Editorial No 20

 

Dernière minute (07/03/2017):

A VENIR TRES BIENTOT:

-Nouvel Editorial (N°21), composé cette fois que de notes de dégustation de whisky...

-Nouveau sujet "Gros Plan" (sur une distillerie écossaise à l'honneur cette année),

avec une interview exclusive ainsi que des notes de dégustations également en partie exclusives

 

Merci de votre patience !

 

 ***

 

EDITORIAL No 20:

 

 Â« N.A.S. OR NOT N.A.S. ?...THAT IS THE QUESTION »

(ou...Quid des whiskies sans compte d'âge?)

 

 

Première Edition/1st Edition: 02/11/2016

Mise Ă  jour/Update: 28/12/2016

 

 

INTRODUCTION :

 

Pour ce nouvel éditorial, je vous propose un retour à une forme plus traditionnelle par rapport à la presse classique, au-delà des habitudes de mon site, donc plutôt sur l’expression d’un point de vue sur un phénomène d’actualité plutôt que le traitement des nouveautés,car une grande partie de ces nouveautés est d’ores et déjà présente soit à l’intérieur du reportage sur le Whisky Live Paris, soit dans la gigantesque liste thématique de près de 200 whiskies abordables conseillés déjà en ligne, ou encore risque de l’être dans d’autres reportages à suivre. Par ailleurs j'ai mis à jour ma liste de mes distilleries préférées, qui tient compte également de ce phénomène des whiskies sans compte d'âge.

 

Reportage sur le Whisky Live Paris 2016 (my report about Whisky Live Paris 2016 edition): Ici/Here

Liste de plus de 200 whiskies abordables des années (202 recommended affordable drams, including 92 favorite from all over the world): Ici/Here

Liste de mes distilleries préférées récemment mise à jour (my updated Top 100 Distilleries worldwide): Ici/Here

La Fabrication du Whisky-Sujet récemment mis à jour (my updated How whisky is made topic-in French): Ici/Here

 

Pour ce faire, j’ai repris la conclusion de mon reportage sur le Whisky Live Paris 2016 et je l’ai modifiĂ©e et largement dĂ©veloppĂ©e, afin de tenter de « clore le dĂ©bat Â», si j’ose dire, pour autant que ce soit possible, sur le phĂ©nomène des « n.a.s. Â», c’est-Ă -dire des whiskies sans compte d’âge qui sont en pleine prolifĂ©ration de nos jours.

 

 ***

 

« N.A.S. OR NOT N.A.S.? THAT IS THE QUESTION »:

(ou...Quid des whiskies sans compte d'âge?)

 

 

PREAMBULE:

 

Un des problèmes de notre Ă©poque concernant le whisky c’est donc le phĂ©nomène dĂ©sormais bien implantĂ© des n.a.s. (whiskies sans compte d’âge) ET celui des whiskies axĂ©s sur la « wood technology Â» (ce sont d'ailleurs le plus souvent les mĂŞmes), un phĂ©nomène similaire Ă , il y a quelques annĂ©es, celui de la « parkerisation Â» dans les vins de Bordeaux ( du nom d'un Ă©crivain amĂ©ricain du vin nommĂ© Robert Parker et qui, je pense, bien malgrĂ© lui, par ses choix, Ă  concouru Ă  promouvoir un certain type de profil aromatique pour les vins). Ce phĂ©nomène a entraĂ®nĂ© l’obsession de la « micro-oxygĂ©nation Â» des vins, en grande partie crĂ©Ă©e, puis soutenue par l’œnologue Michel Rolland (Ă  ce sujet, voir le terrible documentaire « Mondovino Â» de Jonathan Nossiter sorti en 2004). Disons-le clairement, ce sont souvent les mĂŞmes produits qui souffrent Ă  la fois du « n.a.s. non transparent Â» et de la « wood technology Â» (mĂŞme s’il y a de belles exceptions encore cette annĂ©e), et, au passage, par une augmentation significative du prix de vente pour des whiskies gloablement plus jeunes que leurs prĂ©dĂ©cesseurs, d'ou aussi le scandale et la rebĂ©llion de certains consommateurs, forumeurs et bloggeurs. Comme je vais tenter de le dĂ©montrer ci-dessous, les n.a.s. constituent donc un phĂ©nomène significatif tant des enjeux de qualitĂ©, de pĂ©rĂ©nnitĂ© du whisky que de l''accessibilitĂ© du whisky au plus grand nombre et Ă  cet Ă©gard, dans un monde de demande forte pour le whisky, ne font (pour la plupart, pas tous, certes) que souligner l'aseptisation industrialisĂ©e du goĂ»t qui est Ă©galement prĂ©sente dans l'alimentation. La seule diffĂ©rence, au moins pour les whiskies sous cadre lĂ©gal strict (Ă©cossais, irlandais, surtout), c'est que l'on ne peut normalement pas trouver autant d'additifs et de cochonneries lĂ©gales divers dans le whisky...une maigre consolation.

 

 

 

 glenlivet_cipher_red_capture

 

 

Le The GLENLIVET "Cipher", au delà du coup marketing, l'archétype de l'opacité des whiskies sans compte d'âge...bien sûr j'aurais pu aussi choisir le HIGHLAND PARK "Dark Origins".

Deux whiskies qui ne sont pas mauvais, non, il faut être honnête, mais trop "technologiques" (trop poussés sur le boisé) et sans grand intérêt pour un prix assez conséquent.

 

 

 

-NE PAS CONFONDRE N.A.S. (HISTORIQUES) ET N.A.S. (CONTEMPORAINS) :

Cependant il convient ici de rappeler, pour les lecteurs pas encore trop au fait de ce problème, qu’il ne saurait ĂŞtre question de mettre tous les whiskies dans le mĂŞme sac, comme il m’arrive de le lire ici ou lĂ  sur des forums ou blogs ou billets de journalistes mal informĂ©s. Certains ont mĂŞme choisi par principe de refuser de chroniquer un whisky dès lors qu’il sera sans compte d’âge. J’ai du respect pour cette dĂ©marche, mais pour moi elle est tout de mĂŞme « Ă  courte vue Â», dans la mesure ou en supprimant toute critique dĂ©taillĂ©e du whisky, elle ne fait d’une part aucune diffĂ©rence entre les diffĂ©rents cas de n.a.s. et, de l’autre, n’encouragent pas les producteurs Ă  en produire de meilleurs car la critique demeure globale, donc ne vise aucune distillerie ou nĂ©gociant en particulier, alors qu’une critique sur une bouteille en particulier a un certain impact.

En effet, comment comparer (par exemple) les jeunes The Singleton of DUFFTOWN sans compte d’âge que sont les "SUNRAY", "TAILFIRE", "SPEY CASCADE", "UNITE" ou encore "TRINITE" (rĂ©duits Ă  40 %, colorĂ©s artificiellement, filtrĂ©s Ă  froid, assez jeunes, etc…) avec un single malt en Ă©dition limitĂ©e et sans compte d'âge comme par exemple l’ABERLOUR « A’Bunadh Â», crĂ©Ă© avec une large variĂ©tĂ© de cuvĂ©es ou millĂ©simes Ă  partir de donnĂ©es prĂ©cises et exigeantes (la majeure de fĂ»ts de sherry de premier remplissage, la non filtration Ă  froid, la prĂ©sence de quelques fĂ»ts de plus de 10 ou 15 ans, le titrage Ă©levĂ©, etc…). C’est tout simplement ridicule, pas sĂ©rieux…et je pourrais multiplier les exemples, mĂŞme si « du bon cĂ´tĂ© de la force Â», il n’y a tout de mĂŞme pas Ă©normĂ©ment d’exemples de bons n.a.s. en dehors des whiskies des jeunes distilleries : Le KILCHOMAN « Sanaig Â» ou le jeune single malt de WOLFBURN en sont de bons exemples, d'autres seront citĂ©s plus loin.

Mais il y aussi ce que je nommerais personnellement les versions n.a.s. "historiques", c'est  Ă  dire issues du dĂ©but des annĂ©es 2000, voire avant : 1998 pour l’ABERLOUR « A’Bunadh Â» qui ne comportait pas de numĂ©ro de lot Ă  l'origine), comme le sont aussi l’ARDBEG « Uigeadail Â» (premère Ă©dition en 2003), le LAPHROAIG « Quarter Cask Â» (première Ă©dition en 2004), ou l'ISLE OF JURA "Superstition" (première Ă©dition en 2002) ou encore comme l’étaient les SPRINGBANK, HAZELBURN & LONGROW en version dite « C.V. Â» (encore une fois tous des whiskies avec une amplitude de diffĂ©rents âges assez consĂ©quente-la première Ă©dition du SPRINGBANK "C.V." est moins Ă©vidente Ă  dater, mais la plupart des sources mentionnent "le milieu des annĂ©es 1990" comme première sortie-personnellement je peux attester qu'elle est en tout cas infĂ©rieure Ă  l'an 2000). Ces whiskies sont tous des assemblages de fĂ»ts d'âges diffĂ©rents, et parfois avec une grande amplitude, comme pour les SPRINGBANK & marques associĂ©es (au moins sur 10 ans, parfois de 8 Ă  30 ans d'âge) ou le JURA "Superstition" qui contient des whiskies de 8 Ă  21 ans d'âge.

Un peu plus tard, la distillerie TOMINTOUL sortait un single malt anonyme tourbĂ© sous le nom de « Old Ballantruan Â», ce sans mention d’âge. Un whisky relativement jeune, lui, mais de qualitĂ©. Les exemples abondent et je ne peux les citer tous, j’en oublie sĂ»rement certains qui ont pu marquer leur temps…

 

 

aberlour_a_bunadh_batch_46_gwg

L'ABERLOUR "A'Bunadh" (ici l'excellent batch 46), archétype du n.a.s. historique réussi...Photo: © Grégoire Sarafian

 

 

 

Du cĂ´tĂ© du nĂ©goce, et notamment concernant les whiskies tourbĂ©s, il faut citer parmi les excellents n.a.s. des annĂ©es 2000 (et ils existent encore !) les « Smokin’ Islay Â» et autres « Peat Reek Â» de BLACKADDER, mais aussi les ILEACH « Cask Strength Â» ou FINLAGGAN « Cask Strength Â» (plus intĂ©ressants que leur version rĂ©duite Ă  mon avis) de nĂ©gociants plus obscurs, ou encore les discrets mais efficaces « Berry’s Speyside Reserve Â» et « Berry’s Islay Reserve Â», des blended malts cette fois, de BERRY BROS & RUDD....et je ne parle mĂŞme pas des crĂ©ations de John Glaser de COMPASS BOX qui remontent Ă  l’an 2000 exactement (je reviendrais sur ce dernier cas plus loin, sur la question de la transparence). Oui les whiskies de COMPASS BOX ont quasiment toujours Ă©tĂ© des whiskies sans compte d'âge, mais la sociĂ©tĂ© a depuis ses dĂ©buts toujours communiquĂ© sur l'âge, mais en amont (Ă  la sortie du whisky, sur le site) ou en aval (directement face au consommateur sur les stands des salons, et souvent mĂŞme par Ă©crit).

Plus près de chez nous, il y aussi des whiskies sans compte d’âge d’un intĂ©rĂŞt certain (eh, oui !), par exemple, les ARMORIK (ce depuis son lancement en 1999) et les GLANN AR MOR (souvent en dessous des 6/7 ans d’âge-et ce depuis 2008 pour son premier 3 ans d'âge) embouteillĂ©s assez jeunes sont pourtant plus « prĂŞts Ă  dĂ©guster » que bien des whiskies jeunes d’Ecosse. L'on peut citer Ă©galement, comme dĂ©jĂ  signalĂ© sur G.W.G., Ă©galement des single malts de chez MICHARD & et de chez JSD, deux distilleries françaises produisant nouvellement du whisky. Qui plus est les "EDDU" de la Distillerie des Menhirs n'ont jamais portĂ© de compte d'âge Ă  ma connaissance, ce qui n'a pas empĂŞchĂ© une certaine qualitĂ©.

En Europe encore, Il y a aussi les exemples des distilleries MACKMYRA & BOX (les seules distilleries suédoises dont j'ai pu déguster des whiskies à ce jour), ou encore (j'ai eu confirmation de la qualité de ces whiskies plus récemment), ceux de la distillerie allemande SLYRS, qui a une exception près (le 12 ans d'âge, irrégulièrement produit) n'ont pas de compte d'âge.

De mĂŞme, est-ce qu’un CAOL ILA « Moch Â», un des premiers n.a.s. de l’ère « contemporaine Â» (sa première Ă©dition est sortie en 2011), si j’ose dire, et, Ă  fortiori, forcĂ©ment, la gamme « Private Edition Â» de GLENMORANGIE (rarement en dessous de 10/12 ans d’âge) sont comparables avec un TALISKER "Storm" ou "Skye" ? (corrects mais clairement issus de la "wood technology"). Pas si sĂ»r…Si le CAOL ILA "Moch" est relativement jeune (mĂŞme s'il contient minoritairement un peu de 18 ans d'âge), en revanche, les single malts de la gamme "Private Editions" de GLENMORANGIE (hormis l'un d'entre eux me semble t'il, qui aurait un compte d'âge ?) sont tous âgĂ©s de plus de 10 ans...

 

 

 

glenmorangie_tusail_p.e._2015_46_2comp

Le GLENMORANGIE "Tusail", de la gamme "Private Edition", de vrais-faux n.a.s. de plus de 10 ans, avec la qualitĂ© au rendez vous. 

 

 

Certes l’on peut lĂ©gitimement s’inquiĂ©ter de certaines sorties officielles haut de gamme, dans les « Special Releases Â» de Diageo, par exemple, qui, depuis peu arrivent sur le marchĂ© comme les versions n.a.s. de CLYNELISH (la sĂ©rie « Select Reserve Â», des bruts de fĂ»t...) au prix de vente d’entrĂ©e de jeu annoncĂ© Ă  plusieurs centaines d’euros… LĂ  on se doute qu’il ne s’agit pas d’un trois ans d’âge, mais d’un travail d’assemblage soignĂ© et de grande amplitude d’âge, mais sans certitude totale sans l'avoir dĂ©gustĂ© (ceci Ă©tant dit, plusieurs bloggeurs de renom, Serge Valentin en tĂŞte, semblent tout de mĂŞme considĂ©rer que l'on tient lĂ  une rĂ©ussite, un remarquable travail d'assemblage contenant manifestement une proportion honnĂŞte de whiskies âgĂ©s).

Cette tendance semble s’accentuer dans un segment infĂ©rieur, avec les rĂ©cents TALISKER « Neist Point Â» ou le LAPHROAIG « Lore Â», vendus Ă  un peu plus de 100 € sans justification particulière…Au public de dĂ©guster, s’il le peut encore, et de dĂ©cider si le prix se justifie dans ces cas…Je n'ai pas eu l'occasion de dĂ©guster ce TALISKER, mais le LAPHROAIG oui, et je l'ai bien apprĂ©ciĂ© (il comporte une part de fĂ»ts de sherry).

Pour donner un exemple rĂ©cent positif, j’ai trouvĂ© par exemple que les deux rĂ©cents SCAPA (« Skiren Â» et « Glansa Â») sans compte d'âge, sans ĂŞtre des chefs d’œuvre pour autant, s’en tirent plus qu’honorablement. Cela laisse un peu d’espoir.

 

 

scapa_skiren_press_set_book_n_glass_2015_v_red

Le SCAPA "Skiren", un joli n.a.s. (whisky sans compte d'âge), une réussite. Photo: © Grégoire Sarafian

 

 

Donc pour moi, pour ĂŞtre clair, un bon whisky sans compte d’âge, cela peut exister, et ce serait un whisky pour lequel le maĂ®tre-assembleur aurait fait, tel un peintre, un assemblage de « couleurs Â» diffĂ©rentes, soit de saveurs diffĂ©rentes, de prĂ©sence, de puissance, de digestion des notes de new make, des esters, de stabilisation des notes tourbĂ©es (etc…), d’âge bien sĂ»r diffĂ©rents, ce pour avoir un whisky complexe et expressif, ou bien complexe et très fondu, par exemple. Typiquement les premiers whiskies n.a.s. de l’ère contemporaine (fin annĂ©es 1999/ dĂ©but annĂ©es 2000) citĂ©s ci-dessus en sont de parfaits exemples.

 

 

-PENURIE, QUELLE PENURIE ?

La question de la pĂ©nurie de stock de whisky, souvent avancĂ©e par les producteurs, pour justifier le passage des whiskies Ă  compte d’âge aux n.a.s. (sans compte d’âge donc) et Ă  travers cela, soyons clairs, justifier une augmentation de prix sans contrepartie de qualitĂ© automatique, si elle peut ĂŞtre prise en compte concernant les fĂ»ts âgĂ©s (moins nombreux dans certaines distilleries, mais pas chez toutes, qui attendent le bon moment pour sortir des versions « ultra-mĂ©ga-premium Â» -j’ai beau faire je n’ai jamais pu accrocher Ă  ce terme) ne se justifie pas autant pour la majoritĂ© de la production.

En effet, si l’on se base sur les statistiques de production de Scotch whisky de l’annĂ©e 2015 (estimations de la Scotch Whisky Industry Review), l’on constatera que si baisse il y a, elle demeure lĂ©gère : Pour 600 millions de litres d’alcool pur cette annĂ©e lĂ  (contre 655,7 en 2014), 280 millions proviennent de la grosse centaine de distilleries de malt, tandis que 320 millions proviennent des 7 seules distilleries de grain, tandis qu’en 2014 il y eu 305,7 millions de litres pour les distilleries de malts pour 350 millions de litres pour les distilleries de grain. Mais si l’on revient encore en arrière, rien que pour les distilleries de malt, la production a Ă©tĂ© certes de 294,9 millions de litre d’alcool pur en 2013 (soit un peu plus qu’en 2015), mais davantage qu’en 2012 (272,8 millions), ou qu’en 2011 (239,3 millions) et ainsi de suite. Et ce n'est qu'une partie des statistiques auxquelles j'ai eu accès, mais comme toutes vont grosso modo dans le mĂŞme sens que celle ci-dessus, je ne veux pas vous ennuyer avec trop de chiffres...

Ce que les propriétaires de distilleries oublient donc de mentionner également au sujet des n.a.s., en effet, ce sont les extensions de capacité de production de plusieurs de celles-ci ces dernières années (comme celles de DAILUAINE, GLENBURGIE, The GLENLIVET, GLENMORANGIE, LINKWOOD, LONGMORN, MANNOCHMORE ou encore MORTLACH, TEANINICH) ou reprises de production, comme chez GLEN KEITH et TAMDHU en 2012, ou encore simplement d’extension des capacités d’entreposage (à venir chez ARRAN, BRUICHLADDICH, KILCHOMAN, et j’en passe) qui ont un impact important sur leur capacité à reconstituer ces stocks dans un avenir proche, surtout s’ils ont abaissé l’âge du contenu de leurs whiskies devenus pour certains des n.a.s. …et qu’ils sont facturés plus chers que des 8 ou 12 ans d’âge déclarés…ce qui arrive de plus en plus souvent hélas.

En plus d'un certain maintien donc de la capacitĂ© de production de whisky Ă©cossais, il faut aussi tenir compte des nombreux projets de nouvelles distilleries (indĂ©pendantes ou venant renforcer la capacitĂ© de production des grands groupes qui les possèdent) Ă  venir. La source « whisky Â» n’est donc pas prĂŞte de se tarir !

L'on voit donc bien que la raison principale de cette décision de promouvoir les n.a.s. est avant tout un calcul financier, une recherche de profit à court terme davantage que de sauvegarde de ce qui a fait la réputation des marques (à cet égard le meilleur exemple de cette dégringolade demeure à mes yeux celui de The MACALLAN) et de réflexion sur le long terme. Au consommateur alors d’être clairvoyant et de tenter d’influer sur cette tendance en boycottant les whiskies qui ne le satisfont pas en terme de rapport qualité/âge estimé après dégustation/prix.

 

 

 mortlach_distillery_agrandie_capture.

 La distillerie MORTLACH, largement rĂ©novĂ©e en 2015 et dont l'accroissement de la production est en cours.

 

 

-POURTANT, AU COMMENCEMENT ETAIENT…DEJA DES N.A.S. !

Une information souvent oubliĂ©e ou occultĂ©e par ceux qui parlent des n.a.s. de nos jours, c’est qu’historiquement les premiers single malts parus sur le marchĂ© du Royaume-Uni, puis par exemple en France furent DEJA des whiskies sans compte d’âge. Ainsi, dans les annĂ©es 1960, les premiers single malts disponibles en France furent des GLENFIDDICH, et ils portent soit la mention « Pure Malt Â», soit « Straight Malt Â», celle du titrage (encore en « proof Â»), du lieu de mise en bouteille, l’adresse, etc…mais pas de mention d’âge, ou une mention d’âge relativement jeune. D’ailleurs certains des whiskies les plus recherchĂ©s par les collectionneurs et les mieux notĂ©s par les bloggeurs ne sont-ils pas des whiskies de moins de 15 ans ? Je pense par exemple aux TALISKER nas, voire de 8 ans d’âge embouteillĂ©s par GORDON & MacPHAIL dans les annĂ©es 1970, Ă  des PORT ELLEN jeunes (11 Ă  15 ans) ou des LAPHROAIG 10 ans embouteillĂ©s par diverses sociĂ©tĂ©s italiennes comme par exemple BONFANTI pour ce dernier.

 

 

 

glenfiddich_straight_malt_1961_capture

Le GLENFIDDICH « Straight Malt Â», sorti en 1961, un n.a.s. avant la lettre...il fut suivi plus tard par un "Pure Malt" de 8 ans d'âge.

 

 

 

Par ailleurs, au-delĂ  de la question des n.a.s., n’oublions pas que la question du vieillissement des whiskies est encore relativement rĂ©cente…au dĂ©but du XVIII ème siècle, mĂŞme en Ecosse, vous aurez du mal Ă  trouver des whiskies âgĂ©s…Les films de type western, en rĂ©alitĂ© sont tous faux du point de vue de la vĂ©racitĂ© historique concernant les whiskeys…Les whiskeys servis dans les bars sont tous fortement ambrĂ©s, voire aussi noirs qu’un LOCH DHU, alors qu’ils auraient du…ressembler Ă  des distillats purs, soit de couleur transparente ! L’on distillait pour boire dans la foulĂ©e ou dans les jours ou semaines qui suivaient, pas pour les conserver longtemps. C’est par accident lors d’un transport par bateau que l’on s’est aperçu, d’abord pour le rhum, puis pour le whisky, que plusieurs semaines de trajet pouvaient changer le goĂ»t du contenu. Pour faire court, l’obligation lĂ©gale de faire vieillir le whisky 3 ans au minimum n’apparait qu’au dĂ©but du XX ème siècle.

 

 

-L’AGE NE FAIT PAS TOUT, MAIS TOUT DE MEME…

Alors que dans les slogans publicitaires sur le whisky des annĂ©es 1990/2000, l’on insistait sur le fameux « Age matters Â» et encore en 2013 comme le dĂ©montre cette publicitĂ© de Pernod-Ricard-ou le master-blender de CHIVAS REGAL Colin Scott-que j’ai eu l’occasion de rencontrer et mĂŞme de cotoyer lors de ma participation Ă  un concours d’assemblage professionnel-le dit lui-mĂŞme, « au moins avec cette mention d’âge on ne peut vous tromper, sinon cela veut dire que sans mention d’âge votre seule garantie c’est qu’il soit âgĂ© au moins de 3 ans et un jour Â»-voir la vidĂ©o ci-dessous. Comme gage ultime de qualitĂ© pour un whisky, aujourd’hui, comme par magie, c’est le contraire, comme l’expliquait il y a quelques mois un ambassadeur de la distillerie The MACALLAN, lors d’une dĂ©gustation, Ă  Paris. L’âge n’aurait plus d’importance, mais seulement le travail de l’assembleur (euh, du bois, plutĂ´t, non ?), si…Tu m’étonnes !

Bien sĂ»r que le travail de l’assembleur est primordial (et il travaille aussi sur les single malts, ne serait-ce que sur le contrĂ´le qualitĂ©, et bien sĂ»r plus prĂ©cisĂ©ment sur les Ă©ditions limitĂ©es), mais le consommateur s’est il seulement une fois interrogĂ© sur la mention « hand picked Â» ou « hand selected Â» portĂ©e sur les Ă©tiquettes de certaines Ă©ditions limitĂ©es ? Cela veut dire quelque chose…comme le fait que pour les grosses productions, le choix des fĂ»ts est fait par la machine, pas par l'homme, pas fĂ»t par fĂ»t, mais au hasard ou presque, suivant les spĂ©cifications demandĂ©es (type de fĂ»t, âge indiquĂ©, tourbĂ© ou pas tourbĂ©, etc…).

 

 

macallan_1824_series_4_bottles_red

 

La gamme "1824" de The MACALLAN, pas mauvaise, mais qui fait pâle figure comparée aux MACALLAN des années 1980

à comptes d'âge, mais aussi face aux versions de négoce sous licence de GORDON & MacPHAIL de la série "Speymalt".

 

 

Après l’échec (relatif, mais significatif) de sa gamme « Fine Oak Â», la distillerie The MACALLAN (enfin, disons plutĂ´t le propriĂ©taire et le chef de produits….) espĂ©rait, avec sa « 1824 series Â» (qu’il aurait du renommer « Color series Â»), relancer la marque, dĂ©jĂ  entachĂ©e prĂ©cĂ©demment par le passage du "tout sherry" Ă  la gamme 'Fine Oak". La gamme "'1824" est une gamme dont les whiskies portaient le nom d’une couleur, et accessoirement, comme l’a rĂ©cemment fait remarquer un bloggeur, Ă©galement des prĂ©noms fĂ©minins non exempts de connotations lestes- « Amber, Â« Gold Â», Â« Sienna Â» ou encore « Ruby Â», jugez vous-mĂŞmes (dĂ©solĂ© pour les porteuses de ces prĂ©noms, c’est le contexte qui fait sens, pas les prĂ©noms seuls, bien sĂ»r), sans nous garantir par ailleurs que le E150a (la coloration artificielle) n’était pas passĂ© par lĂ , faussant (si c’est le cas) toute vĂ©ritable charte des couleurs.

 

 

Chivas Campaign: Age Matters...(vidéo)

 

Tout comme d’autres types d’alcool (je pense à l’Armagnac, au Cognac, mais aussi au Calvados, à la Prune, entre autres eaux-de-vie), le whisky a besoin de temps pour s’exprimer, et il est difficile de généraliser, dans la mesure ou compte tenu des spécifications de production de chaque distillerie, certains distillats seront prêts avant les autres (GLANN AR MOR, The BELGIAN OWL ou encore CAOL ILA en sont de parfaits exemple, pas besoin d’attendre 10 ans, ils sont prêts dès 3 à 5 ans d’âge pour les deux premiers, dès 7-8 ans pour le troisième), à leur apogée bien avant d’autres, sans compter les whiskies tourbés qui ont tendance à perdre leur expressivité et leur fumée après 20 ans, en général bien sûr.

En revanche, d’autres whiskies, comme souvent les BUNNAHABHAIN, les GLENFIDDICH, les LAGAVULIN ou encore les STRATHISLA auront besoin de plus de temps pour s’exprimer pleinement, soit à mon avis entre 15 et 40 ans d’âge.

 

 

 

the_belgian_owl_range_3_bout

"The BELGIAN OWL", un excellent jeune whisky encore trop méconnu, pas assez disponible en France à mon avis.

 

 

Je dirais que la question Ă©tait jusqu’à l’an dernier moins cruciale pour les whiskeys d’Irlande, tant les principaux producteurs n’utilisaient pas toujours les compte d’âge, expliquant que pour eux « 7 ans d’âge Â» Ă©taient la norme et l’âge optimum. De nos jours la question est un peu plus dĂ©licate, car des versions connues, rĂ©putĂ©es avec compte d’âge sortent dĂ©sormais « sans compte d’âge Â». Et parfois, comme dans le cas du JAMESON « Crested Â» (pas d’indication d’âge) qui remplace le « Crested Ten Â» (10 ans d’âge), la nouvelle version s’en sort très honorablement par rapport Ă  celle d’origine.

 

 

jameson_crested_2016_40_red

Le JAMESON "Crested", un n.a.s. joliment fruité. Photo: © Grégoire Sarafian

 

 

Concernant les whiskies produits dans des pays à forte amplitude de chaleur (comme par exemple les Etats-Unis) et/ou d’humidité (à fortiori à climat tropical comme l’Inde, ou Taïwan ou la part des anges-l’évaporation naturelle de l’alcool pouvant y être entre 5 et 8 fois supérieure à celle de l’Ecosse, qui est d’environ 2 % par an), la question de la durée du vieillissement est moins cruciale, puisque les fûts sont traditionnellement neufs et plus fortement brûlés que les fûts écossais, accélérant le vieillissement. Il en est ainsi des distilleries KAVALAN & NANTOU (Taïwan) et des distilleries AMRUT & PAUL JOHN (Inde). Par ailleurs, comme corollaire de cela, la teneur en alcool peut même augmenter avec le temps dans certains chais-chauffés ou pas-du Kentucky (c’est ce qui arrive notamment aux whiskeys à fort titrage tels que les George T. STAGG) et survient un moment ou il faut absolument stopper le vieillissement. Au mieux des whiskies âgés de seulement quelques années peuvent parfois donner l’impression de whiskies âgés d’une dizaine d’années ou plus, et offrir une impression de maturité, au pire, le boisé de ces whiskies sera à la limite du supportable voire au-delà.

 

 

kavalan_solist_sherry_cask

Le KAVALAN "Solist" Sherry cask, un brut de fût qui a le vent en poupe en provenance de Taïwan.

 

 

 

-LES DESSOUS DE LA QUESTION DE LA TRANSPARENCE DANS LE WHISKY :

Comme j’ai dĂ©jĂ  traitĂ© sur ce site de la question de la transparence telle qu’elle s’est posĂ©e notamment l’an dernier au sujet des whiskies « The Circus Â» et « Flaming Heart Â» de la maison COMPASS BOX (dont les plaquettes d’information et les donnĂ©es techniques du site internet divulguaient l’âge du plus jeune composant comme celui du plus âgĂ©, ce qui est interdit par la S.W.A.-la loi n’autorise que la mention du plus jeune whisky de l’assemblage), je ne reviendrais pas sur le problème spĂ©cifique posĂ© Ă  juste titre par ce nĂ©gociant-assembleur aux dĂ©cideurs, mais plutĂ´t sur le lien entre ce problème et celui des n.a.s. :

En effet, Ă  la condition de spĂ©cifier le pourcentage des whiskies plus âgĂ©s que l’âge minimum indiquĂ© (pour ne pas se retrouver avec une escroquerie du type 0,01 % de 40 ans d’âge pour le reste de 3 ans d’âge), qu’est-ce-qui empĂŞche le producteur d’indiquer sur la bouteille la part des whiskies plus âgĂ©s et l’âge en question ? Hormis le fait de dĂ©voiler une Ă©ventuelle recette secrète, ce qui peut se comprendre Ă  la rigueur pour un blended whisky, pour qui c’est essentiel et constitue en quelque sorte la marque de fabrique de l’assembleur, diffĂ©rente de celle du concurrent, j’y vois surtout une autre explication, moins reluisante et jamais Ă©voquĂ©e, et dirigĂ©e contre les nĂ©gociants de whisky avant tout et ce de la part des producteurs reprĂ©sentĂ©s par la S.W.A. :

Constatant que les assemblages de nĂ©goce de type « blended malt Â» ou « blended whisky de luxe Â» comportent chez certains un pourcentage non nĂ©gligeable de whiskies âgĂ©s, pour au final un prix dĂ©passant rarement les 200 € (sauf hĂ©las depuis cette annĂ©e), les producteurs de whisky y verraient une concurrence dĂ©loyale envers les versions très âgĂ©es et haut de gamme qu’ils proposent, Ă  savoir par exemple des 40 ans d’âge, de plus en plus proposĂ©s Ă  10 fois le prix de ces versions de nĂ©goce…Pourquoi en effet payer une fortune un single malt s’il est disponible pour bien moins cher, certes au sein d’un assemblage mais bien perceptible tout de mĂŞme ? Bien sĂ»r ce n’est qu’une hypothèse, mais je la trouve personnellement assez plausible.

 

 

 

j.glaser in the lab nosing_comp

John Glaser de COMPASS BOX, 16 ans de recherches, 16 ans d'impertinences, fer de lance de la lutte pour davantage de transparence.

 

 

Concernant les distilleries dĂ©jĂ  Ă©tablies de longue date, les distilleries Ă  caractère industriel (et notamment celles qui ont une capacitĂ© de production supĂ©rieure Ă  500 000 litres, et ont rĂ©duit les coĂ»ts par automatisation majoritaire ou totale, dirons-nous) en dehors de quelques rĂ©ussites et des versions n.a.s. anciennes, en Ă©dition limitĂ©e et parfois comparables Ă  des whiskies de catĂ©gorie supĂ©rieure, il semble clair que derrière l’argument de la pĂ©nurie des stocks de whiskies âgĂ©s pour justifier l’abandon du compte d’âge (dont nous avons parlĂ© plus haut) se cache une volontĂ© de standardisation de la production, pour faire des Ă©conomies, oui, mais aussi pour aseptiser progressivement le whisky et le faire se rapprocher de spiritueux plus populaires chez les jeunes comme en premier lieu le rhum et d’obtenir une plus-value par l’augmentation des prix inversement proportionnelle Ă  l’âge rĂ©el moyen du contenu du whisky, ce qui est assez scandaleux au final. La qualitĂ© s’en ressent et le consommateur exigeant ne s’y trompe pas. Cela vise donc un nouveau public, plus jeune, avide de dĂ©couvertes (ce dont on ne peut le blâmer) mallĂ©able et moins connaisseur (au goĂ»t non encore vraiment formĂ©), qui dĂ©guste tous types de spiritueux, de manière parfois interchangeable. La cible idĂ©ale pour les fabricants d’alcool.

 

 

 

the_singleton_of_3_brands

 

The SINGLETON.... un nom générique pour de trop nombreuses distilleries du même groupe...? On peut s'interroger. Ici des versions avec comptes d'âge, mais il y en a encore beaucoup sans....

 

 

 

A contrario, je pense qu’il faut ĂŞtre plus indulgent avec les jeunes distilleries (j’entends par jeunes celles nĂ©es après l’an 2000) ainsi que pour les micro-distilleries, qui soit n’ont pas la capacitĂ© encore de proposer un 10 ans d’âge autrement qu’en Ă©dition très limitĂ©e (donc en Ă©puisant le stock-comme par exemple c’est le risque pour KILCHOMAN), soit dont les jeunes whiskies font dĂ©jĂ  leur preuve Ă  4 ou 5 ans d’âge (comme GLANN AR MOR). Le risque financier est donc plus important pour des distilleries Ă  faible capacitĂ© de production comme de stockage -qui vont mettre du temps Ă  reconstituer du stock de whiskies ayant quelques annĂ©es, a fortiori s’il s’agit de produire un 10 ans d’âge- que pour « les grosses machines Â» comme The GLENLIVET ou GLENFIDDICH, avec des dizaines de millions de litres d’alcool pur produit chaque annĂ©e, et d’autant plus si ces distilleries sont artisanales (avec peu ou pas de mĂ©canisation, embouteillage et Ă©tiquetage Ă  la main, etc…cela reprĂ©sente souvent plusieurs dizaines de personnes Ă  payer contre 3 ou 4 pour des grosses distilleries ou il y a beaucoup d’automatisation).

 

 

-UN PEU D’ESPOIR (AVEC LES NOUVELLES ET/OU MICRO-DISTILLERIES):

MalgrĂ© tout, pour ne pas rester sur une note nĂ©gative, donc, signalons tout de mĂŞme que parmi mes coups cĹ“ur de cette annĂ©e, figurent deux jeunes distilleries commençant par la lettre « W Â» et ayant eu l’intelligence par leurs mĂ©thodes de production, de contourner le problème de leur jeune âge (leurs whiskies ont moins de 5 ans d’âge !), Ă  savoir WOLFBURN, en Ecosse, dans les Highlands du Nord, et WESTLAND, aux Etats-Unis, sur la cĂ´te Ouest…que j’ai fini par Ă©lire distillerie de l’annĂ©e 2016 -voir ma note dans le sujet sur mes meilleurs whiskies abordables de 2015/2016 :

Liste des Meilleurs Whiskies abordables pour 2015-2016

 

 

 

 wolfburn_les_2_single_malts_46_2016_red

 Une jeune distillerie qui promet, avec 2 versions de son single malt de 3 ans d'âge, qui pour l'heure n'a pas besoin d'afficher son âge.

 

 

 Par ailleurs, au chapitre des bonnes nouvelles, il n’y a pas que COMPASS BOX qui joue les provocateurs (encore cette annĂ©e avec ce « 3 Year Old De Luxe whisky Â» qui comporte visiblement une grande majoritĂ© de malt bien plus âgĂ© que cela) pour tenter de bousculer le système (et la S.W.A. par ricochet), il y a aussi des distilleries comme BENROMACH, qui a osĂ© l’an dernier sortir un single malt avec un compte d’âge de seulement 5 ans ! (preuve qu’un jeune whisky peut ĂŞtre bon, et il l’est). Il y a aussi encore en 2014 le groupe Bacardi-Martini qui a choisi pour le reconditionnement et le lancement de single malts de son portefeuille (ABERFELDY, AULTMORE, CRAIGELLACHIE, DEVERON, ROYAL BRACKLA) de leur attribuer Ă  tous un compte d’âge, avec parfois des compte d’âge impairs comme pour CRAIGELLACHIE (13, 17, 19, 23) ou faibles (10 ans d’âge pour le plus jeune) comme pour DEVERON. Il y aussi TOMATIN qui a rĂ©tabli en partie ses compte d’âge et BRUICHLADDICH qui propose dĂ©sormais certaines rĂ©fĂ©rences avec une foule de renseignements donnĂ©s sur ses Ă©tiquettes. Greg’s Whisky Guide salue toutes ces initiatives, si rafraĂ®chissantes Ă  l’heure de la prolifĂ©ration des n.a.s., autant que celles des nĂ©gociants comme par exemple THAT BOUTIQUE -Y WHISKY COMPANY qui a depuis la polĂ©mique liĂ©e Ă  COMPASS BOX l’an dernier choisi de doter dĂ©sormais (depuis Avril 2016) ses whiskies d’un compte d’âge et de nommer par ailleurs les distilleries dont proviennent les whiskies. Gageons que d’autres sociĂ©tĂ©s les suivront, comme par exemple The SPECIALITY DRINKS avec l’excellente gamme « Elements of Islay Â»â€¦

 

tomatin_age_statement_new_range_red

 

La courageuse décision de TOMATIN de reprendre les comptes d'âge, même pour les entrées de gamme...

 

 

 

CONCLUSION :

 Ou UNE ESQUISSE DE SOLUTIONS ...

 

-Nous voyons donc Ă  la lumière de cet article que le problème des whiskies sans compte d’âge n’est pas simple d’une part, et qu’il est insĂ©parable de la question de la qualitĂ© d’autre part (via notamment la question de la « wood technology Â»).

Nous avons vu aussi qu’il ne fallait pas mettre tous les n.a.s. dans le même sac, qu’ils soient d’hier ou d’aujourd’hui…que certains sont vraiment le fruit d’un travail soigné et réfléchi d’assemblage, au service du distillat, tandis que d’autres dégradent peu à peu l’image de la distillerie. Aussi c’est encore une fois le consommateur & l’influenceur (médias) qui devraient donner le ton en boycottant les produits médiocres et privilégiant les autres sur la durée, ce qui ne manquerait pas de donner un signal forcément audible à un moment ou à un autre des décideurs, voire pourrait renverser la tendance.

-Concernant la question de la transparence, pour laquelle j’avais moi-même contacté la S.W.A. sans grand succès (mais au terme d’un dialogue courtois), je persiste à penser qu’il faut accéder à la demande de COMPASS BOX (soutenu depuis par les distilleries BRUICHLADDICH et TOMATIN, entre autres, mais aussi par nombre de bloggeurs) de pouvoir indiquer âge et quantité de chacun des composants.

-Autrement, au cas ou cette demande serait refusĂ©e sur la durĂ©e, une solution de compromis pourrait ĂŞtred’imposer pour l’étiquetage des whiskies une mention de type « Over X Years Â» (de minimum 5 ans, mais qui pourrait se graduer, telle une Ă©chelle semblable aux « VS/VSOP/XO, etc.. des Cognacs. On aurait ainsi des « Over 5 Years Â», « Over 8 years Â», « Over 10 years Â», « Over 20 Years Â», par exemple), mentions qui distingueraient les whiskies « simplement lĂ©gaux Â» (3 ans et un jour) des autres.

 

 

tableau_comptes_d_ages_cognac

Tableau des comptes d'âge pour les COGNACS,  une autre manière de compter. Une solution pour le whisky ?

 

 

 

-Autre solution envisageable, celle de consentir Ă  donner l’étendue des âges, comme l’avait fait Mercian, l’ancien propriĂ©taire de KARUIZAWA, avec son « Pure malt Â» de 12 ans d’âge portant la mention « de 31 Ă  12 ans d’âge Â».

 

 

 

karuizawa_12_pm_old_bottling_40

 

Un des premiers KARUIZAWA (un blended malt) vendu sur le marché français, avec en plus du compte d'âge, la mention de l'amplitude des âges de cette version.

 

 

 

-L’on pourrait envisager également d’obliger le producteur à mentionner l’âge du composant le plus important en quantité dans l’assemblage, ce qui aurait le mérite de mettre en avant la prise de risque ou non du producteur.

-Quoiqu’il en soit, il est Ă©vident que la situation actuelle ne peut pas durer Ă©ternellement. Si d’un cĂ´tĂ© les consommateurs font vendre moins de « n.a.s. contemporains Â» et que de l’autre les producteurs de whisky prennent conscience que d’autres pays (comme par exemple et pas au hasard, les Etats-Unis, avec le phĂ©nomène des « craft distilleries Â», l’Irlande, avec ses nouvelles distilleries et maisons de nĂ©goce) sont dĂ©sormais plus en avance qu’eux, ils finiront par revenir Ă  plus d’exigence de qualitĂ© comme davantage d’expĂ©rimentation, c’est en tout cas ce que je souhaite.

 

 

 

 

Derniers Articles