Editorial No 9
EDITORIAL No 9 : « L’ECOSSE et son Destin, entre autres choses » (Septembre 2014):
(« SCOTLAND & its fate, between other things » -September 2014)
Dernière Mise à jour /Latest Updating: 25/09/2014
C’est une rentrée très spéciale que celle de l’année 2014, avec l’évocation pour une fois d’une actualité allant « un peu » au-delà du whisky, et dont je vous parlerais d’autant plus aisément que le référendum sur l’indépendance de l’Ecosse vient d’avoir lieu. Puis je vous signalerais brièvement certaines nouvelles ouvertures de distilleries et enfin je terminerais avec quelques mots sur l’actualité chargée de cette rentrée whisky en France (salons, dégustations diverses).
This year is a very special autumn for whisky lovers as there was an important referendum about its independence in Scotland in September 18. I wanted to express my humble opinion (which is complex-sorry for not translating it all, it will take too long !) about that & then quickly talk about some distilleries openings this year in Great Britain, and finally announce some events about whisky taking place in Paris the following weeks.
Ci-dessus une vue des 2 bouteilles représentant le vote OUI et le vote NON proposées par la société THE GOOD SPIRITS Co.
PLAN:
1/ LA SITUATION EN ECOSSE
2/ NOUVELLES DISTILLERIES, un POINT TRES BREF
3/ EVENEMENTS WHISKY A VENIR
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1/ LA SITUATION EN ECOSSE:
Le sort en est jeté. L’Ecosse, dont les habitants (plus de 4,8 millions de personnes) étaient appelés pour la première fois depuis 1997 à voter le 18 Septembre dernier par référendum à son indépendance, va demeurer au sein du Royaume-Uni. Le résultat n’est pas aussi tranché que les médias français ont pu le dire à mon humble avis, car 55 % pour le « Non », ce n’est pas 70 ni 85 %. 85 %, en revanche, est le pourcentage de participants à cette élection, exemplaire, du coup. L’on est loin de la situation française pour ce qui est de la participation, pour autant qu’on tienne compte des référendums, bien sûr ! (No comment…). Ce référendum avait été rendu possible par la victoire du Parti national écossais (mené par Alex Salmond) aux élections parlementaires écossaises de Mai 2011, et suite à un accord entre celui-ci et Michael Moore, le ministre britannique chargé des affaires écossaises. Le référendum aurait pu donner l’indépendance à une province que ne l’est plus depuis 1707, même si elle bénéficie d’une relative autonomie et d’un parlement, sur des questions locales (mais pas toutes), et ce depuis 1998.
Bien loin mon idée de trop vous parler de politique ici, de questions liées aux ressources pétrolières (les plus importantes de la province) et d’autres enjeux (comme les questions de défense, de monnaie) qui s’éloigneraient trop du whisky (autre ressource très importante de la province, clairement), dans un cas aussi complexe que celui-ci. C’est pourquoi je n’ai pas exprimé d’opinion publique appuyée avant le vote, et que j’étais même partagé par la question, mon cœur étant pour l’indépendance de l’Ecosse, à laquelle je suis très attaché, tandis qu’une partie de ma raison (une partie seulement) était pour le maintien dans le Royaume-Uni, tout en continuant à souhaiter pour elle davantage d’autonomie, par exemple sur le plan des impôts, qui se décident toujours à Londres, l’Ecosse étant par exemple lourdement taxée sur ses ventes de whiskies.
J’ai observé les prises de position des uns et des autres, certains importants acteurs de l’industrie écossaise (comme le groupe Diageo, contrôlant environ 40 % de la production mondiale de whisky, nous dit « The Guardian », mais précisant dans le même temps que 80 % du whisky écossais est aux mains de groupe non-écossais...) ayant clairement pris position pour le « Non » par le biais de la S.W.A. (Scotch Whisky Association), tandis que d’autres (comme certaines distilleries artisanales ou hauts lieux de dégustation) étaient résolument pour le « Oui ». Au passage, saviez vous que 240 bouteilles de whisky sortent chaque minute des distilleries écossaises ? Mais le journal « Les Echos » nous précise que si l’Ecosse devenue indépendante pourrait avoir « un PNB par habitant supérieur à celui de la France », le pays afficherait « un lourd déficit extérieur, et serait en déséquilibre budgétaire », aggravé par le fait que « les réserves pétrolières en Mer du Nord déclinent rapidement », malgré les bonnes recettes provenant du Tourisme ou encore de l’industrie agro-alimentaire (« l’Ecosse est un gros producteur de saumon » rappelle encore le journal), sans parler de la bio-technologie, l’électronique…
Pour ma part, étant donné le niveau d’intrication, d’interdépendance économique, juridique, et concernant les taxes, entre Edimbourg et Londres (et la City-beaucoup de banques, assureurs et gestionnaires d’actifs en Ecosse ayant menacé de se délocaliser en Angleterre en cas de vote « Oui » majoritaire), le fait que l’Angleterre soit le plus gros client de l’Ecosse sur certains plans (dont l’énergie), il n’était pas évident de trancher, et je respecte la position des deux camps, en saluant également la dignité, globalement, des débats. Alors que va-t-il se passer maintenant, avec le succès du « Non » ? Le premier ministre britannique, David Cameron, a promis de réexaminer les relations entre l’Ecosse, mais aussi les autres provinces du Royaume-Uni et le gouvernement de Londres pour élaborer un nouvel accord prenant mieux en compte leurs souhaits en matière budgétaire, fiscale et sociale, nous verrons ce qu’il en sera.
En ce qui concerne le whisky, n’oublions pas que si les lourdes taxes sur celui-ci sont un moyen de domination économique (sans parler du financement de certains budgets « sensibles ») pour Londres, elles ont aussi une autre justification plus pragmatique liée à l’alcoolisme, qui fait des ravages dans tout le pays (je lisais un article de « Metronews » à ce sujet datant de 2013, évoquant l’hospitalisation de 300 enfants de moins de 11 ans par an…et plus d’un million, tous âges confondus-alors certes ces phénomènes ne concernent pas toujours le whisky, mais ça fait tâche d’huile -d’un autre côté, dans un article du Sunday Times, relevé par « Slate.fr », l’anthropologue Kate Fox pointe une différence culturelle liant davantage l’alcool à la violence qu’ailleurs, notamment par ses liens étroits avec le sport, et que, contrairement à la France, par exemple, il y aurait là bas davantage de tolérance pour les sponsors provenant de l’industrie de l’alcool). Entendons nous bien, l’on trouve toujours aussi des prétextes à augmentation…mais celui-ci est très sérieux, me semble t’il.
En tout cas le principal résultat de cette élection, côté whisky, à mon avis, va être surtout une certaine stabilisation du marché, les acteurs les plus influents étant rassurés par le « Non ». Une stabilisation très relative hélas car l’inflation est là , aidée par la forte demande en provenance des pays émergents, mais aussi par toujours plus de spéculation et de recherche du profit et de la préservation des stocks à moyen terme au moins. Des signes de cela ? Après la généralisation des « n.a.s. » (« no age statement », ou whiskies sans mention d’âge), le repositionnement stratégique des whiskies âgés dans la ou les tranches de prix plus élevées (après les 20 ans d’âge, ce sont désormais les 18 ans qui sont visés ….et bientôt certainement aussi les 15 et 16 ans d’âge), le recours à l’approche « technologique » plutôt qu’à celui de matériaux de base de qualité (orge, levure, eau, fût, mais aussi le type de filtrage, etc…), la baisse du titrage à chaque changement de conditionnement ou nouvelle version, etc… (sauf exceptions, évidemment), comme ce fut le cas pour le nouveau STRATHISLA 12 ans et cela va l’être pour le remplaçant de l’ARDMORE « Traditional Cask » (le « Legacy » affichant 6 % d'A.B.V. de moins). L’on voit aussi les prix des versions de négoce s’aligner de plus en plus sur les versions officielles. Et l’offre se dégrader en partie…
A l’industrie du whisky de donner l’exemple, en étant un peu plus exigeante, au moins pour une partie de sa gamme (tiens, curieusement, cela me rappelle des problématiques commerciales de galeries d’art….le choix de 80 % d’artistes médiocres et branchés, pour un ou deux seulement vraiment intéressants, ce pour des questions de pure rentabilité, pour satisfaire les goûts supposés des collectionneurs). Et prions pour que les micro-distilleries, en Ecosse comme aux quatre coins de la planète, gardent haut le flambeau de la qualité et de l’authenticité, afin de préserver cette exigence, et de pousser les grosses distilleries comme les sociétés de négoce à nous proposer de meilleurs whiskies !
Dernière minute (22/09/14): Il semblerait (je dis bien il semblerait...) que les élections aient été pour le moins irrégulières (au profit du "Non") dans certains bureaux de vote, comme le montrent des vidéos tournées dans ceux-ci, vidéos largement diffusées sur le net (sur youtube, notamment, une semble accablante, voir ci-dessous) depuis peu. Si cela s'avérait exact, ce ne serait pas un exemple de démocratie et demanderait une enquête indépendante et pour moi clairement un nouveau vote....sous observation internationale. A suivre!
click here (cheating about Scottish vote)/cliquez ici
Sans parler de cette capture photo (regardez bien le choix du votant, la case qui est cochée n'est pas la même que le nom de la pile sur laquelle elle est mise) :
click here (No mistake cheat evidence pic)/cliquez ici
Apologies for not translating it all. In a few words I am giving here my opinion about the recent referendum in Scotland about its possible independance, which is difficult to sum up as I had mixed feelings about it. My heart was for the « Yes » vote, while my reason was partly for the « No », mostly because of economical questions (…). Then I tried to explain with a few examples what I think about the consequences of the « No » vote. To learn more about my opinion, please use Google Translate here (after copy & paste):
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2/ NOUVELLES DISTILLERIES, un POINT TRES BREF:
-THE LAKES est une nouvelle distillerie britannique qui s’est établie dans la région de Cumbria (Lake district, au sein d’un parc naturel, en fait une réserve nationale) au Sud des Lowlands. Fondée par Paul Currie (co-fondateur avec son père de l’Isle of ARRAN distillery), elle est encore en cours de construction, avec notamment la rénovation d’une ancienne ferme victorienne. Les objectifs de son fondateur sont de produire du whisky légèrement tourbé, à partir de fûts de Bourbon comme de Sherry, dont une édition limitée (small batch) elle très tourbée. En attendant, elle se fait connaître par l’édition d’un blended-whisky original, nommé « The ONE », assemblant des whiskies des îles Britanniques, ainsi que d’un gin et d’une vodka. Le premier single-malt est prévu pour l’année 2017.
-KINGSBARNS Distillery, un projet déjà évoqué sur ce site, est en train de voir le jour, toujours sous la houlette de la famille Wemyss (également maison de négoce de whiskies) et la direction de Douglas Clement. Située en Ecosse, dans les Lowlands (comté de Fife), non loin du célèbre Golf St Andrews, elle disposera également d’un centre d’accueil des visiteurs, d’un café…La production de whisky (entre 100 000 et 500 000 litres par an) devrait démarrer d’ici la fin de l’année, et le lieu ouvert aux visiteurs dès le mois de décembre 2014. L’on y vendra également un gin, du vin et les whiskies de négoce de Wemyss Malts.
-TULLAMORE DEW était une distillerie irlandaise et fut fondée en 1829 non loin de Dublin. La distillerie ferma en 1954 mais, rachetée par le groupe Irish Distillers, sa production fut donc depuis élaborée ailleurs (clairement par la distillerie Midleton). Mais, en 2010, la marque étant rachetée par William Grant & Sons, le projet de réouverture de la distillerie (sur le site initial, après 60 ans!) est relancé pour enfin voir le jour le 17 Septembre 2014. Nous en reparlerons certainement…
Le blended whisky "THE ONE" proposé par la distillerie britannique THE LAKES en attendant d'être en production.
Three new distilleries project are on their (good) way it seems. First, « The LAKES », an English one taking place near the Lake district, in Cumbria, by former Isle of Arran distillery Paul Currie. It will produce slightly & heavily peated single-malts (for the moment they sell an « Islands » based blended-whisky), while in Scottish Highlands Douglas Clement & the Wemyss family’s project « KINGSBARNS distillery » will be operational at the end of the year. On production at the same time too will certainly be the new « TULLAMORE DEW » distillery, back into its previous location near Dublin after 60 years. In William’s Grant & Sons family’s hands since 2010, the brand will renew itself there as the « Phoenix » (also name of one of their releases in 2013). All these projects ot be followed.
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3/ EVENEMENTS WHISKY A VENIR:
Le logo officiel de l'Ă©dition 2014 du "WHISKY LIVE PARIS".
Cette rentrée va être riche d’événements, à commencer par le salon « Whisky Live Paris », qui aura lieu encore une fois à la Maison de la Mutualité du 27 au 28 Septembre pour le public, et le 29 Septembre pour les professionnels. Cette année, comme je vous l'avais annoncé à l'avance, l'on y fêtera notamment les 80 ans de la société NIKKA, avec notamment une réplique du célèbre "NIKKA BAR" de Tokyo, mais aussi du 3, St James Street à Londres, je veux parler bien sûr du siège du prestigieux négociant en vins et spiritueux BERRY BROS & RUDD (que j'avais eu la chance de visiter en 2007).
A signaler également, le « Salon Club Expert Dugas » (réservé aux professionnels) le 6 octobre, ainsi que diverses dégustations chez des cavistes sur des thèmes particuliers (ainsi chez le caviste/épicier Nicolas Julhès, des dégustations, sur inscription préalable, auront lieu la semaine précédent le Whisky live, concernant les distilleries KAVALAN, HIGHLAND PARK et BLANTON’S). Je vous tiendrais au courant de ces dégustations, en tout cas à celles auxquelles je pourrais me rendre, et vous en ferais un compte rendu d’ici quelques semaines.
Bon(s) salon(s) et bonnes dégustations !
A rich season, with, in Paris for instance the always awaited « Whisky Live » (the biggest event in Paris about whisky) in September 27 to 29, which I recommend the visit. Then there is also the concurrent but not opened to the audience, only to professionals « Salon Club Expert Dugas » on October 6. I have to tell you that there will be other events as well, and between others, tastings such as the ones taking place this week at retailer Nicolas Julhes’s shops (with KAVALAN, HIGHLAND PARK & BLANTON’S brands). I will come back to you with tasting notes & reports (not sure I'll be able to attend all those mentioned, but some for sure) within a few weeks.
If you are in Paris, have a nice tasting season, and if you are not, I wish you the same...!