhem pas moins de 7 versions assemblant des Cognacs de 1972 Ă  2003. Ce millĂ©sime 1972 est une cuvĂ©e extraordinaire, exubĂ©rante, très florale, très fruitĂ©e, d’une belle complexitĂ©, enveloppĂ© dans un bel Ă©crin de cire… Un alcool d’une grande qualitĂ©, proche des meilleurs rye whiskeys âgĂ©s, mais rivalisant Ă©galement avec les meilleurs Irish whiskeys ou les meilleurs single-malts Ă©levĂ©s en fĂ»ts de Sherry (Ă©voque tantĂ´t un BENRIACH officiel de 1976, avec moins de fruits exotiques, tantĂ´t un GLENLOSSIE de nĂ©goce). Note confirmĂ©e : 96,5/100

 

 

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Plan rapproché d'une bouteille du Cognac "N° 72" (distillé en 1972, mis en bouteille en 2013 pour celui-ci), issu du lot 326, l'un des deux dégustés au cours de ce voyage. L'étiquette mentionne toujours l'origine du Cognac et les certifications lorsqu'elles ont été possibles (sous contrôle d'huissier) et même dans le cas contraire comme ici, qui interdit la mention "millésimé 1972". La bouteille était vendue à l'époque dans les 150/200 €. Photo © Grégoire Sarafian

 

5-Cognac de Collection Jean GROSPERRIN « GRANDE CHAMPAGNE Â», nommĂ© « N°71 Â», distillĂ© en 1971 (43 ans), Ă©chantillon tirĂ© directement du fĂ»t, chai N°1, sans filtration ni coloration, soutirĂ© Ă  environ 63 % (chais secs) le 10/03/2014 : Notes correspondant Ă  l’échantillon tirĂ© du fĂ»t, pas Ă  la bouteille : Couleur : Vieil or, Ă  reflets acajou assez denses (Bourbon). Nez : Puissant, intensĂ©ment boisĂ©, Ă©picĂ©, pâtissier Ă©galement (« Pecan pie Â», tarte aux noix de pĂ©can, crumble aux pommes très caramĂ©lisĂ©es), il Ă©voque davantage un bourbon whiskey ou un vieux whisky de grain qu’un cognac ou un single-malt. Bouche : Assez diffĂ©rente lĂ  aussi du millĂ©sime « 1972 Â», elle est plus puissante, plus sèche, profondĂ©ment boisĂ©e (bois prĂ©cieux, Ă©rable) et Ă©picĂ©e (sur un registre « plus amĂ©ricain que français Â», avec de la cannelle, de la girofle, de la muscade, du gingembre, voire une pointe de piment), des noix nobles, un caractère pâtissier plus lourd, avec malgrĂ© tout de belles notes fruitĂ©es Ă  l’arrière-plan (abricots, pruneaux, dattes, mĂ»res), mais assez difficile Ă  dĂ©guster sans eau (63 % tout de mĂŞme !). Tenue Ă  la dilution : Il faut juste un peu d’eau car le profil de ce cognac ne permets pas une grande dilution (sinon le boisĂ© et les Ă©pices dominent). Le nez est alors un peu plus civilisĂ©, la bouche devient plus Ă©quilibrĂ©e, dĂ©voilant mĂŞme des notes inattendues d’orge, de croquant de cĂ©rĂ©ales et de fruits rouges (mais cela demeure assez tĂ©nu) rappelant des whiskeys irlandais. Conclusion : D’une belle prĂ©sence et d’une grande densitĂ© en bouche, ce cognac lĂ  lorgne du cĂ´tĂ© de nos amis nord-amĂ©ricains, mais pas seulement. Un peu sur le fil du rasoir (plus boisĂ© et Ă©picĂ© qu’autre chose), pas aussi Ă©quilibrĂ© que le millĂ©sime « 1972 Â», ce millĂ©sime « 1971 Â» est nĂ©anmoins superbe et un rien atypique. Note confirmĂ©e : 93/100

 

 

 

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 Une partie des bouteilles de la dĂ©gustation chez Guilhem GROSPERRIN...Photo Â© GrĂ©goire Sarafian

 

 

6-« GRANDE CHAMPAGNE Â», distillĂ© en 1967, lot Ă  48 % : Assez fin, bel assemblage.Un bon lot, mais nettement moins spectaculaire que d’autres du mĂŞme millĂ©sime (mais lot N°123, Ă  47,5 %) qui avait Ă©tĂ© notĂ© 98/100 & Hors catĂ©gorie (voir la page consacrĂ©e aux spiritueux sur le site). Note chiffrĂ©e (sous rĂ©serve) estimĂ©e Ă  86+/100

 

7-« FINS BOIS Â», distillĂ© en 1967, lot Ă  ? % (non notĂ©): Assez fin, joliment fruitĂ©, bel assemblage. Notes de rancio de qualitĂ©.Superbe.Le cran au dessus, cette fois, clairement. Note chiffrĂ©e (sous rĂ©serve) estimĂ©e Ă  94/100

 

8-« GRANDE CHAMPAGNE Â», distillĂ© en 1933, lot nommĂ© « Hillaire Â» (inscription sur le fĂ»t-probablement le nom du propriĂ©taire initial du lot), Ă  48 % : De couleur ambrĂ©e, au nez et Ă  la bouche très fins, exprimant un boisĂ© intense mais nĂ©anmoins encore apprĂ©ciable, cet Ă©tonnant Cognac Ă©voque lui aussi un vieux Bourbon whiskey plutĂ´t qu'un Cognac ou mĂŞme qu'un Single malt…Un vraie page d'histoire. Note chiffrĂ©e (sous rĂ©serve) estimĂ©e Ă  92/100

 

 

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Une certaine Ă©motion nous envahit lorsque Guilhem soutire, Ă  l'ancienne, un peu de ce Cognac de collection

datant de 1933...Photo © Grégoire Sarafian

 

9-« PINEAU DES CHARENTES Â» de 30 ans d’âge, environ 17 % : Etonnant, très joli et gourmand en fruits, mais aussi très oxydatif…on atteint la limite de ce qui est possible en termes d’équilibre Ă  mon avis. Mais c’est superbe. Pas de notes chiffrĂ©es.

 

 

VISITE ET DEGUSTATION AU « LABORATOIRE Â» D’ASSEMBLAGE DE SAINTES

 (DĂ©gustations de bouteilles et de samples, pas seulement de Cognac) :

 

Le laboratoire, situé au premier étage de la bâtisse principale, est un des lieux ou Guilhem accueille ses visiteurs et clients, mais aussi le lieu dans lequel il élabore ses nouveaux assemblages, décide des réductions ou non pour tel ou tel millésime et fût, voire décide l’embouteillage fût par fût. Un lieu impressionnant, avec une belle vue sur la Charente, rempli de flacons anciens et modernes, d’échantillons dont le contenu date parfois de plus de 200 ans…

 

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Cette fois-ci en photo le "line-up' complet de la dĂ©gustation, pour la partie Cognac en tout cas, avec les verres permettant d'apprĂ©cier les diffĂ©rences parfois infimes de robe entre eux (mĂŞme avec fort Ă©cart en termes d'annĂ©es). Notez la teinte verdâtre de l'avant-dernière bouteille sur la droite, datant de 1893 (voir plus loin). Photo Â© GrĂ©goire Sarafian

 

10-« FINS BOIS Â», distillĂ© en 2001, lot ? , en bouteilles de 0,50 cl, certification AB (Agriculture biologique), 46,8 % :

DĂ©jĂ  dĂ©gustĂ© (autre lot), assez doux, lĂ©ger et bien construit, un très beau Cognac jeune.Mi-fruitĂ©, mi-floral, il fait preuve d’un bel Ă©quilibre. Note chiffrĂ©e (sous rĂ©serve) estimĂ©e Ă  86/100

 

11-« GRANDE CHAMPAGNE Â», distillĂ© en 1988, lot 309, 63 % : Très exubĂ©rant, plutĂ´t dur, alcooleux, limite en dĂ©sĂ©quilibre, mais avec tout de mĂŞme des qualitĂ©s. Note chiffrĂ©e (sous rĂ©serve) estimĂ©e Ă  82-84/100

 

12-« BORDERIES Â», distillĂ© en ? (33 ans), Chais humides, lot ?, 41,2 % : Très doux, marquĂ© par de belles notes d’orange, mais aussi de solvant, de vernis un peu entĂŞtant. Trop pour mon goĂ»t. Note chiffrĂ©e (sous rĂ©serve) estimĂ©e Ă  80-82/100

 

13-« FINS BOIS Â», distillĂ© en 1979, 55,4 % : Profil un peu dur, assez dĂ©concertant. Pas d’autres commentaires effectuĂ©s, ni de notes chiffrĂ©es.

 

14-« PETITE CHAMPAGNE Â», distillĂ© en 1973, lot 311, Ă  50,6 % : EntĂŞtant (alcooleux, notes de solvant un peu trop fortes), mais bien fait. Difficile Ă  juger. Note chiffrĂ©e (sous rĂ©serve) estimĂ©e Ă  80-82/100 ?

 

15-« PETITE CHAMPAGNE Â», distillĂ© en 1969 (pas de prĂ©cision sur le lot), Ă  50,5 % : ExubĂ©rant, très fin, notes de solvant, mais beau fruitĂ©, mais il lui manque quelque chose.Dommage. Note chiffrĂ©e (sous rĂ©serve) estimĂ©e Ă  84-86/100

 

*Extrait de caramel (E 150 a), testĂ© dans un demi-verre d’eau : IntĂ©ressant, presque pas d’influence. Guilhem nous dit qu’il n’y en a aucune, pourtant je sens un petit quelque chose, pas tellement en goĂ»t qu’en texture (soupçon de caractère sirupeux possible, comme dans nombre de blended-whiskies Ă©cossais, mais aussi de cognacs classiques). Apparemment ce ne serait pas le mĂŞme caramel utilisĂ© Ă  l’international (E150 d)= Sulfate d’ammonium, dit Guilhem), Ă  vĂ©rifier.

Nota : Il n’a pas Ă©tĂ© question de diluer une seconde les Cognacs qui suivent, Ă©tant donnĂ© leur finesse et leur âge, cela aurait constituĂ© un crime…

16-« BONS BOIS Â», distillĂ© en 1944 (pas de prĂ©cision sur le lot), embouteillĂ© au degrĂ© naturel (brut de fĂ»t), 42,3 % : Couleur : Ambre profond. Nez & Bouche : Au dĂ©part assez marquĂ© par des notes de solvant, puis s’équilibre, avec de belles notes fruitĂ©es (fruits confits,fruits mĂ»rs, belles notes d’orange confites) Ă©voquant un whisky du Speyside fort en sherry. Superbe boisĂ©, finesse et puissance  Ă  la fois. Finale interminable.Superbe, un grand Cognac, d’une grande complexitĂ© et d’un Ă©quilibre parfait.Très lisse et très doux. Beau rancio, beaucoup de profondeur…DĂ©jĂ  dĂ©gustĂ© et notĂ© auparavant : Conclusion : Un Cognac d’anthologie !!! -Prix + de 500 €-Note confirmĂ©e = 98 Ă  100/100 & Hors catĂ©gorie.

 

 

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 La couleur de ce millĂ©sime "1944" parle d'elle-mĂŞme : Du fruit (gourmand), du bois (maĂ®trisĂ©), et plein d'autres choses encore... Magnifique ! Photo Â© GrĂ©goire Sarafian

 

 

17-(”TrĂ©sors de La Gabare”), Cognac Hors commerce nommĂ© « N°22 Â» (probablement distillĂ© en 1922), environ 87 ans (maturation stoppĂ©e en cours de route via un stockage dans des dames-jeannes), 42 % : A Noter : Il s’agit d’un assemblage de fĂ»ts du lot intitulĂ© N° 22 – titrant, part des anges oblige, seulement 33 % d’alcool - & du lot N°24 (ce dernier Ă©tant officieusement de 1924), ceci dans le but de prĂ©senter un titrage alcoolique minimum de 40 %, conforme Ă  la lĂ©gislation pour l’appellation Cognac. L’absence de preuves de datation suffisantes interdisant le millĂ©sime  ou toute mention officielle de l’âge.

Commentaires & note chiffrĂ©e rĂ©visĂ©s en 2015 : Couleur : Ambre profond, Ă  reflets acajou orangĂ©s foncĂ©s. Nez : Une merveille ! Sublime. Un Cognac faisant preuve d’un très bel Ă©quilibre entre rancio (très beau), fruits, fleurs, et bois (très beau). Bouche : Un fondu exceptionnel, d’une harmonie incroyable, couche sur couche de saveurs fruitĂ©es, florales, boisĂ©es, Ă  peine Ă©picĂ©es, semblant ne jamais s’achever…Difficile de faire plus fin que ce Cognac ! Conclusion : J’ai dĂ©jĂ  Ă©voquĂ© ce cognac exceptionnel (sans doute issu d’un autre lot) sur le site. Il y a encore peu (car les prix flambent aussi dans le domaine du Cognac) celui-ci Ă©tait encore d’un rapport qualitĂ©/prix assez exceptionnel (je disais Ă  l’époque, la première fois que je l’ai dĂ©gustĂ© et je peux le redire maintenant que « les single-malts commencent Ă  ĂŞtre très sĂ©rieusement en danger comparĂ©s Ă  ce nectar Â»), avec un prix d’un peu plus de 500 € pour une bouteille. Ce prix n’est plus d’actualitĂ© Ă©videmment. Note chiffrĂ©e (sous rĂ©serve) estimĂ©e Ă  98/100 & Hors CatĂ©gorie

 

 

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Deux Cognacs d'exception de la maison GROSPERRIN, des Cognacs datant de 1822 et 1820 !

Photo © Grégoire Sarafian

 

 

18-(”TrĂ©sors de La Gabare”), Cognac Hors commerce nommĂ© « N°20 Â», de « GRANDE CHAMPAGNE Â», distillĂ© en 1820….d’environ 99 ans (maturation stoppĂ©e en cours de route via un stockage dans des dames-jeannes), mis en bouteille en 1919, titrant environ 40 % : A Noter : Il s’agit d’une bouteille sans Ă©tiquetage officiel, d’une mise en bouteille de rĂ©serve, qui a pour vocation de n’être qu’un d’échantillon, provenant d’un des plus vieux fĂ»ts de la rĂ©serve de ce nĂ©gociant. Il y aurait 250 bouteilles de ce Cognac.

Commentaires & note chiffrĂ©e rĂ©visĂ©s en 2015 : Couleur : Ambre profond (comme la pierre, pas comme le ton foncĂ© associĂ© habituellement aux whiskies colorĂ©s), Ă  reflets acajou orangĂ©s. Nez & Bouche : Un Cognac d’exception, « sublissime Â» et fondu au possible, tout en demeurant gourmand (floral, fruitĂ©, avec de belles notes de bois prĂ©cieux) et d’un raffinement inouĂŻ. Semble encore plus abouti encore que le prĂ©cĂ©dent pourtant au delĂ  de mes espĂ©rances. La complexitĂ©, la sĂ©rĂ©nitĂ© et le veloutĂ© de ce Cognac, encore plus gĂ©nĂ©reux et gourmand que le « N° 22 Â» me laisse pantois….Il m’évoque, en mieux, le single-malt DALMORE officiel 50 ans mis en bouteille en 2009, contenant parmi les plus vieux fĂ»ts des whiskies (certes reconditionnĂ©s rĂ©gulièrement au fil du temps) de la distillerie, datant de 1868. Conclusion : Une des plus belles eaux-de-vie jamais dĂ©gustĂ©es, Ă  la hauteur des plus grands vins, un miracle incroyable et pour donner une image plus tangible, ici, le sommet de l’Everest est depuis longtemps dĂ©passĂ© !!!! Comme ce n’est pas la première fois que je dĂ©guste ce « N°22 Â» (tout comme le « N°20 Â», d’ailleurs), j’ai certes un peu moins d’émotions que les fois prĂ©cĂ©dentes, mais tout est relatif : L’on a affaire ici Ă  l’égal des plus grands malts. (Hors commerce, mais estimĂ© Ă  5000 €) - Note confirmĂ©e (rationnalisĂ©e autant que possible !) : 100/100 & Hors catĂ©gorie !

 

 

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Le "Grande Champagne" 1820, plus qu'un Cognac, un morceau d'histoire.

Photo © Grégoire Sarafian

 

19-Rhum millĂ©simĂ© « 1893 Â», mais Ă©tiquetĂ© comme Cognac (au XIX ème, Guilhem nous apprend qu’on assemblait souvent Cognacs et Rhums ensemble !) : Etonnante, la couleur Ă  la base de la bouteille est rĂ©ellement verdâtre. Un rhum plutĂ´t joliment fait, certes atypique, assez vĂ©gĂ©tale, austère au dĂ©but, puis plus agrĂ©able, avec clairement une note de canne Ă  sucre, et beaucoup de rancio bien maĂ®trisĂ©. Note chiffrĂ©e (sous rĂ©serve) estimĂ©e Ă  87-89/100

 

Enfin, cerise sur le gâteau, pour terminer notre pĂ©riple, Guilhem nous a proposĂ© de dĂ©guster 3 single-malts whiskies Ă©cossais du nĂ©gociant ADELPHI (que distribuait en France jusqu’en 2012 la maison Grosperrin) :

Signalons Ă  ce stade, qu’une boutique, nommĂ©e « La Cale Â», propose au visiteur un choix assez consĂ©quent tant de Vins, de Whiskies que de Cognacs ou autres spiritueux, et que j’en recommande la visite…

 

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Une partie des étagères consacrées aux whiskies (pas seulement Adelphi, marque distribuée à l'époque en France par GROSPERRIN) dans la boutique "La Cale", à La Gabare S.A. Un choix impressionnant. Photo © Grégoire Sarafian

 

 

-DALMORE 17 ans (1990-2007), Single-cask N°3527 ayant donnĂ© 590 bouteilles, Cask Strength, 59,7 % : Assez joli DALMORE, un peu atypique, plutĂ´t vĂ©gĂ©tal et herbacĂ©, si mes souvenirs sont bons, plutĂ´t bien fait. Note chiffrĂ©e (sous rĂ©serve) estimĂ©e Ă  86/100

-SPRINGBANK 34 ans millĂ©simĂ© « 1969 Â» (1969-2004), Single-cask N°149 ayant donnĂ© 425 bouteilles, Cask Strength, 58,5 % : Couleur or, nez vĂ©gĂ©tal, voire presque marin, boisĂ©, maltĂ©, très fin. Bouche très fine et très Ă©quilibrĂ©e, avec des notes typiques de la distillerie (coco, bouillie de cĂ©rĂ©ales, Ă©pices, chĂŞne sec, herbes sèches). Très Ă©lĂ©gant, son profil aromatique est tĂ©nu, mais au final c’est une petite merveille de finesse et de complexitĂ©. Note chiffrĂ©e (sous rĂ©serve) estimĂ©e Ă  94/100

 

 

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Rares sont les whiskies qui peuvent tenir après une telle dégustation !

Photo © C.

 

-CAOL ILA 23 ans (1984-2008), Single-cask N° 6262, ayant donnĂ© 232 bouteilles, Cask Strength, 57,3 % : (note de dĂ©gustation complĂ©tĂ©e par une note prĂ©cĂ©dente, deuxième dĂ©gustation, donc) :

Couleur : Or clair, reflets Ă  peine dorĂ©s, mais avec Ă©clat. Nez : Typique des versions âgĂ©es de qualitĂ©, avec la toile de jute en premier lieu, puis les notes marines et tourbĂ©es, puis d’autres, mais pas de note d’olive. Bouche : De mĂŞme, avec une belle harmonie entre les notes florales et fruitĂ©es, soulignĂ©es par une tourbe fine et lĂ©gère. Pas d’agressivitĂ© non plus au niveau de l’alcool. Belle finale salĂ©e et florale, Ă  peine anisĂ©e. Tenue Ă  la dilution : Excellente, et comme souvent avec les bons fĂ»ts âgĂ©s de CAOL ILA, une proximitĂ© aromatique heureuse avec nombre de PORT ELLEN de nĂ©goce (pour les plus Ă©quilibrĂ©s, et vieillis en fĂ»ts de Bourbon et dans les 22/26 ans d’âge s’entend). Devient crĂ©meux et plein de charme. Fleurs, agrumes, embruns, sel, anis, fine fumĂ©e de tourbe. Conclusion : DĂ©jĂ  notĂ© par ailleurs, car dĂ©jĂ  dĂ©gustĂ© auparavant (2011), c’est un superbe CAOL ILA, parfaitement Ă©quilibrĂ©, bien tourbĂ©, avec une pointe de badiane, presque aĂ©rien, mais avec de la gourmandise et beaucoup de classe. « For relaxing time…. Â».Note chiffrĂ©e confirmĂ©e : 93,5/100

 

 


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 Un grand CAOL ILA de chez Adelphi...Photo © GrĂ©goire Sarafian

 

 

VISITE ET DEGUSTATION AU CHAI DE CHERMIGNAC :

Il s’agit d’un lieu plus rĂ©cemment acquis par la maison GROSPERRIN, une bâtisse traditionnelle avec un chai de petite taille, sur plusieurs pièces, un autre Ă©tant d’ailleurs en construction sur le flan arrière. Non loin des fĂ»ts sont entreposĂ©s, sur une mezzanine, comme Ă  Saintes, des dames-jeannes d’environ 26 litres, destinĂ©es Ă  sauvegarder le contenu de fĂ»ts trop âgĂ©s et/ou dont le titrage menace d’être infĂ©rieur Ă  la limite lĂ©gale (40 %) pour l’appellation « Cognac Â». C’est un lieu bien plus petit que le chai N°1 de Saintes, mais qui a son charme, encore plus campagnard pour le coup…

 

 

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Le chai actuel situé à Chermignac...plus petit que celui de Saintes, mais en cours d'expansion.

Photo © Grégoire Sarafian

 

 

20-« BONS BOIS Â», distillĂ© en 1991, Ă©chantillon de brut de fĂ»t au degrĂ© naturel, 67,8 % : BoisĂ© intense, avec un alcool très prĂ©sent, difficilement soutenable sans eau. Guilhem pense le laisser encore vieillir et l’assembler avec d’autres Cognacs peut ĂŞtre moins brutaux. Note chiffrĂ©e (sous rĂ©serve) estimĂ©e Ă  88 ?/100

 

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Votre serviteur (à gauche) avec Guilhem (à droite), dans le chai de Chermignac, dégustant un échantillon qu'il avait gardé pour nous il y a un moment déjà du "Bons Bois" 1991, un véritable feu d'artifice dans le palais, un Cognac certes encore à dompter (à laisser vieillir encore un peu, assembler, peut être?) mais impressionnant. Par contre celui là a clairement besoin d'eau ! Photo © Grégoire Sarafian

 

21-COGNAC jeune (2011), pas d’autres prĂ©cisions : Jeune, rien Ă  voir, plus proche d’un autre type d’alcool, note de pin assez importante. Evoque curieusement alors un single-cask de chez MACKMYRA (distillerie suĂ©doise de whisky). Note chiffrĂ©e (sous rĂ©serve) estimĂ©e Ă  84-86/100

 

 

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Votre serviteur dans le chai de Chermignac, traditionnel, ou l'on distingue des fûts en grande majorité neufs et jeunes.

Photo Â© GrĂ©goire Sarafian

 

 

 

2/Chez les VALLEIN-TERCINIER*, Domaines des FORGES (producteur, pour son compte)

 Ă  Chermignac, 2014 (visite le 11/03/2014):

 

 

Catherine ROUDIER-TERCINIER, fille de Robert TERCINIER, dirige le domaine avec son frère Louis, une affaire de famille depuis 5 gĂ©nĂ©rations (voir l’historique ci-dessous). Au Domaine des Forges, qui existe depuis 1850, on y produit du Cognac, du Pineau des Charentes, des liqueurs Ă  base de Cognacs, des vins de Pays, des confitures, etc...Après la visite des lieux, nous avons dĂ©gustĂ©s 13 Cognacs, puis, par la suite, d’autres encore, lors de prĂ©sentations sur Paris, et il me reste Ă  dĂ©guster 2 Ă©chantillons Ă  priori exceptionnels (voir Ă  la fin) et d’y ajouter mes notes sur la version rĂ©cente nommĂ©e « VT 46/Small Batch Â», embouteillĂ©e sans filtration Ă  froid & sans coloration Ă  46 %.

 

 

 

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L'entrée principale des chais & boutique du Domaine des Forges. Photo © Grégoire Sarafian

 

 

Pour la prĂ©sentation historique de la famille VALLEIN-TERCINIER, j’ai prĂ©fĂ©rĂ© laisser parler Catherine, via sa prĂ©sentation sur le site officiel de sociĂ©tĂ© :

« Robin Tercinier est arrivĂ© en Saintonge en 1480 et s’y est installĂ© avec sa famille. Louis Vallein achète en 1791 le Domaine des Forges. Son fils NapolĂ©on partagera la PropriĂ©tĂ© entre ses 2 descendants. L’un de ses deux fils, Georges Vallein crĂ©e alors en 1850 une entitĂ© commerciale et commence Ă  vendre le Cognac en bouteille. PropriĂ©taire du Domaine, distillateur et nĂ©gociant en vins & spiritueux, Georges dĂ©veloppe la Maison. Lui succède son fils Paul Vallein, qui restera cĂ©libataire et achètera vers 1920 la sociĂ©tĂ© Camille Dupuis qui crĂ©e ses propres assemblages et propose du Cognac en bouteille. Sa sĹ“ur Édith convole en juste noce et mettra au monde Louis Tercinier, petit-fils de Georges qui poursuivra l’activitĂ© avec son oncle Paul dès son retour de la « Grande Guerre ». Louis donnera une impulsion dĂ©cisive Ă  la Maison en dĂ©veloppant ses marchĂ©s sur toute l’Europe : TchĂ©coslovaquie, Finlande, Allemagne, Grande-Bretagne, etc...

En 1947, Robert rejoint son père Louis. C’est l’après-guerre, les marchĂ©s sont florissants. Pendant les 30 Glorieuses, les 8 chaudières de la distillerie alimenteront autant les besoins de la Maison que ceux de nombreux nĂ©gociants. Pourtant, vers 1980, la Maison Vallein-Tercinier saura trouver de nouveaux dĂ©bouchĂ©s. Grâce Ă  sa rĂ©putation et Ă  son sĂ©rieux, Ă  la qualitĂ© de ses eaux-de-vie, au respect de ses engagements, elle confortera ses marchĂ©s europĂ©ens et exportera alors vers l’Asie. Les annĂ©es 1990 verront le partage du travail de la Terre et du NĂ©goce entre Louis et Catherine, fils et fille de Robert Tercinier. Fiers de poursuivre l’œuvre ancestrale, ils marchent ainsi sur le chemin tracĂ© de leurs aĂŻeux. Â».

Site web : https://www.cognac-tercinier.com/fr/

 

 

 

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 Catherine ROUDIER-TERCINIER, ici avec un outil ("dog", en anglais) servant Ă  soutirer le Cognac du fĂ»t pour le servir. Photo Â© GrĂ©goire Sarafian

 

 

MA VISITE :

 

1/ LA SALLE DES ALAMBICS:

 

La distillerie VALLEIN-TERCINIER pratique 2 distillations (comme il se doit dans le Cognac, rappelons que l’on en pratique qu’une seule pour l’Armagnac) dans des alambics charentais typiques: La première donne un distillat de 30 %, la deuxième entre 72 et 76 %. Seul le coeur de chauffe est gardĂ©. Le domaine viticole est dans la famille depuis 1452, mais pour ce qui concerne la production de Cognac, la date de dĂ©but d'activitĂ© est autour de 1850. Les alambics Ă  repasse (en cuivre repeint) sont chauffĂ©s au gaz (la saison de distillation est de dĂ©but Novembre au 31 Mars, ce qui est liĂ© aux pĂ©riodes des vendanges) et sont identiques ou presque de capacitĂ© d'une distillerie de Cognac Ă  l'autre (25 hectolitres, soit 2500 litres). Le cĂ©page utilisĂ© est l'Ugni blanc, en majoritĂ©, mais on utilise ici aussi parfois un peu de Folle blanche. 

 

 

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Les alambics charentais typiques du Cognac, avec des formes différentes pour des styles différents. Photo © Grégoire Sarafian

 

 

2/ LES CHAIS (dont « Le Paradis Â» & Le Petit Paradis Â»):

 

Le chai dit « Petit Paradis Â» comprend des cuves d’assemblage en bois, un espace semblable Ă  un musĂ©e (ou de vieux outils et tireuses Ă  Cognac sont exposĂ©s), et renferme Ă©galement une boutique qui comprend un espace bar de dĂ©gustation dĂ©diĂ© avec un hommage (sous forme de portraits au mur) aux ancĂŞtres des producteurs actuels (comme par exemple son fondateur, un viticulteur-distillateur a vĂ©cu de 1839 Ă  1911), dont Catherine Roudier-Tercinier est la descendante (5 gĂ©nĂ©rations). La part de viticulture demeure cependant faible.

 

 

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La pittoresque salle servant à la fois de chai (cuve d'assemblage), boutique & bar de dégustation. Photo © Grégoire Sarafian

 

 

Le Chai dit « Le Paradis Â» & les autres chais: Il y a plusieurs chais anciens (comme celui nommĂ© « Le Paradis Â», que j’ai visitĂ©) et comme chez d'autres producteurs, un certain nombre de Cognacs âgĂ©s sont conservĂ©s en dame-jeanne, afin de stopper la progression du vieillissement (une pratique marginale dans le monde du whisky, sauf pour les maisons ayant conservĂ© des fĂ»ts très anciens, la pratique courante dans ce cas Ă©tant plutĂ´t changer de fĂ»t après quelques dizaines d’annĂ©es). La capacitĂ© des fĂ»ts (en chĂŞne du Limousin ou du Tronçais) de Cognac chez Vallein-Tercinier est de 500 Ă  550 litres et le fĂ»t le plus âgĂ© est de 1965, mais parmi les cognacs conservĂ©s en dame-jeanne, certains datent de 1934, voire de 1922. Le plus ancien Cognac, qui a Ă©tĂ© transfĂ©rĂ© en dame-jeanne, date de 1875. Le chai principal (de type traditionnel, ou « dunnage warehouse Â» en anglais) accueille environ 40 fĂ»ts Ă  l'heure actuelle, mais il y a d'autres chais d'une capacitĂ© d'environ 1000 hectolitres, qui accueillent au total actuellement environ 120 fĂ»ts. Il comprend aussi, et surtout pourrait-on dire, Ă©videmment, comme chez Grosperrin, de nombreuses dame-jeanne (en anglais « demi-john Â»), des bonbonnes de verre renfermant des Cognacs parfois centenaires qui ont subi une part des anges dĂ©mente (Catherine estime Ă  20 millions de bouteilles par an la part des anges!).

 

 

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 L'un des plus vieux chais avec de vieux fĂ»ts & des dame-jeanne, renfermant les plus anciens Cognacs de la maison. Photo © GrĂ©goire Sarafian

 

 

3/ Les produits de VALLEIN-TERCINIER:

 

La maison VALLEIN-TERCINIER produit des Cognacs, en Ă©dition limitĂ©e (souvent brut de fĂ»t, mais pas toujours), ou en Ă©dition classique, comme par exemple des « V.S. Â» (minimum 2 ans d’âge), « V.S.O.P. Â» (minimum 4 ans d’âge) , « X.O. Â» (minimum 10 ans d’âge), ou encore des « Hors D’Age Â» (minimum 6 ans Ă  bien plus). Pour rappel, la distillerie produit aussi des « Fine Champagne Â», une A.O.C. (appellation d’origine contrĂ´lĂ©e) dĂ©finissant la prĂ©sence dans l'assemblage de 50 % de Grande Champagne et 50 % de Fine Champagne. Quand au Cognac « NapolĂ©on Â» (Ă©quivalent de « X.O. Â», Hors d’Age, « Vieille RĂ©serve Â», « Très Vieux Â»), rappelons qu’il dĂ©signe une eau-de-vie d’au moins 6 ans d’âge (comme pour les autres, Ă  compter du 1er avril de l’annĂ©e suivant la vendange). Ces rĂ©fĂ©rences sont disponibles en bouteilles classiques tout comme parfois aussi en carafes (« decanters Â»), bouteilles personnalisables, etc...La maison produit Ă©galement des apĂ©ritifs aromatisĂ©s Ă  base de Cognac, des Pineaux des Charentes (multiples rĂ©fĂ©rences, dont la plus ancienne, nommĂ©e « l’oubliĂ© Â», est de 30 ans d’âge), des liqueurs d’orange, de poire, de mandarine ou encore de cafĂ©, toutes aromatisĂ©es au Cognac, des pineaux aromatisĂ©s, des confitures aux Cognac, etc...

Pour ce qui est du Cognac, il existe plusieurs gammes et plusieurs types de traitement de ceux-ci. Suivant leur destination (marché, comme par exemple chinois, ou les additifs sont exigés...) et leur type, ils peuvent être filtrés à froid, recevoir des additifs (caramel, saccharose brut, essence de boisé). Les V.S.O.P. et X.O. sont filtrés à froid, tandis que les bruts de fûts haut de gamme ne sont pas traités.

 

 

 

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Cette vue montre l'Ă©tendue de la production de la famille, avec Ă  la fois les Cognacs, les Pineaux des Charentes & les liqueurs.

Photo: © Grégoire Sarafian

 

 

 

LISTE DES COGNACS DEGUSTES/BREVES NOTES (sauf 2 notes complètes récentes, 2021):

 

 

1/ X.O. flacon tassé de 0,50 litres, "Compte 10"/"Bois Ordinaires/Ile d'Oléron", 40 %:

Nez et bouche assez douces, fin et léger, mais comme aseptisé. Note estimée à 12/20 (= 79/100)


2/ X.O. flacon tassé de 0,50 litres, "Compte 10"/"Bons Bois", 40 % (sans additifs):

Le nez est un peu vert (végétal), en bouche il est vraiment très léger, presque insignifiant, moins présent que le premier dégusté. Note estimée à 11/20 (= 77/100)

 
3/ X.O. flacon tassé de 0,50 litres, "Compte 10"/"Fins Bois", 40 % (sans additifs):

Encore un peu vert (nez, bouche), et peu expressif. Il est encore jeune. Pas de note chiffrée.


4/ X.O. flacon tassé de 0,50 litres, "Compte 10"/"Petite Champagne", 40 % (sans additifs):

Nez fin et ouvert. Bouche plus expressive que les précédents, avec des notes florales & fruitées décentes, mais la réduction à 40 % lui est dommageable. A 45 % il aurait été bien meilleur. Note estimée à 13/20 (= 82/100)

 
5/ X.O. flacon tassé de 0,50 litres, "Compte 10"/"Grande Champagne", 40 % (sans additifs)-PVC Local = 56 €:

Nez fin et léger, assez joli, expressif, en bouche il apparat comme ciselé comme un bijou. Bel équilibre entre notes florales, fruitées, boisées & épicées. Note estimée à 15/20 (= 87/100)

 

6/ X.O. flacon tassé de 0,50 litres, "Compte 10"/"Borderies", 40 % (sans additifs):

Couleur: Or clair. Nez : Fin et capiteux. Bouche: Assez parfumĂ© (entre solvant et orange en sorbet). Ses notes florales & fruitĂ©es sont dĂ©jĂ  plus perceptibles & bien apprĂ©ciables. Note estimĂ©e Ă  14/20 (= 85/100) 

 

 

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La gamme "XO", une bonne introduction au caractère léger & fin des Cognacs de la maison, ici ceux que j'ai dégustés. Photo © Grégoire Sarafian

 

 

 
7/ Cognac MillĂ©simĂ© "OdyssĂ©e 2000" (mis en bouteille en 2013, d’environ 13 ans), "Fins Bois" (sans additifs), « Très Vieux Cognac Â», initialement un brut de fĂ»t Ă  70 %, mais rĂ©duit Ă  46 % /Notes de dĂ©gustation rĂ©visĂ©e en 2021 :Couleur: Or, Ă  reflets vieil or. Nez: Complexe, exubĂ©rant, tant sur le plan floral (fleurs capiteuses, dont lys, lilas) que fruitĂ© (orange, pĂŞche, fruits secs caramĂ©lisĂ©s, pruneaux, abricots). Notes de solvant puissantes, qui s’attĂ©nuent Ă  l’aĂ©ration. En bouche : Complexe & gourmand, gorgĂ© de fruits, l’orange en tĂŞte, puis la pĂŞche, l’abricot & le bourgeon de cassis (ce qui le rapproche fortement d’un Irish Single Pot Still whiskey, comme un Power’s ou Redbreast 12 ans sous stĂ©roĂŻdes), avec une note de solvant dĂ©sormais plaisante, typique, quelques Ă©pices douces, et la finale (ou plutĂ´t la rĂ©tro-olfaction, juste après) est sublime, longue, Ă  la fois en exubĂ©rance & en finesse. Beaucoup d’élĂ©gance. Avec dilution : Quelques gouttes d’eau et cet ensemble est encore plus sĂ©duisant et plus facile d’accès. Belles notes vanillĂ©es & finement Ă©picĂ©es. Conclusion: Un très bel exemple de ce que peut ĂŞtre un « Fins Bois Â» de toute beautĂ©, sans additifs, avec un titrage idĂ©al, avec beaucoup d’exubĂ©rance florale & fruitĂ©e. Prix : 63 € sur place en 2014. EpuisĂ©. Note confirmĂ©e : (Note de plaisir Ă  18,75/20), note finale de 94/100

 

 

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 Le fameux "OdyssĂ©e 2000", un très joli Fins Bois, demeure l'un de mes favoris abordables de chez V.T.  Photo : © GrĂ©goire Sarafian

 

 

8/ Cognac Millésimé "1969", dit "L'érotique", "Grande Champagne" mis en bouteille en 2013 (environ 44 ans), version réduite à 48 % (sans additifs) : (Autres Notes de dégustation à venir pour celui-ci)-PVC = 169 € sur place: Couleur: Or clair à reflets orangés. Nez : D'une grande finesse, fleurs capiteuses et notes fruitées très complexes (d'oranges, mais aussi de mandarines, de clémentines). En bouche, c'est un véritable enchantement...Note sous réserve estimée 18+/20, soit environ 92/100?

 

9/ Cognac MillĂ©simĂ© "OdyssĂ©e 2000" (mis en bouteille en 2013-environ 13 ans), "Fins Bois", en version dite "brute de fĂ»t", Ă  56,2 % (sans additifs): Puissant et un peu alcooleux, entĂŞtant, marquĂ© par des notes de solvant.  Il lui faut sĂ»rement plus de temps dans le verre pour pouvoir l’apprĂ©cier, son profil Ă©tant plus dur, plus marquĂ©. Pas de note chiffrĂ©e.

 

10/ Cognac sans millĂ©sime, mais mention "Lot N°65" (« 65 Â» pour distillĂ© en 1965, d’environ 48 ans), "Très vieux Cognac" mis en bouteille en 2013, "Grande Champagne"), version initialement Ă  68 %, rĂ©duite Ă  47 % (sans additifs) /PVC sur place = 220 €): Il s'agit d'un assemblage comportant une petite part de fĂ»ts datant de 1922. Couleur: AmbrĂ©e. Nez et Bouche: Très fin et complexe, dense, autour Ă  la fois du fruit, du rancio et du bois, mais très Ă©lĂ©gant. Note chiffrĂ©e estimĂ©e Ă  17,5/20, soit environ 89/100

 
11/ Cognac sans millĂ©sime, mais mention "Lot N°65" (« 65 Â» pour distillĂ© en 1965, d’environ 48 ans), "Très vieux Cognac" mis en bouteille en 2013,  "Grande Champagne", version lĂ©gèrement rĂ©duite (hors commerce/STFC/sans additifs) Ă  56,2 %: Couleur: AmbrĂ©e Ă  reflets vieil or. Nez et bouche : MarquĂ©s par le solvant avant tout, la cire, le miel. Mais un très beau Cognac tout de mĂŞme. Note sous rĂ©serve estimĂ©e 18-/20, soit environ 89?/100

 

 

 

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Un des plus beaux Cognacs de la maison, millésimé "1965". Photo © Grégoire Sarafian

 

 

12/ Cognac sans millĂ©sime, mais mention "Lot N°49" ou "CONJUGAISON 49" (« 49 Â» pour distillĂ© en 1949, d’environ 64 ans, mais il contient aussi des fĂ»ts de 1922 , âge estimĂ© entre 63 & 93 ans), "Très vieux Cognac", mis en bouteille en 2013, "Grande Champagne", version rĂ©duite Ă  46 %(sans additifs) (PVC sur place = 390 €): Couleur : AmbrĂ©e. Nez : Fleurs capiteuses, bois prĂ©cieux, fruits variĂ©s. Bouche: Sans fin, avec de la profondeur, mais manquant sans doute d'un peu plus de complexitĂ©. T.D. non tentĂ©e. Conclusion : Un  plus que superbe Cognac en dĂ©finitive ! Note estimĂ©e Ă  19/20, soit environ 95/100 (Autres Notes de dĂ©gustation plus prĂ©cises Ă  venir, sur mignonnette)

 

 

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Un impressionnant Cognac. Photo, courtesy of Vinmedmere.dk on line shop

 

 

 

13/- Â« VT 46 Â», lot de 2020, une crĂ©ation rĂ©cente, assemblage de fĂ»ts de Cognac « FINS BOIS Â» (25 ans d’âge) & de « BONS BOIS Â» (15 ans), non colorĂ© & non filtrĂ© Ă  froid, rĂ©duit Ă  46 %:Couleur: Or clair, Ă  reflets vieil or. Nez:Complexe, floral (plus classique), assez herbacĂ© (herbes sauvages),modĂ©rĂ©ment fruitĂ© (agrumes, abricots, voire pĂŞches et orange, mais en second plan). Peu de notes de solvant. En bouche :L’on retrouve cette complexitĂ©, mais non sans une certaine austĂ©ritĂ©, avec une emphase sur les herbes sauvages & les Ă©pices douces, les notes fruitĂ©es & florales Ă©tant prĂ©sentes, mais jouant les seconds violons, presque...Un peu dĂ©concertant, mais intĂ©ressant. Un peu plus de notes boisĂ©es, mais restant modĂ©rĂ©es. Une certaine austĂ©ritĂ© qui nĂ©cessite sans doute plus d’attention & plus d’aĂ©ration de la bouteille. Avec dilution : Quelques gouttes d’eau et l’ensemble se fait plus Ă©quilibrĂ© & plaisant, ramenant un peu de fruitĂ© & de floral au centre de la palette, qui fait par ailleurs de plus en plus penser Ă  un Highland single malt whisky par l’emphase sur les herbes & les Ă©pices. Conclusion: Un Cognac pour lequel il m’est un peu difficile pour le moment de lui donner une note dĂ©finitive, car je l’ai ouvert il y a peu, et je pense qu’il nĂ©cessite un temps d’aĂ©ration plus grand pour s’exprimer pleinement. Ceci Ă©tant dit, il est expressif, et se rapproche du terrain du whisky Ă©cossais typĂ© Highlands. Je suis curieux de son Ă©volution. Prix : 67,50 €, en ligne (site de la Cognathèque.com).Note provisoire: (Note de plaisir Ă  18-/20), note après 2 dĂ©gustations de 90/100  (Ă  confirmer)

 

 

 

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L'un des derniers nés de la famille VALLEIN-TERCINIER, le "VT 46" ("Small Batch"), un étonnant Cognac qui établit clairement une plateforme entre Cognac & Whisky.

Photo: © Grégoire Sarafian

 

 

 

 

14/- Â« LOT 65 Â», millĂ©simĂ© 1965, mis en bouteille en 2010 (45 ans), Lot L1-65001, non rĂ©duit, 57,7 %, (fourni par C.), (sans additifs).Non encore dĂ©gustĂ© dans cette version, notes de dĂ©gustation sur sample Ă  venir...

 

A NOTER: Je tiens à remercier chaleureusement Catherine ROUDIER-TERCINIER pour son chaleureux accueil, les dégustations et toutes ses explications sur le Domaine des Forges & la production de ses Cognacs...

 

 

 

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 Catherine ROUDIER-TERCINIER, une vĂ©ritable passionnĂ©e qui tient haut & fort le flambeau familial. Photo : Â© GrĂ©goire Sarafian

 

 

***

 

 

CONCLUSION :

 

Ce voyage fût riche d’enseignements: D’abord celui de battre en brèche certaines idées reçues sur le Cognac (mais cela, certes, j’avais déjà commencé à le faire suite à plusieurs rencontres et masterclass données par Guilhem GROSPERRIN sur Paris), mais aussi de me permettre de mieux connaître ses spécificités, ses ressemblances comme ses différences avec le whisky, et puis au-delà de toutes ces considérations, la révélation que oui, nous aussi, en France, savons produire de beaux alcools vieillis en fûts, avec un véritable terroir, un savoir-faire unique, des liens étroits entre producteurs, courtiers et négociants, mais aussi distributeurs, producteurs de Pineau des Charentes, etc…

J'Ă©prouve une certaine Ă©motion devant des trajectoires très diffĂ©rentes et parfois rares et difficiles comme celles de la famille GROSPERRIN & la famille VALLEIN-TERCINIER et je tenais Ă  leur faire part ici, modestement, de ma plus grande considĂ©ration pour leur travail. Alors encore un grand merci Ă  Guilhem & Catherine pour leur accueil chaleureux et qui n’ont pas comptĂ© leur temps malgrĂ© son emploi du temps surchargĂ©. Je n’oublierais pas (moi et mes compagnons de visite) ce voyage !

 

J’ai également visité lors de ce voyage, en compagnie d'amis amateurs de whisky, mais ouverts aux autres spiritueux & à nos créations nationales, un producteur de Pineau des Charentes à qui je tenais à rendre hommage pour conclure ce reportage. Rappelons qu'un pineau est un mélange constitué à 75% de jus de raisin frais-non fermenté-et de 25% de Cognac. Celui de la famille Rivière provient à 80% de vignes âgées de 90 ans (cépage Colombard, et Cabernet pour le pineau rosé).

La famille RIVIERE, dont certains membres sont producteurs de Pineau des Charente depuis 8 générations, nous a reçu les bras ouverts (merci à Guilhem pour ce tuyau en or !). Nous avons eu la chance de visiter l'endroit, non loin de Chermignac (à Angeac), pendant la saison de distillation, qui ne dure que...15 jours par an ! Les alambics sont encore chauffés au bois (et parfois aussi au charbon) comme il y a bien longtemps. Le Pïneau produit ici est commercialisé sous la marque "François 1er" (tous vieillis en fûts de chêne du Limousin), et il est superbe. Le 15 ans d'âge est un régal et très abordable en prix (51 € PPC). Le plus ancien millésime dégusté lors de notre passage fut un "1978" (de plus de 30 ans d'âge si mes souvenirs sont bons; et sachez qu'ils commercialisent aussi en une luxueuse carafe un 40 ans d'âge, et que les plus anciens fûts vus lors de notre passage datent de 1929 !), d'une grande densité.

 

 

 

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Le splendide 15 ans d'âge de la gamme rĂ©gulière des Pineaux "François 1er". Photo: Â© GrĂ©goire Sarafian

 

 

 

 

Je regrette que face à tout ce savoir-faire, ces talents, cette gourmandise et ce raffinement typique du Cognac, celui-ci demeure encore vendu à l’étranger en très grande majorité (98 %), et que, de même que pour l’Armagnac, celui-ci soit quelque peu trop boudé encore dans notre pays. Puisse cet article (et celui à venir sur un négociant en armagnac) changer un peu cette vision et ces pratiques…

Lien vers le site internet des Pineaux François 1er: https://pineauf1.com/

 

 

 

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Chez la famille Rivière, producteur de Pineau des Charentes depuis 8 générations, Domnique Rivière, un ami de Guilhem Grosperrin.

Notez l'alambic chauffĂ©, au bois, Ă  feu nu... Photo Â© GrĂ©goire Sarafian

 

 

 

 Bonne visite Ă  venir dans le fabuleux univers du Cognac...!

 

 

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