DĂ©gustation chez Vin et Whiskies: Inver House Distillers 24.09.15
Reportage sur la dégustation INVER HOUSE Distillers chez VIN & WHISKY
le 24/09/2015 :
Mise Ă jour du : 02/10/2015
Le 24 Septembre, une dégustation concernant certaines distilleries écossaises du groupe Inver House Distillers (ANCNOC, BALBLAIR, OLD PULTENEY) avait lieu dans l’excellente cave à vins et spiritueux (et bar à vins et à whiskies) nommée « VIN & WHISKY » que les lecteurs de mon site connaissent bien (pour les autres, voir coordonnées ici: Vin et Whiskies
La dégustation était conduite par le fort sympathique et jeune Tim WADE, ambassadeur de la marque BALBLAIR (mais aussi accessoirement des autres distilleries du groupe), des marques distribuées par La Maison du Whisky. La distillerie KNOCKDHU produisant les single malts ANCNOC n’étant pas toujours présente dans les salons français, il était d’autant plus intéressant de déguster une de leurs nouveautés (pour certaines autres références, voir le reportage sur le Whisky Live Paris 2015, à venir sous peu). Quant à BALBLAIR et OLD PULTENEY, deux distilleries également des Highlands, j’ai eu régulièrement l’occasion de déguster leurs whiskies et j’apprécie leur politique récente de titrage à 46 %, voire parfois de non coloration et de non filtrage à froid. Pas moins de 8 whiskies (et encore, avec le distillat pur, n’ayant pas encore droit à l’appellation whisky, cela faisait 9) étaient en dégustation, une dégustation, à souligner, entièrement gratuite, toujours avec l’accueil chaleureux et discret des maîtres de la maison, Michèle et Charles Claudel. La convivialité est souvent de mise dans ce lieu, propice à conversations transversales, à rencontres, et aussi à une proximité précieuse avec l’invité professionnel lors de la dégustation, ce qui n’est pas toujours possible dans des salons, par exemple.
Tim, le symathique ambassadeur des marques du groupe, chez Vin et Whiskies, une adresse qui marche !
Photo © Grégoire Sarafian
Avertissement : S’agissant de ma première dégustation publique en phase de récupération de mes capacités olfactives et gustatives après une anosmie partielle, les notes de dégustation sont à prendre avec une réserve plus grande qu’à l’accoutumée, encore que j’ai pu reconnaître le statut de distillat pur (ou « new make ») d'un des échantillons de BALBLAIR, et ce à près d’un mètre, entre autres tests, ce qui m’a un peu rassuré.
LES WHISKIES DEGUSTES ce soir lĂ :
(Tous des SINGLE-MALTS officiels)
Voici les whiskies dans l’ordre de leur dégustation, après une brève présentation de chaque distillerie :
Distillerie OLD PULTENEY :
Cette célèbre distillerie fût fondée en 1826 par James HENDERSON, dans la ville portuaire de Wick, dans les Highlands du Nord, et doit son nom à un particulier qui n’est pas professionnel du whisky, Sir William Johnstone PULTENEY, ce qui est plutôt rare pour une distillerie. C’est, si l’on excepte les distilleries des îles Orcades (Orkney Islands) et les îles Shetlands, la distillerie la plus septentrionale d’Ecosse. En tout cas elle l’était jusqu’en 2013, date ou la distillerie WOLFBURN fut créée dans la ville de Thurso, à environ 30 km au Nord-Ouest de Wick. La distillerie a vu son destin lié celui des pêcheurs de harengs, le personnel de la distillerie étant à l’origine principalement constitué de pêcheurs : Wick était le principal port d’Europe pour la pêche aux harengs), comme à la distillerie CLYNELISH par exemple. La particularité principale de la distillerie est l’absence de col de cygne de son alambic de wash, dont la forme est tronquée par rapport à celle des alambics habituels, c'est-à -dire qu’un autre tuyau repart perpendiculairement au premier (la légende raconte qu’ayant commencé à installer l’alambic, le directeur s’aperçut alors qu’il était trop grand pour la salle des alambics et décida alors de couper son sommet et faire une dérivation horizontale). La distillerie a connu de nombreux propriétaires, dont Hiram Walker & sons, en 1958, Allied Breweries (futur Allied Domecq) en 1961, puis c’est au tour en 1995 du groupe écossais INVERHOUSE Distillers (qui possède également les distilleries écossaises KNOCKDHU, BALBLAIR, BALMENACH, SPEYBURN), qui est lui-même depuis 2006 la propriété du groupe international Thaï Beverages plc. La distillerie a été surnommée la Manzanilla du Nord, allusion à l’usage de Sherry Fino et au style salé, un peu acide du distillat d’OLD PULTENEY. La forme de la bouteille a été conçue pour rappeler celle de l’alambic, notamment avec la partie sphérique vers la base de celui-ci, assez caractéristique. Une grande partie de la production (qui est d’un 1 million à 1,8 million de litres par an, mais il en reste peu pour les single-malts) alimente les nombreux blended whiskies du groupe qui ne sont pas ou peu disponibles en France, comme HANKEY BANNISTER, par exemple, mais aussi le blended whisky BALLANTINE’S du groupe Pernod-Ricard.
Pour en savoir plus, voir la fiche distillerie sur le site: Old Pulteney Distillery: Presentation
1/ OLD PULTENEY « Flotilla 2004 », mis en bouteille en 2014 (Edition limitée pour la France, en collaboration avec La Maison du Whisky), 46 % :
Cette version remplace la version de millésime « 2000 » que je n’ai pas encore chroniquée sur le site. Il s’agit toujours d’une version élevée en fûts ayant contenu du Bourbon. Le terme « Flotilla » est une allusion à une petite flotte de bateaux, clin d’œil au mot français de « flotte », mais aussi aux rassemblements festifs de vieux bateaux qui ont lieu chaque année en Normandie et en Bretagne, et en particulier aux « Tonnerres de Brest » de l’année 2012 ou fut lancée la première version « Flotilla 2000 ».
De couleur or très clair, cette version plutôt légère est peu expressive au nez, hormis des notes herbacées, citriques, des notes d’agrumes frais, assez caractéristiques. Peu de notes marines à ce stade. En bouche, l’on retrouve ce profil, un peu acide, sur les agrumes, les herbes sauvages, du miel, peut être un peu d’embruns, des épices douces, et de la sécheresse, ce sur un fond vanillé. Un peu plus aimable avec quelques gouttes d’eau, mais point trop n’en faut. Ce whisky manque un peu de corps. Conclusion : Un single malt apéritif pas mauvais, mais pas passionnant, et sur un profil qui m’intéresse peu (si j’ose une comparaison, il me rappelle un CLYNELISH restreint, ou autrement dit un chat sans ses griffes). Le profil des nouveaux AUTMORE officiels (pour les 12 et 18 ans en tout cas) n’est pas très éloigné de celui-ci, mais avec bien plus de punch. P.V.C./MdW (prix de vente conseillé, chez les cavistes dépositaires des produits La M.D.W.) : Autour de 55 € -Note sous réserve estimée à : 79 à 82/100
2/ OLD PULTENEY « Flotilla 2005 », mis en bouteille en 2015 (Edition limitée pour la France de 12000 bouteilles, en collaboration avec La Maison du Whisky), 46 % :
Cette version remplace la version de millésime « 2000 » que je n’ai pas encore chroniquée sur le site. Il s’agit toujours d’une version élevée en fûts ayant contenu du Bourbon. Le terme « Flotilla » est une allusion à une petite flotte de bateaux, clin d’œil au mot français de « flotte », mais aussi aux rassemblements festifs de vieux bateaux qui ont lieu chaque année en Normandie et en Bretagne, et en particulier aux « Tonnerres de Brest » de l’année 2012 ou fut lancée la première version « Flotilla 2000 ».
De couleur or clair (moins que la version 2004), cette version relativement légère est assez agréable au nez. De prime abord, le profil aromatique semble similaire au 2004, avec son cortège d’agrumes, de miel, d’épices et de vanille, mais il y a quelque chose d’autre semble t’il. En bouche, l’on retrouve ce profil, sur les agrumes, les herbes sauvages, les épices, quelques discrets éléments marins, la vanille en arrière-plan, ce côté sec, mais il y a quelque chose d’autre : Les esters provenant des fûts de Bourbon s’expriment davantage (notes de bonbon anglais, de fruits exotiques), et de belles notes de fruits (pommes, surtout) compotés s’y ajoutent, ainsi qu’une touche de caramel au beurre salé, même si l’on n’est certes pas chez ABERLOUR (je pense au 16 ans « Double-Cask Matured », une merveille pour ces notes là ). Une plus value certaine. Avec quelques gouttes d’eau (pas trop), l’ensemble devient plus onctueux, avec même de belles touches florales. Conclusion : Un single malt apéritif voire digestif de qualité, sur un profil proche du 2004 mais plus complexe et plus expressif, ce qui le rend de suite plus intéressant. P.V.C./MdW: Autour de 55 € -Note sous réserve estimée à : 89-90/100
3/ OLD PULTENEY 17 ans, mis en bouteille en 2015, 46 % :
Cette version de la gamme régulière est véritablement le fleuron de la marque à mon avis. Elle peut être irrégulière, parfois, mais elle a été de nombreuses années (et l’est pour cette édition) une des meilleures productions de la distillerie. Sa particularité, est d’être une version certes élevée en fûts ayant contenu du Bourbon, pour 90 %, mais du Bourbon de 2 ème remplissage, mais aussi de 10 % de fûts ayant contenu du Sherry de type Oloroso, et cela se sent. Elle a compris dans le passé, et comprend encore, une part de fûts plus âgés (jusqu’à 21 ans, voire plus), ce qui lui confère une profondeur que n’a pas le 12 ans d’âge (par ailleurs très correct).
De couleur vieil or, il possède un nez très gourmand et riche de notes de fruitées, de fruits frais et mûrs variés (fruits jaunes, dont quantité de pêches, frais et au sirop, mais aussi des abricots secs, des oranges juteuses et de la bergamote confite), mais aussi de notes de fleurs capiteuses (lys, peut être du jasmin), d’épices et d’herbes sauvages. Un nez puissant, dominé par les fruits, très séduisant. En bouche, il est encore plus gourmand, marqué par ce fruité très généreux et massif (même notes qu’au nez, développées), des notes de thé à la bergamote, des épices variées (dont du gingembre), toujours les mêmes fleurs capiteuses et du miel toutes fleurs. Les herbes sèches sont en retrait. Tenue à la dilution : Avec un peu d’eau les notes se fondent encore un peu plus entre elles, et développent un fondu de plus en plus charmeur…Conclusion : Le plus beau OLD PULTENEY officiel abordable, avec le 21 ans, qui est lui sur un registre un peu différent, plus en retrait. Le lot dégusté ce soir là s'est avéré au dessus des deux précédents dégustés. Un dessert à lui tout seul. Chaudement recommandé. D’autres notes de dégustation à venir. P.V.C./MdW: Autour de 95 €, en France (un peu moins cher ailleurs) -Note sous réserve estimée à : 92-94/100
***
Distillerie BALBLAIR :
Cette distillerie fondée en 1790 par James McKeddy, est située dans la charmante ville de Tain, non loin de sa voisine, GLENMORANGIE (qui elle date de 1843), dans les Highlands du Nord. D’une capacité de production quasi-identique à celle d’OLD PULTENEY (1,8 millions de litres d’alcool pur par an), elle sera propriété de la famille Ross pendant longtemps (qui fut amenée à la reconstruire non loin des bâtiments précédents), avant d’être acquise par celui qui en modernisera les installations, à savoir Bertie Cummings, en 1948. Elle sera revendue en 1970 à l’américain Hiram Walker, société qui deviendra elle-même la propriété d’Allied Domecq, puis en 1996 à l’écossais Inver House Distillers, qui deviendra une division du groupe Thaï Beverages Plc en 2006. Equipée d’une cuve de brassage en acier inoxydable, de 6 cuves de fermentation en pin d’Oregon, ainsi que de deux alambics. Le distillat est vieilli dans 8 chais traditionnels (dits aussi « dunnage warehouses »), abritant plus de 26000 fûts. BALBLAIR est une des 3 distilleries dont le décor (l’extérieur et les chais) a servi comme cadre du film « La Part des Anges » de Ken Loach, en 2012. La gamme régulière comportait auparavant une belle version d’entrée de gamme sans compte d’âge nommée « A creation of the ELEMENTS », un 10 et un 16 ans d’âge, tandis que de belles éditions limitées avec compte d’âge, comme un 33 ans (en 2000) et un 38 ans (en 2004) figurent parmi les plus beaux malts d’Ecosse à mon sens. Sous l’impulsion du nouveau propriétaire, à l’instar de la distillerie The GLENROTHES, les comptes d’âge disparaissent courant 2006 pour voir apparaître, l’année suivante quasi-exclusivement que des éditions millésimées.
Les trois single-malts BALBLAIR en dégustation ce soir là chez Vin et Whisky. Photo © Grégoire Sarafian
4/ BALBLAIR « New Spirit » (distillat pur, non vieilli, 21/09/15), échantillonné au degré naturel de 67,9 % :
Il est rare de pouvoir déguster le distillat pur (en anglais « New Make », ou « New Spirit ») en dehors du cadre d’une visite de distillerie, de salon important, voire de masterclass payante. Ayant dégusté maintenant plus d’une trentaine de distillats, il était d’autant plus intéressant de le déguster pour émettre des comparaisons et tenter de les différencier, ce qui n’est pas toujours aisé. Rappelons que ce type de spiritueux n’a pas le droit à l’appellation « whisky » en Ecosse (et au-delà ) car il n’a pas été vieilli au moins 3 ans et un jour.
De couleur transparente, comme il se doit Au nez, il est puissamment expressif, sur des notes d’eau de vie de prune, voire de quetsche, de fleurs capiteuses (violette, lilas), tandis qu’en bouche, d’autres notes s’ajoutent, des notes d’esters (bonbon anglais, fruits exotiques), et, à moins que je ne rêve, des notes de fruits rouges, discrètes mais précises (cerises fraîches), également de pommes rouges et de crème de violette. Avec un peu d’eau le crémeux est renforcé et l’exubérance fruitée et florale se fait sentir de plus belle, mais dans un beau fondu plein de douceur et de sensualité. La finale est très longue. Conclusion : Quasi-phénoménal, le distillat de BALBLAIR dégusté là est simplement un des tous meilleurs jamais dégustés par votre serviteur. Dans le top 5 de ceux dégustés….Bon, évidemment, c’est difficile de donner une note chiffrée à un distillat, aussi je ne le ferais pas, mais je lui décerne dirons nous un prix d’excellence…Hors commerce, sauf peut être à la distillerie, en quantités limitées. Pas de notes chiffrées, mais impression très positive.
Le distillat pur (ou "New Spirit") de BALBLAIR en dégustation ce soir là chez Vin et Whisky. Photo © Grégoire Sarafian
5/ BALBLAIR millésimé « 2003 », mis en bouteille en 2014, n.c.f., réduit à 46 % :
BALBLAIR a choisit depuis plusieurs années de proposer des mises en bouteilles millésimées plutôt que des compte d’âges, dans la plupart des cas, et cela est intéressant, notamment lorsqu’il y a des éditions successives de mêmes millésimes, ce qui permet là encore d’établir des comparaisons.
De couleur or clair, son nez est nettement moins expressif que celui du distillat, c’est normal, le titre alcoolique est aussi bien moindre, mais en attendant c’est un véritable choc, comme si la puissance de ce distillat s’était évanouie dans la nature en l’espace de 11 ans. Le nez est très (trop) léger, sur les agrumes, leur acidité, et les épices qui vont avec ce caractère herbacé que l’on connaît aux BALBLAIR récents. En bouche, l’on a un mélange d’agrumes, d’herbes sauvages, de fleurs, d’épices diverses et de caractère citrique, à peine atténué par un peu d’eau, qui le rend encore plus léger. A éviter…Conclusion : D’un équilibre relatif, sur le fil du rasoir, cette version est légère et vive à la fois, manquant quelque peu de complexité, de toute évidence. Elle est correcte, mais je ne la conseille pas particulièrement. P.V.C./MdW: Autour de 62 € -Note sous réserve estimée à : 82/100
6/ BALBLAIR millésimé « 1999 », mis en bouteille en 2014, n.c.f., réduit à 46 % :
Cette version est un assemblage de fûts de Sherry Oloroso de premier remplissage (« First Fill ») & de fûts de Bourbon de second remplissage.
De couleur vieil or, elle a un nez complexe, à la fois floral, fruité, herbacé, épicé, et marqué par les esters. En bouche, ce BALBLAIR est gourmand et pâtissier (entre mille-feuilles et crème brûlée, avec en sus comme une note de crème anglaise), floral (jasmin, pointe de violette, voire de lys), puis de plus en plus fruité (fruits secs divers, puis orange, pêche et abricots en gelée), avec les herbes et les épices non loin derrière, sur un lit de crème glacée à la vanille. Délicieux ! Avec un peu d’eau, il devient de plus en plus sexy, les notes pâtissières se fondant avec les notes fruitées et florales…Conclusion : Un BALBLAIR de premier ordre, fortement recommandé. P.V.C./MdW: Autour de 100 € -Note sous réserve estimée à : 91 à 92, voire davantage (94 ?)/100
7/ BALBLAIR millésimé « 1988 », mis en bouteille en 2015 (environ 27 ans), SINGLE-CASK (Cask N° 3400 ayant donné 135 bouteilles), n.c.f., 52,1 % :
Il s’agit d’une version entièrement élevée dans un seul fût ayant contenu du Bourbon, mise en bouteille à 52,1 %, mais rien ne dit sur l’étiquette qu’il s’agirait d’un brut de fût, donc il est possible qu’il y ai eu une certaine réduction.
De couleur vieil or, elle a un nez plus fin que le 1999, plus sec également, il est fruité, herbacé, épicé, et comme marqué par le Sherry, pourtant absent. En bouche, ce BALBLAIR est également gourmand, mais sur un profil un peu différent du 1999 : Plus épicé, plus ferme, le palais révèle des notes de fruits mûrs divers et d’herbes sèches, il est élégant et racé. Difficile à ce stade d’en dire plus. Avec un peu d’eau (attention ne pas trop en ajouter, quelques gouttes suffisent), il devient plus souple et plus abordable, avec un beau fondu des différentes notes, mais demeure toujours un peu fuyant. Conclusion : Un bon BALBLAIR, un peu plus exigeant avec le dégustateur, plus difficile à évaluer que le précédent. Il est cependant également recommandé, même si j’ai préféré le précédent. P.V.C./MdW: n.c. (j’ai cru entendre 275 € mais c’est sous réserve)-Note sous réserve estimée à : 89 à 93 ?/100
Un millésime "1988" de BALBLAIR en version single-cask à 52,1 %, du punch en perspective. Photo: © Grégoire Sarafian
***
Distillerie KNOCKDHU (Single-malt ANCNOC) :
Cette distillerie encore peu connue du grand public fût fondée en 1893 par le groupe D.C.L. (Distillers Company Limited), dans la ville de Knock, près de la ville de Huntly (siège du négociant Duncan Taylor, mais aussi de la distillerie GLENDRONACH), dans les Highlands de l’Est, à la limite de la région nommée Speyside. La distillerie est rachetée en 1988 par le groupe U.D.V. (futur Diageo). Elle est équipée d’une cuve de brassage en acier inoxydable de 5 tonnes, de 8 cuves de fermentation en pin d’Oregon, ainsi que de deux alambics à condenseurs pourvus de serpentins (« worm tubs »). Seule une dizaine de distilleries environ les utilisent de nos jours. Le distillat est vieilli dans 1 chai moderne (« rack warehouse ») et 3 chais traditionnels (dits aussi « dunnage warehouses »). Il faudra attendre l’année 1990 pour voir le premier embouteillage en tant que single-malt sous le nom de KNOCKDHU, et 1993 en sous le nom d’ANCNOC. Le 12 ans d’âge actuel fut lancé en 2003, même s’il en a existé longtemps auparavant. La gamme régulière comprend un 12, 16, 18, 22 et de manière moins régulière un 35 ans. A ceux là s’ajoutent des versions millésimées et tourbées. La production est d’environ 1,9 million de litres d’alcool pur par an, et les fûts utilisés sont à grande majorité d’anciens fûts de Bourbon, et pour le reste (environ 15 %) des fûts ayant contenu du Sherry. Le single-malt ANCNOC était autrefois souvent tourbé, il l’est de nouveau depuis 2014 seulement dans plusieurs versions (« CUTTER », « FLAUGHTER », « RUTTER » et « TUSHKAR »), et depuis cette année dans les versions « PEATLANDS » et « RASCAN ».
Les ANCNOC de la dégustation du jour, le "PEATLANDS" et le 12 ans d'âge. Photo: © Grégoire Sarafian
8/ ANCNOC 12 ans, distillerie KNOCKDHU, 2015, 40 % :
Il ne s’agit pas de la dernière version en date, mais de l’avant-dernière, car il y a eu également cette année une version dite « 6.3 », « ISLAY BARLEY », tourbée à 258 p.p.m. et titrant 64 % (à la bouteille transparente cette fois, comme pour le « COMUS », dit « 4.2 »).
De couleur or, à reflets vieil or, son nez est fin, léger, sur un registre bien différent des BALBLAIR, de réglisse, de fruits mûrs (des pommes surtout), mais aussi d’orge maltée, voire de miel d’acacia. Le palais est marqué par les céréales, dont l’orge, mais aussi par les fruits mûrs, une pointe de réglisse, de miel et quelques esters (fruits exotiques) en arrière-plan. Cela demeure assez discret, ANCNOC étant plutôt, dans ces versions jeunes, un malt apéritif. Correct avec un peu d’eau, mais sans révélation particulière (ne pas trop en ajouter, car ce whisky discret est déjà bien réduit). Conclusion : Une jolie version d’introduction à la gamme, assez équilibrée, faisant la part belle à l’orge maltée. P.V.C./MdW : Autour de 50 € -Note sous réserve estimée à : 85/100
9/ ANCNOC « PEATLANDS », sans mention d’âge, distillerie KNOCKDHU, Première Edition, 2015, 46 % :
Il s’agit de la 6 ème version tourbée récente de la distillerie, une version réservée à certains marchés (Europe de l’Ouest & de l’Est, Scandinavie) et limitée à 6600 bouteilles. Elle est tourbée mais de manière très modérée, avec un taux de phénols annoncé à 9 p.p.m. seulement, soit trois fois moins environ que LAPHROAIG ou CAOL ILA, déjà modérément tourbés dans leurs versions courantes. La distillerie précise par ailleurs que le whisky est un assemblage de fûts de chêne américains (ayant contenu du Bourbon) de plus de 10 ans d’âge.
De couleur or clair, son nez est fin, de prime abord léger et légèrement fruité (miel et pommes mûres), puis rapidement submergé d’une belle tourbe bien fine, ornée de touches de réglisse. En bouche, l’on retrouve ce côté fruité modéré et réglissé, de malt un peu vert, élégamment enchâssé dans un cocon de tourbe mi-grasse, mi-sèche rappelant immédiatement certains ARDMORE de négoce. Quelques épices pointent leur nez, mais demeurent sagement dans le rang, dans un ensemble harmonieux. L’orge maltée est ici un peu en retrait par rapport à la version de 12 ans d’âge. Avec un peu d’eau (point trop n’en faut), une certaine suavité se dessine même, et de discrètes notes d’amandes et de caramel naturel apparaissent. Pas mal ! Conclusion : Une belle surprise que ce « PEATLANDS », parfaitement équilibré et susceptible de concurrencer les Islay modérés et les offres écossaises plus « continentales » (comme par exemple ARDMORE et BENRIACH). Plutôt recommandé ! P.V.C./MdW : Autour de 70 € -Note sous réserve estimée à : 90/100